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Mourinho et les traîtres
Ce soir, c'est la rentrée. Real et Barça inaugurent 2011-2012 par deux matchs inutiles au milieu de l'été. Mais pour le général Mourinho, chaque bataille est importante. Gare aux traîtres.
« Vous n’êtes qu’une bande de traîtres ! (…) Vous m’avez abandonné ! Vous êtes la pire équipe de traîtres que je n’ai jamais eue ! » . Le Real vient de jouer son premier clasico du mois d’avril. Pepe a été titularisé au milieu et parvient à neutraliser la Pulga Messi. Tout le monde rentre au vestiaire mais le “Mou” l’a mauvaise. Le secret défense n’a pas été respecté et l’information a filtré sur une chaine de télé espagnole un peu plus tôt dans la journée. Les lyrics sont de Mourinho et c’est El Pais qui balance le scoop ce matin : « Je vous avais demandé clairement de ne pas filtrer l’information et vous m’avez trahi ! C’est la preuve que vous n’êtes pas avec moi ! » . Diego Torres raconte ensuite que le genou à terre, le “Mou” se met à pleurer. Puis il se redresse et jure qu’il en parlera au président et qu’il a les moyens de savoir qui est la taupe.
Le Real est une armée de mercenaires dont le général est portugais. Le seul trait d’union entre les soldats, c’est l’amour du chef et la haine du traître. Le ménage maintenant fait autour de lui, le Special One contrôle tout, voit tout, sait tout. Les huit buts de Benzema en préparation ? C’est lui : « Benzema voit le football comme moi. (…) Je crois avoir réussi à le convaincre » . La politique de communication du club ? C’est lui. Zidane au Real ? C’est lui. Hier, pour remercier le madridisme, il fait ouvrir le Bernabeu pour un entrainement en public. Mourinho entre alors sur la pelouse comme César dans Rome et salue son peuple. 57 000 maillots de Raul, Morientes, Hierro ont pris d’assaut le Colisée pour regarder les Ozil, Benzema et autres Ronaldo et Marcelo se faire des bronchades entre deux étirements. En conférence de presse, plus d’une centaine journalistes sont hypnotisés par un aphorisme de comptoir : « La Supercoupe, c’est le trophée le plus important de l’été mais le moins important de l’année » . Ave Cesar.
Guetta, Gaspacho et Domenech
Ce Real-Barça est peut-être le moins attendu de l’histoire. Entre la plage de Benidorme, David Guetta à Ibiza, le Gaspacho de la Abuela et les vacances du Roi à Mallorque, l’Espagne a la tête ailleurs. De ce côté-ci des Pyrénées, on préfère oublier les sales histoires de famille plutôt que de rouvrir des blessures profondes. Les séquelles des dernières confrontations sont à peine effacées qu’à nouveau, il va falloir se déchirer. Alors plutôt que de perdre du temps dans les querelles de patios, on descend la pression et on se relaxe au bord de la piscine. Ce match ne sert à rien. La preuve, même le “Mou” ne fait pas de cachoterie avant d’affronter le grand rival. La conf’ à peine commencée on sait déjà que « Karim Benzema sera titulaire » et que Ramos, un poil incertain, « sera titulaire aussi » . Pour le reste ? « Vous les connaissez déjà tous. Le seul doute, c’est Di Maria ou Coentrao » . L’exact contraire du Mourinho époque avril 2011. Le “Mou” a changé. Il a appris. Mais quoi ? « Que ce n’est pas possible de dire la vérité » . Soit.
Sauf qu’après vingt-sept entrainements, une dizaine de fuseaux horaires et six matchs de préparation, le Real va bien devoir donner le change. Avec Sahin et Altintop blessés, Varane beaucoup trop jeune et Callejon en joker, le Real de ce soir ressemblera beaucoup à celui de la saison dernière. Mourinho laisse tomber le milieu coupeur de jambes (Alonso-Pepe-Khedira) au profit d’un 11 un peu plus joueur : Casillas/Marcelo-Carvalho-Pepe-Ramos/Alonso-Khedira/Ronaldo-Ozil-Di Maria (ou Coentrao)/Benzema. Bref le 4-2-3-1 de toute la vie avec Ozil et Benzema en titulaires. Mais il y aurait bien une autre version un peu plus sexy en 4-3-3. Le milieu serait Alonso seul devant la défense et Coentrao et Khedira en super intendants au milieu. Le seul doute sera l’adaptation de Coentrao en milieu relayeur. Le jeune blond est plein de bonne volonté, a coûté 30 millions mais son truc à lui, c’est plutôt les lignes de touche, pas vraiment les grands espaces. Mais cette fois-ci, pas de traître et rien n’a filtré. Le “Mou”, c’est Domenech en pire, ou en mieux. C’est selon.
Thibaud Leplat, à Madrid
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