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- PSG-Monaco (5-0)
Morgan de Sanctions
Il était la caution expérience de Jardim, son vieux briscard venu des années 1970. Au cœur d'une équipe que l'on pensait craquer sous le poids de sa jeunesse, c'est finalement le plus vieux joueur sur la pelouse qui a raté son rendez-vous. Qui était, peut-être au passage, le dernier match de sa carrière. Courage, Morgan de Sanctis.
Il a commencé par manquer sa prise de balle, avant de relâcher le ballon des mains. Il s’est ensuite cassé la gueule en voulant se relever. Puis, ultime recours, il a levé bien haut son bras droit pour réclamer une faute de Cavani. Voilà comment a débuté la soirée de Morgan de Sanctis, et voilà comment la résumer. On vient à peine de dépasser la 25e minute de jeu au Parc des Princes, et Julian Draxler peut remercier ce passeur décisif inattendu au maillot croisé de rouge et blanc. Car après avoir passé une semaine à craindre la naïveté des jeunots de CFA, leur capacité à résister à la pression ou tout simplement leur niveau de jeu, le portier italien de 40 ans représentait la caution expérience de Leonardo Jardim. Celui qui a vu, donc celui qui sait. Le vieux singe qui apprend à faire des grimaces. Le type passé par la Juve, Séville, Naples et Rome. Raté, c’est finalement lui, le plus âgé d’entre tous, qui a réellement failli face au PSG.
Le pantin
Chacun a le droit de faire une erreur, pas vrai ? Un mauvais coup du destin pour faire glisser ce crampon droit, et le vieux Morgan s’est retrouvé au sol. Coupable, certes, mais pas entièrement responsable de sa faute. Bon, okay. Non, on s’est vraiment dit que quelque chose n’allait pas quelques minutes plus tard, alors que Paris poussait pour inscrire le deuxième but. Matuidi déclenche une frappe du gauche à ras de terre en plein sur l’Italien et là, mystère : au lieu de se coucher au sol ou de poser le pied en opposition, le bonhomme se jette à genoux, bras écartés, et repousse le ballon de la rotule dans une position complètement folle. Rebelote quelques minutes plus tard, lorsque Cavani reçoit un bon ballon lobé dans la surface. De Sanctis file en courant à sa poursuite pour bloquer le tir et se présente comme un pantin désarticulé face à l’Uruguayen, jambes écartées, bras lâches, un peu comme ces bonshommes géants remplis d’air censés animer la foule au bord de la pelouse. Non, ce soir, le remplaçant de Danijel Subašić n’y était pas. Au coup de sifflet final, c’est d’ailleurs lui qui a quitté la pelouse en premier, tête baissée, alors que ses coéquipiers filaient applaudir leurs supporters en compagnie du coach. Pourquoi ? Peut-être parce qu’il était le seul à jouer réellement quelque chose. Titulaire depuis le début de la compétition, Morgan de Sanctis jouait peut-être le dernier match de sa longue carrière, et par conséquent une partie du souvenir que l’on emportera de lui. Souriant, trophée en main, ou quittant la pelouse la tête courbée par le poids de la culpabilité.
Le gamin blessé
Au fond, tout le monde s’en foutait un peu, de ce match. Les jeunes étaient là pour apprendre, Jardim pour prouver qu’il gère sa saison et son effectif, les journalistes pour tenter d’apporter un peu de suspense dans un match plié d’avance. Au grand dam de Morgan, qui aurait bien apporté un peu de sublime à sa tournée d’adieu. Le problème, c’est que ce n’est pas la première fois que l’ancien Napolitain se loupe dans les grandes largeurs. Le 7 décembre dernier, il était déjà devenu le plus vieux joueur à marquer contre son camp en Ligue des champions lors de la débâcle monégasque à Leverkusen (3-0). L’histoire d’un type qui gardera peut-être toute sa vie en bouche le goût amer de son dernier match professionnel, maillon faible d’une équipe de gamins qui commencent à peine leur carrière. À Jardim de soigner son doyen, comme un enfant blessé que l’on sait fragile. Ce soir dans son lit, Morgan de Sanctis n’aura pas 40 ans. Il revivra ses erreurs, pleurera peut-être, et rêvera qu’il attrape avec perfection cette foutue frappe de Di María.
Par Théo Denmat