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Moubandje : « Aller en quarts serait historique »
Avant la finale du groupe A entre la France et la Suisse, ce dimanche à Lille, on prépare ce match et on revient sur le miracle du TFC et les envies de progression du « p'tit Suisse » toulousain, François Moubandje.
Alors François, la Nati est-elle prête pour ce dernier match de poule contre les Bleus ? Oui, on travaille pour, en tout cas. L’objectif prioritaire reste la qualification, et, pour nous, c’est un match comme les autres. On le prépare comme les autres matchs, ce n’est pas un match particulier même si c’est le dernier match de poule contre le pays hôte. Comme pour les autres matchs, on va analyser l’adversaire, ses forces et ses faiblesses, s’entraîner en fonction de ça et arriver au match avec le maximum de confiance.
D’accord, mais là, vous savez quand même que vous allez prendre un but dans les dernières minutes, c’est la french touch dans cet Euro. Comment allez-vous faire ? C’est vrai que c’est devenu leur spécialité. Ils ont des joueurs de qualité et ça aide pour réussir ce genre de choses. Maintenant, c’est à nous de faire le nécessaire pour que ça n’arrive pas dimanche !
Surtout que le dernier France-Suisse, au Mondial en 2014, avait plutôt bien réussi aux Français (victoire 5-2). Ce match est-il encore dans l’esprit des Suisses ?
Non, pas vraiment. On est plongés dans une nouvelle compétition. On ne peut pas effacer le passé, mais ce sera un autre match. Il ne s’agit pas de se rattraper. Ça n’a rien à voir, c’est une autre compétition. Ce sera à nous de faire le nécessaire pour assurer la qualification et aller chercher la victoire si possible.
Personnellement, c’est votre première compétition internationale (première sélection en novembre 2014, ndlr), comment vit-on ces moments-là ? C’est beaucoup d’émotion, c’est quelque chose que j’attendais. On sent que le niveau est bon dans l’ensemble. C’est le haut niveau et c’est un vrai plaisir de participer à une compétition comme celle-là.
Être dans les 23 Suisses, c’était votre objectif prioritaire cette saison, à tel point que vous avez pensé quitter Toulouse pour avoir plus de temps de jeu ailleurs lors du mercato d’hiver. Finalement, c’est un soulagement d’y être ?
Un soulagement, non, pas vraiment, c’est plus une satisfaction. Le sentiment d’avoir tout fait pour être là, d’avoir travaillé pour. Je suis un compétiteur, j’en veux toujours plus. Pour moi, c’est une récompense par rapport à ma saison avec mon club.
Justement, revenons sur cette fin de saison incroyable avec le TFC dans laquelle vous avez joué un rôle important en retrouvant votre place dans le onze toulousain. Vous ressentez encore les effets du maintien miraculeux du club ?Non, pas vraiment malheureusement. J’ai été en sélection dans la foulée et donc j’ai basculé sur autre chose rapidement. Je n’ai pas réellement pu profiter de cet effet-là.
Pascal Dupraz, au moment de tirer le bilan de la saison dans les colonnes de La Dépêche du Midi, vous a présenté comme un « warrior » et est même allé jusqu’à parler de vous comme du « Beckenbauer toulousain » , puisque vous avez joué 80 minutes contre Lyon avec l’épaule déboîtée. Ce genre de compliment fait forcément plaisir, non ? C’est sûr que ça me fait plaisir. C’est vrai aussi que cette fin de saison était un peu dure pour moi. J’ai eu des problèmes à l’épaule, c’était assez douloureux, mais je me suis accroché, même si je n’étais pas à 100%. L’état d’esprit du groupe a fait beaucoup, avec l’équipe on n’a rien lâché, et au final, on a réussi quelque de chose de grand. Un souvenir énorme.
Pascal Dupraz rajoute à votre sujet : « C’est le joueur de l’effectif que j’ai vu le plus progresser tactiquement. Je ne lui connais pas de limites ! » Vous êtes d’accord avec lui, vous n’avez pas de limites ? C’est vrai, il me l’a dit.
Je pense que j’ai encore beaucoup de travail à fournir et que je dois m’améliorer sur de nombreux points. Lors de ma première saison à Toulouse avec Monsieur Casanova, j’avais déjà beaucoup progressé en peu de temps. Je ne me fixe pas de limites, c’est à moi de faire le nécessaire pour donner raison au coach Dupraz !
Depuis le début de votre carrière, vous avez une progression très linéaire : 4 ans au Servette, 3 ans à Toulouse. Quelle sera la prochaine étape ?Je ne sais pas encore. Je cherche juste la progression. Passer du Servette au TFC, c’était déjà une première étape importante qui ne fut pas facile. J’ai beaucoup travaillé pour passer ce cap. Maintenant, je cherche juste à apprendre pour aller le plus haut possible.
Le plus haut possible, c’est vers le nord, en Angleterre, comme vous l’avez évoqué précédemment dans un entretien ? C’est sûr que c’est un championnat intéressant à beaucoup de niveaux. Mais je ne veux pas y aller pour faire de la figuration. Aller en Angleterre pour aller en Angleterre, ça ne m’intéresse pas. L’idée, ça reste toujours de chercher à progresser et faire les bons choix.
Une de vos principales qualités, c’est votre capacité à vous projeter vers l’avant. La plus belle preuve cette saison, c’est peut-être votre but et votre match au Parc des Princes, en janvier, en seizièmes de finale de Coupe de France…
C’est vrai que le fait de marquer et d’ouvrir le score contre le PSG était un vrai moment de plaisir à une époque où je ne jouais pas beaucoup en championnat. Juste avant j’avais pu jouer un peu plus en enchaînant les matchs de coupe pour me maintenir en forme. Ce but contre le PSG et un match abouti de ma part m’ont remis en confiance en début d’année. Contre Paris, il y a toujours une saveur particulière, c’est la grosse écurie en France et forcément il y a toujours plus de lumière au Parc des Princes. J’aurais même pu inscrire un doublé, du droit en plus, mais Sirigu sort un bel arrêt. Dommage !
En sélection suisse, vous êtes la doublure de Ricardo Rodríguez, un des cadres de la Nati. À titre personnel, que pouvez-vous espérer pendant cette compétition ?
Avoir la chance et l’opportunité de jouer quelques minutes dans cet Euro. Aujourd’hui, je joue le rôle de la doublure, je me dois d’être présent si le coach fait appel à moi. Notre objectif est de sortir de la poule et que le groupe aille le plus loin possible. Après, aller en quarts serait quelque chose d’historique pour le pays, c’est important pour chacun de nous dans le groupe et pour tous les Suisses.
Propos recueillis par Benjamin Laguerre