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Mourinho à Fenerbahçe, de l’espoir plein les valises

Par Victor Fièvre, à Istanbul

Lille s’apprête à affronter Fenerbahçe ce mardi soir, désormais dirigé par José Mourinho. Le Portugais a signé deux ans en Turquie, pour gagner le championnat qui échappe au club depuis 2014. Entre séduction et transferts prometteurs, le tacticien a déjà apposé sa patte au club.

Mourinho à Fenerbahçe, de l’espoir plein les valises

Les vendeurs ambulants autour du Şükrü Saracoğlu, le stade de Fenerbahçe à Istanbul, se sont vite adaptés au grand chamboulement de l’été. Les écharpes « The Special One » ou encore « I’m José Mourinho » tapissées du visage du tacticien portugais ont fleuri par centaine pour le premier match de la saison, à domicile contre Adana Demirspor, samedi 10 août. En cette première journée de Süper Lig, les supporters se sont massés dans le parc proche du stade en attendant. Pendant tout l’après-midi, ils craquent des fumigènes et enchaînent inlassablement des dizaines de chants à la gloire de leur club. Tous sont aussi impatients qu’excités à l’idée de partir à la conquête d’un championnat qui leur échappe depuis 2014. Avec Mourinho en guide, ils sont convaincus que cette saison est la bonne.

« Je fais partie de votre famille. Ce maillot est ma peau. » Présenté en grande pompe samedi 2 juin devant un stade plein à craquer, le Mou’ s’est rapidement mis les fanatiques Jaune et Bleu dans la poche. « Il va nous ramener le championnat », assure sans sourciller Timur, un t-shirt floqué « Special One » sur le dos pendant que, non loin, certains s’essayent au penalty face à un sosie de Livakovic.

Une signature historique pour la Süper Lig

« Jamais une personne aussi connue et avec un si gros palmarès n’avait rejoint la Turquie », note Yusuf Kenan Çalık, journaliste sportif pour Sky Spor et Ekol TV. Il cite pêlemêle Sneijder, Drogba, Del Bosque ou encore Mancini, tous un cran en-dessous du natif de Setubal. D’après lui, sa venue s’explique par plusieurs raisons. L’argent tout d’abord. Ali Koç, président très critiqué, a sorti le chéquier pour s’assurer sa réélection, en juin dernier. Il va verser 10,5 millions d’euros par an à l’ancien coach du Real Madrid. « Le challenge sportif a aussi compté », analyse le journaliste. Limogé en janvier dernier par la Roma, le grand José rejoint un club plus que jamais prétendant au titre de champion, l’occasion de prouver qu’il est encore dans le coup. L’équipe est passée tout proche du trophée la saison dernière, dans une course effrénée perdue face au rival Galatasaray (99 contre 102 points).

Il est exigeant à l’intérieur du groupe mais couvre ses joueurs, comme le faisait Fatih Terim.

Yusuf Kenan Çalık

Pour l’heure, ses débuts sportifs sont réussis, bien que sans éclat. Fener s’est défait avec difficulté de Lugano en tour préliminaire de la Ligue des champions (6-4), a gagné son premier match de championnat, et s’apprête à accueillir Lille mardi 13 août, après une défaite au match aller (2-1). C’est surtout du côté de l’extra-sportif que l’entraîneur de 61 ans a montré son talent. Déjà quelques jours avant de parapher son contrat, le stratège, en bon séducteur, avait assuré que l’homme le plus célèbre dans son répertoire n’était autre que le président de Fenerbahçe. « Ses déclarations et son attitude dans les médias comptent énormément pour nous, souligne Cunet, la voix couverte par un énième chant d’insulte à l’ennemi Galatasaray. Nous lui faisons confiance pour ça. » Avec son palmarès long comme le bras, il a mis en place une stratégie souvent payante en Turquie, celle du paratonnerre. « Il est exigeant à l’intérieur du groupe mais couvre ses joueurs, comme le faisait Fatih Terim (légendaire coach de Galatasaray et de la Turquie) », détaille Çalık. Lors de sa présentation, il a assuré que le célèbre gimmick « Je suis José Mourinho » laisserait place à : « Je suis le coach de Fenerbahçe ».

Un aimant à joueurs

L’aura du Spécial Un a inévitablement influencé le mercato. Les observateurs estiment que son arrivée a permis de retenir des cadres comme Fred ou Tadic. Le Portugais devrait tout de même faire sans le chouchou du club, Ferdi Kadıoğlu, flamboyant sur le côté gauche avec la Turquie à l’Euro, annoncé à Brighton pour 35 millions d’euros selon le journaliste Yağız Sabuncuoğlu. En plus d’une virée sur le Bosphore avec le fameux Salt Bae, José Mourinho s’est surtout offert deux noms d’envergure, Allan Saint-Maximin et Youssef En-Nesyri. Le dribbleur français, débarqué du championnat saoudien, a signé une passe décisive tout en se montrant dangereux côté gauche face à Adana (1-0) et son gardien âgé de 15 ans, Deniz Dönmezer. À court de forme, le buteur marocain, lui, a seulement disputé quelques minutes.

Pour Yusuf Kenan Çalık, aucune chance de voir ces deux joueurs fouler les pelouses turques sans la venue du Mou’. « Il les a appelé et leur a montré qu’il les voulait vraiment. Avec En-Nesyri, c’était compliqué parce que la Roma était très avancée sur le dossier. » Acheté 19,5 millions à Séville, le buteur de 27 ans devrait peu à peu prendre la place de Džeko dans la hiérarchie de Mourinho, un attaquant plus en phase avec sa vision. Le coach veut en effet jouer plus vite que l’an passé. « On n’a pas encore vu la vitesse qu’il souhaitait apporter, donc il va devoir s’améliorer rapidement », note Yusuf Kenan Çalık. De nouvelles recrues devraient arriver avant la fin de l’été.

Des supporters impatients

Le style de jeu prôné par le Special One, adepte des 1-0, soulève quelques réticences chez les fans de Fener. « Avec lui, on va être plus défensif et nous, on préfère un jeu offensif », tranche Ergin, dont, il l’assure, la passion pour les Canaris remonte à la naissance. Mourinho fait souvent passer le résultat avant le spectacle. Or, si les victoires se font attendre, et sans la manière, les fanatiques stambouliotes pourraient se retourner contre leur coach, légende du foot ou non. L’ancien de Chelsea risquerait alors de prendre part à l’impressionnante valse des entraîneurs orchestrée par la direction, avec un changement de coach tous les ans, minimum. « S’il ne perd pas de matchs lors de ses premiers mois, et qu’il gagne le derby contre Galatasaray (le 22 septembre), il devrait aller au bout de sa première année », prédit Yusuf Kenan Çalık.

On n’a pas encore fait de chanson pour lui mais ça va venir.

Yusuf Ebes

Sa première déconvenue pourrait venir de Bruno Genesio et du LOSC, mardi soir. Fidèle à lui-même, Mourinho a reçu un carton jaune pour protestation en fin de rencontre samedi, puis a annoncé emmener ses joueurs directement au camp d’entraînement du club pendant trois jours, pour préparer le match. « C’est sa méthode. Il envoie des chocs pour réveiller le groupe, analyse le journaliste. Et s’il fait ça, c’est qu’il a vu que Lille était prenable. »

En cas de victoire, Fenerbahçe devrait à nouveau passer un tour pour enfin se qualifier en Ligue des champions. Si le championnat reste l’objectif premier – il s’agirait de la première fois depuis 2008 -, voilà le genre de challenge motivant pour le vainqueur de la compétition avec Porto en 2004 et l’Inter en 2010. « On va battre Lille, ils n’ont aucune chance ! », tonnent les supporters au milieu du parc où s’élèvent les fumigènes et les tambours. Par sa seule présence, Mourinho a au moins apporté une bonne dose d’espoir. « On n’a pas encore fait de chanson pour lui mais ça va venir », promet Yusuf Ebes, membre des Fenerbahçe Tribunu Hayyatir, un groupe de supporters. Mardi soir face à Lille, le Mou’ a peut-être l’occasion de gagner son chant dédié.

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Par Victor Fièvre, à Istanbul

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