S’abonner au mag
  • France
  • Ligue 1
  • Montpellier

Morgan Sanson, mais avec du volume

Par Matthieu Rostac
Morgan Sanson, mais avec du volume

Face à Toulouse, Montpellier s'est incliné il y a deux semaines. Mais plus que quelques points, cette défaite a entraîné la perte d'un homme providentiel pour les Héraultais, sorti sur blessure à la 50e minute : Morgan Sanson. Un milieu de terrain qui a éclaboussé de son talent la Ligue 1 saison 2014-2015 à seulement vingt ans. Portrait.

Lorsque la Ligue 1 reprend ses droits en août dernier, personne ne s’attend à ce que le Montpellier Hérault pointe, trente-trois journées plus tard, à la septième du classement, à quelques encablures des places européennes. Malgré les départs de ses deux meilleurs joueurs de l’année dernière (Rémy Cabella à Newcastle et Benjamin Stambouli à Tottenham), le club pailladin est parvenu à surnager dans le championnat français grâce à un collectif à tout épreuve. Mais aussi grâce à quelques individualités. Kévin Bérigaud a compensé le manque d’efficacité de Lucas Barrios, prêté par Dortmund, en début d’exercice avant que le Paraguayen se mette à enquiller les buts en 2015.

En défense, « Vétéranho » Hilton tient toujours la baraque, tandis qu’Anthony Mounier joue les animateurs offensifs avec sept buts inscrits pour six passes décisives. Mais la véritable révélation du Montpellier millésime 2014-2015 se situe ailleurs. Dans l’entrejeu, plus précisément. Du haut de ses vingt ans, et après seulement une saison et demie, Morgan Sanson enchante la Mosson à chacune de ses touches de balle. Ou plutôt, enchantait : le numéro 20 du club s’est fait les croisés face à Toulouse le 12 avril dernier. Outre le fait que cette blessure met en péril l’issue de la saison de Ligue 1 des Montpelliérains, elle constitue également le premier coup d’arrêt d’une carrière jusqu’ici quasi parfaite pour Sanson.

Des parties de Call of ou de FIFA

Né à Saint-Doulchard (la ville qui vit également venir au monde Bernard Diomède) le 18 août 1994, Morgan Sanson joue au football les week-ends dans les gros clubs du Cher : le Gazélec de Bourges d’abord, puis Bourges 18. Un coin que fréquente pas mal Franco Torchia, longtemps responsable du recrutement du Mans UC, parce que « Bourges est une région où il n’y a pas de clubs professionnels, mais toujours de bons joueurs » dit-il. Repéré à treize ans, Sanson signe finalement au MUC à quinze ans en 2009. Denis Zanko, responsable du centre de formation du club manceau à l’époque, se rappelle encore du premier match du relayeur auquel il a assisté, entre l’IFR de Châteauroux et les jeunes de Clairefontaine : « Dans ma tête, quand je l’ai vu pour la première fois – toutes proportions gardées et vu ce qu’on en disait à l’époque – j’ai vu Yoann Gourcuff ! Dans sa capacité à faire jouer les autres, à avoir une technique au-dessus de la moyenne, à utiliser les deux pieds…. C’était un garçon qui était élégant, voilà tout. » Mais celui que Torchia et Zanko appellent encore aujourd’hui « le gamin » , « le môme » doit encore être façonné, travaillé, guidé.

Heureusement pour lui, il intègre l’un des tout meilleurs centres de formation de France, capable de sortir ces dernières années des joueurs comme Sébastien Corchia, Mathieu Coutadeur, voire Mamadou Samassa. De fait, la doublette Zanko-Torchia va jouer les papas poules de substitution pour un joueur pour qui le plus important dans la vie, « c’est la famille et le foot. Dans cet ordre : la famille et le foot » dixit Torchia. Denis Zanko, lui, ne boude pas son plaisir d’avoir eu un adolescent comme Sanson sous sa coupe : « C’est un gamin qui est adorable. Je ne vais pas dire qu’il est le gendre idéal, mais c’est presque ça. Travailler avec un gamin comme ça, ce n’est que du bonheur pour un éducateur. Les bases sont saines. » Un sentiment que partage Joseph Mendes, actuel attaquant du Havre AC et meilleur pote de Sanson à l’époque, avec qui il partage « des pâtes à la carbonara le midi et des parties de Call of ou de FIFA le soir » : « Une fois, on était sortis après une défaite alors qu’on n’avait pas le droit. On s’est fait un peu gronder, mais bon, ça faisait longtemps qu’on n’était pas sortis ! Donc on a fait un peu les bêtes ! Mais attention, Morgan, c’est un mec sérieux : les sorties, c’est après le match et jamais en semaine. Et puis, il faisait hyper attention à son hygiène de vie. »

« Avec des mecs comme Morggy, on peut aller à la guerre »

L’hygiène du vie du MUC, elle, est en train d’en prendre un sacré coup au début des années 2010. Dix-septième de Ligue 1 durant la saison 2009-2010, le club descend à l’échelon inférieur, alors que son projet de stade pharaonique MMArena l’oblige à remonter fissa dans l’élite française. Une mission à laquelle faillit Arnaud Cormier, remplacé par… Denis Zanko en décembre 2011. Après tout, dans un club aux finances plombées, il paraît logique de s’appuyer sur le centre de formation pour relancer la machine. À l’été 2012, à seulement dix-sept ans, Morgan Sanson intègre le groupe pro. « On était à l’entraînement, on faisait des petits jeux et de suite, il a montré toutes ses qualités. Très fort techniquement et déjà beaucoup de maturité, explique Frédéric Thomas, ancien du club manceau, aujourd’hui au GF38. Sa technique, je la connaissais déjà parce qu’il faisait partie de la réserve et qu’on entendait souvent parler de lui. Mais j’ai été surpris par son état d’esprit. C’est quelqu’un d’intelligent, qui sait se fondre à l’endroit où il est. Le tout, avec beaucoup d’aplomb, de caractère. C’est surtout grâce à sa tête qu’il ira loin : il est posé, droit. Avec des mecs comme Morggy, on peut aller à la guerre. »

Franco Torchia ne dit pas autre chose : « Lors de la préparation avec les pros, il était déjà énormément présent. Mais Denis a voulu le protéger » . Pas titulaire en début de saison, Morgan Sanson s’impose pourtant vite aux yeux de coach Zanko malgré son jeune âge. Sa polyvalence et sa capacité à faire jouer les autres jouent en sa faveur, de même que sa « caisse » comme le dit Torchia. « Il y avait le petit Mory Kanté, Quentin Beunardeau… Les meilleurs jeunes du club, quoi, rembobine l’actuel entraîneur du Stade lavallois. Ils ont été amenés à enchaîner les matchs alors qu’ils auraient sans doute eu besoin de souffler. L’avantage de Morgan, c’est qu’il avait du volume. » Joseph Mendes complète la panoplie du joueur parfait en évoquant « sa première touche de balle. Pour moi, c’est sa qualité principale. Aux entraînements, j’étais impressionné par sa façon de débloquer des situations en une seule touche de balle. »

32 matchs de Ligue 1, dont 30 comme titulaire

Lors de la saison 2012-2013, Sanson fait partie des rares satisfactions du Mans UC, relégué sportivement en National, puis en DH financièrement à l’issue du championnat. Forcément, le natif du Cher attire les convoitises. Voire les vautours. « Le Mans était en grande difficulté et Montpellier est le seul club à s’être comporté en grand gentleman. C’est le seul club qui n’a pas attendu que le MUC crève pour faire une proposition au gamin. Du coup, je lui ai conseillé d’aller à Montpellier, détaille Franco Torchia, qui fait encore office de conseiller sportif pour la famille Sanson, qu’il s’agisse de Morgan ou de son frère Killian, joueur à l’ETG. Un club axé sur la formation et chaleureux par sa présidence. Je savais que Morgan ferait l’unanimité là-bas. » Si le choix de Montpellier, équipe de Ligue 1 qui a remporté l’année précédente le championnat au nez et à la barbe du PSG qatari, semble démesuré, personne ne trouve à redire du côté de la Sarthe. Comme s’il s’agissait d’une évidence. Peut-être aussi parce que Sanson fait preuve d’une ambition certaine. « Un jour, pendant qu’on était au Mans, on regardait un match chez lui et il m’a dit : « Tu vas voir, je vais tout faire pour être en Ligue 1 ». Là, le mec te dit ça, tu sens qu’il est déterminé » relate Mendes.

Au point de faire parfois preuve de précipitation. Mais patience est mère de toutes les vertus, comme le démontre Franco Torchia : « Il était déçu de ne pas faire la Coupe du monde des U20 durant l’été 2013. Moi, je lui ai dit : « Tu vas démarrer dans un nouveau club avec une vraie préparation. Donc tu vas prendre le train en marche et te faire comprendre plus facilement des autres. » Alors que s’il était revenu de la Coupe du monde, le groupe serait déjà en place et le coach aurait peut-être fait des choix. Là, il a démarré en même temps que les autres et il s’est imposé de la même façon qu’au Mans. » Pour sa première saison dans l’élite française, Sanson joue 32 matchs de Ligue 1, dont 30 comme titulaire. Pas mal pour un gamin de dix-neuf ans. Et cette année, plus qu’une place de titulaire, ce sont les clés du jeu montpelliérain qui lui ont été confiées. « L’année dernière, c’était celle de la découverte. Cette année, c’est celle des responsabilités » résume Torchia.

Gravir à nouveau les échelons

À se demander où l’ancien Manceau va bien pouvoir s’arrêter. « Dans une interview, il disait que plus il restait à Montpellier, moins il avait de chances de découvrir un autre club. Je pense qu’il est attiré par l’étranger. Il dit ce qu’il pense. C’est une déclaration un peu anodine, mais qui en dit long sur son ambition. C’est pas de l’arrogance, il sait simplement qu’il peut rester à Montpellier encore deux, trois ans, mais qu’il ne restera pas en France s’il veut franchir un autre palier. Je le vois bien en Angleterre » , expose Frédéric Thomas. Une destination qui fait sens pour Joseph Mendes, qui compare volontiers son pote à Frank Lampard parce qu’ « on ne dirait pas comme ça, mais il est super puissant. Il ne tombe pas souvent et il est box-to-box. Il défend, il attaque et il a une grosse frappe. » Franco Torchia, qui rappelle que Sanson « a déjà une centaine de matchs en pro à seulement vingt ans » , voit plus loin : « Son objectif, c’est l’excellence, croit savoir Torchia. À dix-huit ans, son objectif c’est de jouer en Ligue 2, à dix-neuf c’était la Ligue 1 et demain, ce sera un grand club européen et l’équipe de France dans quatre ou cinq ans. Peut-être même avant. »

Si les scouts du Milan AC suivent le Berrichon de près depuis deux ans, le club de Tottenham s’est aussi positionné récemment. Mais Sanson devra d’abord soigner ce genou qui le rend indisponible pendant six mois. Et nul doute qu’il trouvera les ressources nécessaires pour gravir à nouveau les échelons et revenir au niveau qu’il a affiché dans l’Hérault tout au long de cette saison. Une progression mentale que Sanson a déjà opéré, d’après Denis Zanko : « Je l’ai vu rapidement à Montpellier et on a pu échanger quelques mots. C’était marrant parce que pour moi, Morgan, c’est toujours le gamin du Mans. Mais on sent qu’il est en train de mûrir, de prendre une autre dimension. C’est sur des détails. Par exemple, quand on s’est mis à parler, il m’a tutoyé. » Avant, peut-être, de tutoyer les sommets. Une chose est sûre : l’héroïque Sanson n’a besoin de personne pour y parvenir.

Vidéo
Dans cet article :
Milan-Liverpool, de nouveaux chapitres à écrire
Dans cet article :

Par Matthieu Rostac

À lire aussi
Articles en tendances
31
Revivez la victoire du PSG contre Brest  (3-1)
  • Ligue 1
  • J4
  • PSG-Brest
Revivez la victoire du PSG contre Brest (3-1)

Revivez la victoire du PSG contre Brest (3-1)

Revivez la victoire du PSG contre Brest (3-1)
20
Revivez Marseille-Nice (2-0)
  • Ligue 1
  • J4
  • Marseille-Nice
Revivez Marseille-Nice (2-0)

Revivez Marseille-Nice (2-0)

Revivez Marseille-Nice (2-0)

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine

France