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Moro : « The Voice m’a contacté, mais j’ai refusé »
Ce milieu italien de 35 ans facture plus de 500 matchs chez les pros avec les tuniques d’Empoli, Varese, la Sangiovannese, Livourne, la Salernitana et la Cremonese. Jusque-là, rien de particulier, sauf que Davide Moro sait aussi bien ratisser les ballons que pousser la chansonnette, surtout quand c’est du Dream Theater.
Qu’as-tu chanté pour fêter la promotion de la Cremonese en Serie B le 7 mai dernier ?Rien, parce qu’il n’y a pas vraiment eu l’occasion et que ma situation vocale n’est pas top en ce moment, je me suis donc contenté de hurler de joie pendant la rencontre !
Et comment est née l’idée d’entonner Nessun Dorma lors de la promotion au même échelon de la Salernitana il y a deux ans ? C’était un jeu, un pari. Chaque mercredi, on se faisait une bouffe avec toute l’équipe et on s’amusait à chanter. Une fois, j’ai entonné Nessun Dorma et j’ai parié que je le referais au stade si on montait en Serie B. L’opéra n’est pas mon domaine, mais ça tombait bien parce que j’avais aussi la voix abîmée, or le ton est grave, donc je pouvais me le permettre. Il y avait du monde, c’était une vraie émotion, même si j’étais sûr de mes moyens.
D’où vient cette passion pour la chanson ?Moi, je ne chante que du Dream Theater, c’est mon frère qui me les a fait connaître, et je suis à fond dedans depuis 15 ans. J’ai assisté à 31 concerts à travers le monde, je les ai même vus le soir de la promotion à Turin, mais aussi à Munich, Budapest, Los Angeles, San Francisco… C’est pour les experts, c’est un rock technique, pas commercial, on ne les voit pas sur MTV. Ils font partie des meilleurs musiciens au monde et sortent de l’école de Berkeley. J’ai pu rencontrer mon idole James LaBrie, maintenant, ils commencent à me connaître.
Y a-t-il d’autres groupes que tu affectionnes particulièrement ?Non, que eux, je suis intégriste, je n’écoute que eux ! Maintenant, ma copine Carmen qui est aussi une rockeuse m’a fait connaître les monstres sacrés, les Pink Floyd, Metallica, Blur, Led Zeppelin, Deep Purple, mais dans mon PC, je n’ai que du Dream Theater. Par exemple, je n’écoute jamais de musique à la radio dans ma voiture.
Tu n’as jamais pris de cours de chant ?Non, tout ça c’est instinctif, un don de la nature, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai des problèmes de voix, je ne la soigne pas, je ne fais pas d’exercices. C’est un muscle, il faut l’entraîner, vous ne pouvez pas prétendre pouvoir chanter autant que vous voulez, surtout que la tonalité est aiguë. Mais bon, ce n’est pas mon travail, ce n’est pas grave.
Enfin, tu enregistres quand même tes reprises en studio et tu les mets en ligne.Je me rendais compte que je m’en sortais pas mal, que j’imitais bien LaBrie, alors je me suis dit pourquoi pas. Je fais ça dans un studio privé que je paye à chaque fois, mais sans trop m’entraîner, à part la prononciation de l’anglais, ça vient comme ça vient. Ensuite, je mets en ligne sur YouTube pour voir les retours. Ils sont plutôt positifs, ça commente quasiment seulement en espagnol et en anglais, car les Dream ont la cote en Amérique latine et au Japon.
Personne du monde de la musique ne t’a jamais fait de proposition ?Si si, j’ai été contacté par quelqu’un de l’émission de The Voice Italia, mais j’ai refusé, parce que si tu fais ça est que tu joues mal après, ça va beaucoup jaser, vous savez ce que c’est le monde du foot…
Tu as quand même un nom de scène, Davide James, c’est pour un éventuel après carrière ?Je ne pense pas que mes cordes vocales le permettraient, il me faudrait plusieurs années d’études, ça ne peut pas être mon futur, et puis je ne fais que des reprises.
Dans l’une des descriptions de tes vidéos, tu parles du groupe Under Road, c’est toi qui l’as monté ?Oui, c’est mon groupe avec deux musiciens dont un Argentin et un batteur de 18 ans, mais c’est comme s’il en avait 40, il a une maturité impressionnante ! Eux m’envoient la base musicale, j’enregistre la partie vocale en studio et je leur renvoie tout, mais ce sont toujours et exclusivement des reprises des Dream Theater.
Tu as déjà dû choisir entre le foot et la musique ?Non, jamais, il n’y avait aucune raison que ce soit le cas, c’est le foot qui me donne à manger hein !
Le metal progressif est un genre musical populaire parmi les footballeurs ? Tu arrives à partager cette passion ?J’en ai connu très peu, et ça ne concerne pas que les footeux, c’est un style qui n’est pas très suivi. Y a juste eu à Livourne où il y avait les frères Filippini qui aimaient bien Bruce Springsteen. Ce n’est pas une passion que j’arrive à partager avec mes collègues, mais bon, ce n’est pas comme si je souffrais parce que je ne peux pas parler des Dream.
Un mot pour finir sur le retour de la Cremonese en Serie B après 11 ans d’absence.L’Alessandria a eu 8/10 points d’avance pendant 6 mois, chaque journée, si on perdait un match de plus, on risquait de couler à 13 points, ils ont eu un paquet de balles de match. Heureusement, ils ont fait une phase retour « normale » tandis que nous on a engrangé 39 points aussi bien à l’aller qu’au retour, on a été les plus constants. Mentalement, ils ont un peu craqué, on a remporté la confrontation directe, on est revenu à 6 longueurs, puis on les a repris. Finalement, on arrive à égalité à la fin du championnat, mais c’est dans la tête que ça s’est joué, et on a été les plus forts.
Propos recueillis par Valentin Pauluzzi