Pour commencer, où avez-vous regardé le match, hier, entre la France et le Nigeria ?
Je l’ai regardé chez moi, dans mon salon. Tout simplement.
Pas de fête particulière pour ce match, donc ?
Non ! Je suis content, mais je ne vais quand même pas descendre dans la rue. Déjà que je ne le fais pas pour le RCT, je ne vais pas le faire pour l’équipe de France (rires).
Qu’est-ce que vous avez pensé de cette rencontre ?
J’ai trouvé qu’il y avait vraiment un niveau très déséquilibré entre les deux équipes. J’ai vraiment trouvé la France très au-dessus. J’ai été surpris par le nombre d’occasions franches qu’on a pu se créer, et j’étais même plutôt surpris qu’on n’ait pas tué le match bien avant.
C’est vrai que le match s’est débloqué sur le tard.
Oui, et puis sur un but où le gardien fait quand même une énorme erreur sur sa sortie, avec une très mauvaise appréciation de la trajectoire du ballon, ce qui permet à Pogba de marquer. En plus, le gardien avait été plutôt bon jusque-là. Mais bon, c’est à l’image des équipes africaines, elles sont capables de choses remarquables, comme elles sont capables de faire des erreurs dignes d’un pupille première année. C’est propre aux équipes africaines, beaucoup de générosité, beaucoup de créativité, mais énormément de lacunes sur la rigueur.
Est-ce que vous avez eu peur, un peu, au vu du scénario du match ?
C’est vrai que sur le but refusé au Nigeria, oui j’ai eu peur, car sur le coup, je ne vois pas le hors-jeu, alors qu’il est absolument incontestable. Mais là, tu te dis que s’ils marquent, ça risque d’être Fort Alamo, avec des joueurs qui vont se recroqueviller derrière, et dans un match comme ça, tu peux pousser encore et encore sans jamais trouver la faille. Mais sinon, j’étais plutôt serein dans l’ensemble, car malgré la puissance physique des Nigérians, on voyait que dés qu’on accélérait un peu, ça passait sans problème. Pour moi, honnêtement, il y avait la place pour que ce soit un match à sens unique, sans suspense.
Depuis le début de ces huitièmes de finale, on voit qu’il n’y aucune grosse équipe qui a eu un match facile, toutes se sont qualifiées dans la douleur, excepté la Colombie.
Oui, mais c’est normal. Dans un match comme ça, l’équipe qui n’est pas favorite joue un peu le match du siècle, pour elle. Et c’est pour ça que les joueurs vont y mettre une envie décuplée par rapport aux autres. Des équipes comme la France ou l’Allemagne gèrent une Coupe du monde, tandis que les autres gèrent un match. C’est un peu la même chose pour nous, au RCT, quand on se déplace chez un plus petit et que les gars en face vont faire le match de leur vie contre nous.
Pour l’instant, on a rencontré que des équipes assez faibles
On sait que vous avez eu des mots durs sur cette équipe de France, dans le passé. Est-ce que depuis le début de la compétition, vous vous êtes réconcilié avec cette équipe ?
Oui, je dois reconnaître qu’il y a un style de jeu et une fluidité qu’il n’y avait pas avant. Il y a même un enthousiasme et une envie que je ne vois chez aucune autre équipe. Alors, après, est-ce que c’est parce que, pour l’instant, on a rencontré que des équipes assez faibles, ou alors est-ce vraiment cette équipe de France qui est montée d’un ton ? De toute façon, on va le savoir très vite.
Vous voulez dire que le vrai test, ce sera contre l’Allemagne, en quart ?
Oui, bien sûr. Même si la Suisse est une bonne équipe, on ne tremble quand même pas quand on la rencontre. Tandis que l’Allemagne, personne ne peut dire que c’est une petite équipe. C’est une équipe qui a de grands joueurs, mais qui a également une rigueur défensive et offensive exceptionnelle. En plus, c’est une équipe qui nous a toujours contrariés par le passé.
Comment vous le sentez ce match de vendredi, d’ailleurs ?
Je pense qu’on peut faire quelque chose contre eux. Après, il ne faudrait pas battre l’Allemagne en jouant notre finale contre eux. Il y a un problème très français, qui est de jouer la finale un peu avant l’heure. Maintenant, on aura un avantage car l’Allemagne a joué une prolongation hier, et avec seulement quatre jours de récupération derrière, ça peut clairement jouer. Pour moi, ce match sera vraiment le premier test de l’ère Deschamps.
En parlant de Deschamps, est-ce que vous pensez que c’est lui, le facteur clef de ce renouveau de l’équipe de France ?
Il a une part de responsabilité, c’est incontestable. Mais je pense qu’il y a aussi une génération de jeunes joueurs, que Deschamps a eu le mérite de sélectionner, qui, ensemble, ont décidé d’aller de l’avant et de construire leur propre histoire. Et c’est ce qu’ils sont en train de faire, d’ailleurs. Et puis la chose qui est réussie avec ce Mondial, c’est aussi que, quoi qu’il arrive vendredi, on sera désormais favori du championnat d’Europe 2016, en France, ce qui était loin d’être le cas avant. Je ne sais pas si on est candidats au titre de champion du monde cette année, on le saura vraiment après le match de vendredi, mais ce qui est sûr, c’est qu’on le sera pour notre championnat d’Europe, ça c’est certain.
Est-ce que vous avez un petit pronostic, pour ce match de vendredi ?
Je me suis pas mal planté dans mes pronostics dernièrement, donc je n’ose plus en trop en donner (rires). La logique voudrait quand même que l’Allemagne gagne. Cette équipe a une génération un peu plus expérimentée que la notre, qui n’a encore rien gagné, mais qui a déjà connu la frustration de la défaite, notamment en demi-finale de la dernière Coupe du monde. Je suis bien placé pour savoir que quand pendant quelques années, on ne gagne rien alors qu’on est toujours dans le top 3 ou le top 4, à un moment donné, on trouve une véritable énergie pour aller chercher le trophée. Je pense qu’à ce niveau, l’Allemagne a un véritable avantage sur nous, car nous, nous avons une génération qui débute. À l’heure actuelle, on peut d’ores et déjà se satisfaire de notre parcours, c’est déjà beau ce qu’ils ont fait.
Quoi qu’il arrive vendredi, on pourra se satisfaire de ce Mondial, selon vous ?
Oui, car on est arrivés en quarts de finale, et peu importe les équipes qu’on a jouées, car ça on ne s’en souviendra pas. La seule chose dont on se souviendra, c’est qu’on est arrivés jusqu’en quarts, et c’est déjà pas mal.
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