- C4
- Finale
- Roma-Feyenoord (1-0)
Mou, moche et gagnant
Vainqueur ce mercredi de la première C4 de l’histoire aux manettes de l’AS Roma, José Mourinho a manifestement oublié comment bien faire jouer une équipe au football. Mais il sait toujours gagner des coupes d’Europe.
Ce mercredi soir, il faudra donc bien encore parler de lui. L’AS Roma vient de remporter le premier trophée européen de son histoire depuis la Coupe des villes de foires 1961, mais les esthètes préféreront ne pas trop vouloir s’attarder sur ce qu’il s’est passé sur le pré. La Louve n’a pas franchement bouffé tout cru Feyenoord à Tirana, livrant même une seconde période foncièrement médiocre sur le plan offensif. Mais ce soir, juste ce soir, les Giallorossi ont bien le droit de s’en foutre. Et José Mourinho aussi.
Le coup du Mou
Ce succès-là, évidemment, n’a pas tenu à grand-chose. Et certainement pas à un fonds de jeu sophistiqué. Pas grave. Pas besoin. Plombée par ses insuffisances collectives en Serie A, la Roma avait fait tapis sur la conquête de la petite Europe. Un sentier de la gloire modérément accidenté : vainqueur successif du Vitesse et de Bodø/Glimt en huitièmes puis quarts de finale, la Magica a dû attendre d’éliminer Leicester en demi-finales pour se frotter à une formation qui semblait relativement plus proche de son standing. Son succès petit bras, arraché au bout d’une mi-temps d’abnégation face au Feyenoord, atteste finalement autant de ses limites que de ses qualités. Ce mercredi soir, le match de la Louve a pris un tournant décisif quand Zaniolo a ouvert le score à la demi-heure de jeu. Là, elle pouvait se donner le droit d’attendre. De balancer le fun aux oubliettes. Et surtout de souffrir, comme seule sait le faire une équipe de José Mourinho aujourd’hui. Elle n’aura de fait pas remporté sa finale de C4 à coups de passes laser et de une-deux millimétrés. Mais plutôt grâce aux tacles en bout de course de Smalling, aux interventions en catastrophe d’Ibáñez et aux sauvetages à répétition de Rui Patrício sur sa ligne.
L’éternité selon José
C’est laid. Ça ne tient définitivement pas à grand-chose. Mais ça marche parce que José Mourinho, même vieillissant, même ringardisé tactiquement, a toujours ce petit truc en plus en Coupe d’Europe. Pour transcender ses joueurs. Pour leur faire croire que c’est possible. Même quand rien ne fonctionne. Même quand on joue mal. Même quand les grands clubs ne veulent plus de vous et que vous devez entraîner ou jouer à l’étage inférieur. Parce que José Mourinho ne sait peut-être plus tout à fait comment bien jouer au football. Mais il sait toujours gagner des coupes d’Europe. Ce soir, il les aura toutes remportées sans exception, même la défunte C2, glanée quand il était entraîneur adjoint du Barça en 1997. Le football italien, lui, met fin à douze ans de disette complète sur le plan continental, le dernier succès européen d’un club transalpin remontant à la victoire de l’Inter en 2010. Avec déjà l’entraîneur portugais sur le banc. Pour ceux qui en doutaient encore, José Mourinho is and will for ever be the Special One.
Par Adrien Candau