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Mourinho à la croisée des chemins

Par Florian Cadu
Mourinho à la croisée des chemins

Ce soir, Chelsea débute sa saison avec son premier match de reprise aux États-Unis contre les New York Red Bulls. Cette année sera la troisième de suite avec José Mourinho sur le banc du club londonien. Pas forcément rassurant pour les Blues, puisque les cycles vertueux du Special One avec une équipe ne durent que deux ans.

Si l’on devait comparer le parcours d’une équipe de José Mourinho au comportement d’un athlète de haut niveau, ce serait celui du sprinteur du cent mètres. À la différence que la course ne durerait pas dix secondes, mais deux ans, et que le couloir de la piste d’athlé serait remplacé par une pelouse verte. Comme Usain Bolt, la team de José bondirait des starting-block au coup de feu, allongerait progressivement ses foulées pendant la première partie du chemin afin d’atteindre sa vitesse maximale après 50-70 mètres, soit au bout d’un an minimum, et terminerait par une foulée griffée, lui permettant de garder sa rapidité paroxystique. En vainqueur, elle franchirait la ligne d’arrivée sereinement, sourire aux lèvres, avec le contentement du travail bien fait. Sans penser au lendemain.

Le cycle Mourinho

Le lendemain pour Chelsea, c’est aujourd’hui. Le club londonien ayant remporté la course de la Premier League sous ses ordres, José attaque désormais sa troisième saison avec les Blues. Sauf que personne ne peut dire comment elle va se dérouler. Le constat est simple : si Chelsea semble taillé pour jouer les premiers rôles, Mourinho a toujours merdé lorsqu’il s’agissait de maintenir une équipe dans la durée. Même si la situation s’est très peu présentée.

Car contrairement à Sir Alex (avec United) ou même Pep Guardiola (avec Barcelone) qui possèdent l’endurance d’un marathonien, José travaille sur des cycles courts, et ses équipes sont construites pour durer deux années. L’entraîneur portugais se sert de sa première saison dans un club comme d’une saison « d’apprentissage » , pour inculquer sa vision du football à ses joueurs, lesquels ont besoin de ce temps d’adaptation pour répondre à ses attentes. Il en profite également pour cibler les manques de son effectif et réaliser un mercato souvent bien senti (en témoigne celui de l’été dernier avec Fàbregas et Costa) afin de créer une véritable machine de guerre qui broie tout sur son passage la saison suivante.

Deux années donc : la première pour préparer (même si elle s’achève rarement vierge de titres), la seconde pour gagner. Un fonctionnement qui fait le bonheur de tous les clubs qu’il dirige : Porto et l’Inter ont tous les deux remporté la Ligue des champions au bout de deux ans, son Real a brisé l’hégémonie du Barça en Espagne et Chelsea a raflé le championnat (le premier depuis 2010) les doigts dans le nez en mai dernier. Seul son premier passage à Londres voit sa première saison meilleure (doublé coupe-championnat) que la deuxième (championnat).

Troisième année synonyme d’échec

Mais pour accéder à ce niveau de réussite en si peu de temps, Mou demande à ses joueurs une implication totale et des efforts monstrueux. Trop exigeant ? Toujours est-il que ses équipes, après cette deuxième saison réussie, ne suivent plus le rythme. L’Inter Milan s’est par exemple totalement effondrée après son triplé 2010 et le départ du Mister. Mourinho lui-même semble avoir besoin d’un nouveau défi une fois son objectif rempli avec une équipe. « Quand nous avons gagné la Champions avec l’Inter, j’ai tout à coup ressenti une immense tristesse, a-t-il avoué aux médias portugais. Après avoir travaillé avec un groupe formidable de joueurs qui venaient de réaliser un rêve (…), j’ai eu le sentiment que tout se terminait. » Problème : Mourinho, obsédé par la C1, est un obstiné. Et lorsque le trophée se refuse à lui dans un des pays, le technicien choisit de prolonger son cycle pourtant planifié pour deux ans. Mauvaise idée.

Il a tenté le coup par deux fois. En 2006, alors que son Chelsea reste sur deux titres de champion, mais bloque en demi-finale de Champions League, le Special One décide de continuer l’aventure. Bien que la saison soit loin d’être catastrophique (FA Cup et Coupe de la Ligue), les Blues tirent la langue, et les relations avec le coach commencent sérieusement à sentir mauvais. Si bien que Mourinho se fait tout simplement virer par Abramovitch en septembre 2007, lui aussi impatient de gagner la coupe aux grandes oreilles. Un licenciement réclamé par les joueurs et notamment par le leader John Terry, affirme Claude Makelele dans son livre Tout Simplement : « Je pensais que Mourinho était intouchable. Mais beaucoup de joueurs se sont plaints de lui, y compris John Terry. Quand il a demandé à être immédiatement transféré à cause de José, Abramovitch a rapidement réagi. Le départ de Terry était inimaginable pour les supporters, les autres joueurs et les dirigeants. Alors, on a demandé à Mourinho de faire ses valises. »

Même scénario à Madrid. Le Real chope le titre au rival catalan, mais se casse les dents dans sa quête de Décima. Malgré des tensions avec une partie du vestiaire, le Mou insiste avec une troisième année en Espagne, qui tourne au fiasco : zéro titre, première saison blanche pour José et un point de non-retour atteint avec ses anciens soldats qu’il insulte de traîtres dans le vestiaire. « Prési, certains joueurs sont prêts à demander à partir si Mourinho est encore là la saison prochaine » : voilà ce qu’Iker aurait balancé lors d’une réunion avec Florentino Pérez, rapporte Thibaud Leplat dans Le cas Mourinho. Même cause, même effet : le Special One se fait la malle par la petite porte après trois ans de coupes et d’embrouilles.

Le Happy One et son ex

Alors, à quoi s’attendre pour cette troisième année avec sa Londonienne ? Mourinho a déjà déjoué les pronostics, en prouvant que se remettre avec son ex peut être synonyme de succès. Surtout, le Special est devenu Happy One. Lors de son retour, il avait assuré à la chaîne anglaise BT Sport qu’il était dans la place pour un siècle : « Je suis heureux de faire partie de ce nouveau Chelsea, et j’espère pouvoir rester de nombreuses années. Rester dix ans ? Je dirais oui. Pour moi, le plus important, c’est d’être heureux. J’aime le club, j’aime les joueurs, j’aime les supporters, j’aime beaucoup la Premier League. Parfois, je ne comprends pas certaines choses, mais cela ne chance en rien cette émotion fantastique que je ressens pour la Premier League. Je suis très, très heureux. Si quelqu’un me disait que je passerai les dix prochaines années à Chelsea, je signerais. » Le Portugais a même déclaré au Daily Star vouloir construire « une équipe pour le long terme (…), pour la décennie » . Preuve que, même quand on a été le meilleur entraîneur du monde partout où l’on est passé (en 2004, 2005, 2010 et 2012 ; palmarès IFFHS), on peut continuer à apprendre et changer de stratégie. Un peu à l’image d’un athlète en quête de records dans une nouvelle catégorie.

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