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Morgan Sanson, de Marseille à Aston Villa : le voyage à l’étranger du bon élève

Par Florian Cadu, à Châteauroux
Morgan Sanson, de Marseille à Aston Villa : le voyage à l’étranger du bon élève

Du Pôle Espoirs de Châteauroux à la Premier League qu'il s'apprête à découvrir, Morgan Sanson continue de tracer sa courbe linéaire. Bientôt officiellement transféré de l'Olympique de Marseille à Aston Villa pour une grosse quinzaine de millions d'euros, le milieu de terrain se lance ainsi un nouveau défi tout en conservant son statut d'exemple à suivre chez les jeunes.

Personne ne pourra en témoigner de façon certaine, mais il est probable que Morgan Sanson ait vidé son casier de manière aussi propre que ceux qu’il a laissés par le passé. Réfléchi et discret, le milieu a sûrement tenu à soigner son départ. Sans grand bruit, mais avec tenue. Après quatre années passées à l’Olympique de Marseille, le futur nouveau joueur d’Aston Villa (qui a dépensé environ seize millions d’euros, six de plus que la somme déboursée par le club français en 2017) n’a pas fait d’adieu en grande pompe (il n’était pas dans le groupe lors de la défaite à Monaco) et quitte donc son pays natal pour l’Angleterre. Une première expérience à l’étranger, pour celui qui a commencé au Pôle Espoirs de Châteauroux avant d’intégrer le centre de formation du Mans et de s’envoler à Montpellier. Rien de plus logique, en réalité.

Car le parcours du natif de Saint-Doulchard, à une heure de Châteauroux, suit une courbe bien plus linéaire et prévisible que celles du coronavirus : débuts à Bourges où il grandit, préformation au Pôle Espoirs situé à côté où il mûrit, quatre ans au Mans où il devient professionnel, quatre ans (ou presque) au MHSC où il perce, quatre ans à l’OM où il confirme. « Morgan Sanson, chez nous, c’est un peu l’exemple de la trajectoire « parfaite » dans le sens où son chemin s’est fait sans aucun accroc. À partir du moment où il a quitté le Pôle, il en a été de même, corrobore Jérôme Monot, le directeur technique régional de la Ligue Centre-Val de Loire. Ça aurait pu être difficile au départ, sur le plan scolaire par exemple. Mais finalement, il n’a jamais connu d’emmerdes. » Hormis quelques blessures qui ont freiné son ascension pro, comme sa rupture des ligaments croisés du genou droit en avril 2015 suivie d’une rechute en janvier 2016.

Bosseur plutôt que crack

Le Pôle Espoirs, où il est venu faire une petite visite en 2018, Sanson y est toujours. Sur les photos d’équipes, accrochées dans les couloirs. En guise de mannequin en compagnie de Florian Thauvin et Valère Germain, à l’entrée du bâtiment hébergeant bureaux et vestiaires. Et dans les têtes des jeunes gamins ayant pris sa place, avec l’espoir d’imiter sa brillante carrière qui prend aujourd’hui un tournant britannique. Pour eux, l’un des conseils à prendre en compte est de prendre son temps sans se prendre la tête ou se prendre pour quelqu’un d’autre… et prendre – encore – sa chance. Savoir prendre ou ne pas prendre : voilà comment l’homme de 26 ans a pu s’ouvrir les portes de la Premier League, championnat qu’il s’apprête à découvrir avec le huitième du classement (mais potentiel sixième, les Villans ayant deux matchs de retard). « Je n’avais pas de plan de carrière prédéfini, j’avais juste en tête de ne pas brûler les étapes, comme partir à l’étranger trop tôt, par exemple, déclarait d’ailleurs le principal intéressé il y a un an dans les colonnes de L’Équipe, à un moment où il ne se sentait pas encore assez mature pour traverser les frontières. C’est pour cette raison que je suis monté d’un étage à chaque fois : Pôle Espoirs, L2, L1, Coupe d’Europe… »

Un discours aussi posé qu’avisé, en accord avec ce que propose le garçon sur les terrains de Ligue 1 depuis près d’une décennie et avec ce qu’il montrait dès ses premiers pas sur les pelouses castelroussines. « Morgan n’était pas au-dessus des autres, je ne pourrais pas dire que c’était un crack. Mais déjà, il avait une qualité technique certaine. Passe, tir… ça ne bougeait pas, remet Cédric Hountondji, défenseur central de Clermont qui était dans la même promotion que le monsieur à Châteauroux. Surtout, il travaillait énormément, notamment sur ses points forts. Franchement, je pense que c’est cette rigueur et cette connaissance de lui-même qui l’ont amené là où il en est aujourd’hui. Il a toujours su ce qu’il devait bosser, et ce dont il avait besoin pour s’améliorer. » Un goût de l’effort peu surprenant, mais encore dévoilé dans les propos de Jérôme Monot.

Volonté, caractère et écoute

« C’était un joueur complet. Dans ce qu’il représente et dans ce qu’il dégage, tu as l’impression que c’est actuellement toujours la même personne. Il savait ce qu’il voulait, et il avait un atout indéniable : une vraie force de caractère, tout en étant à l’écoute. À partir de là, le Pôle ne pouvait que lui apporter énormément, rembobine le DTR. Quand tu vois, aujourd’hui, ses contrôles orientés ou ses prises de balle… Il le dit lui-même : il en a réalisé, des gammes techniques à l’entraînement, et ces répétitions de gestes lui ont permis de se perfectionner. » Jusqu’à atteindre la Ligue Europa, et ensuite la deuxième place de la première division française. Puis la Ligue des champions et le foot anglais lors de cette saison 2020-2021, donc.

Deux questions, toutefois. Quitter Marseille, dont les caisses ont besoin d’être un tant soit peu renflouées et qui ne compte pas réinvestir plus de dix millions dans son remplaçant, était-ce vraiment sa volonté ? Et passer du dauphin de Ligue 1 la saison dernière au dix-septième de la Premier League 2019-2020 représente-t-il vraiment une avancée sportive, à ses yeux ? En tout cas, se frotter au ballon britannique et sortir de sa zone de confort hexagonal constituent en apparence des défis excitants pour lui. De quoi encore grandir, pour le bon élève constant qui sert de modèle (presque) parfait à Châteauroux.

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Par Florian Cadu, à Châteauroux

Tous propos recueillis par FC, sauf mention

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