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Moreno : bienvenue chez les petits !

Par Chris Diamantaire
Moreno : bienvenue chez les petits !

Face à Strasbourg (1-3), Robert Moreno a raté son premier rendez-vous avec l'autre Ligue 1, celle qui laisse le ballon et prend les points. Un véritable faux pas qui brouille un brin la dynamique globale que semblait insuffler jusque-là l'entraîneur espagnol.

Il y a deux semaines, la Ligue 1 faisait connaissance avec le torse bombé de Robert Moreno au terme d’un feu d’artifice au Parc des Princes. Ce samedi, au stade Louis-II, Robert Moreno a, lui, fait la rencontre de la Ligue 1, la vraie, celle qui fait le dos rond et se cache dans les sombres recoins d’un multiplex du samedi soir.

Secoués à domicile par des Strasbourgeois plus sérieux que brillants, les Monégasques sont retombés dans l’inquiétante apathie qui berce le Rocher depuis dix-huit mois. Celle qui avait permis à ces mêmes Strasbourgeois de siffler la fin de l’ère Thierry Henry il y a tout juste un an, au soir d’une déculottée mémorable (1-5). À qui la faute ? À une conjugaison de facteurs parfois évidents, souvent impalpables. Alors, en nouveau chef de meute qui veut s’affirmer en plein brouillard, Robert Moreno a tout pris sur lui : « Tout ce qui se passe sur le terrain est de ma responsabilité. Mon équipe reste toujours la mienne. Quand elle joue bien et, encore plus, quand elle joue mal. »

Possession stérile, Ben Yedder sevré

Derrière la promesse tenue de tenir le ballon et cette volonté constante de relancer court en toutes circonstances – qui constitue la différence déjà notable avec le Monaco de Jardim –, dormaient donc encore logiquement les maux présents depuis de nombreux mois. Et ils se sont tous donné rendez-vous ce samedi soir. Il y a d’abord eu cette incapacité à trouver des espaces face à une équipe disciplinée, amplifiée par un manque de dynamisme désespérant dans les phases de possession. Ainsi, pas aidés par le manque de mouvement de leurs coéquipiers, jamais Fàbregas et Golovin n’ont réussi à briser les lignes par leurs passes. Dans une rencontre au tout petit rythme, c’était pourtant là leur mission principale.

Ben Yedder, esseulé sur le front de l’attaque, a donc dû se résoudre à espérer que les ballons lui parviennent depuis les ailes. Espérance vaine tant les couloirs monégasques se sont montrés inaptes à trouver des positions de centres. Et, les rares fois où ils y sont parvenus, leurs mauvais choix ont annulé le déséquilibre provoqué. À ce manque d’imagination offensive s’est aussi ajoutée cette incroyable propension à encaisser des buts lors de situations où la défense monégasque est pourtant en nette supériorité numérique. C’est là tout autant une question collective qu’individuelle, de choix tactiques que de choix d’hommes. Et, sur ce dernier point, difficile d’exonérer totalement Moreno qui, même privé de solutions évidentes (Baldé, Slimani…), n’était pas obligé de plomber son match en laissant aussi longtemps sur le terrain un ailier aussi faible que Gil Dias, un latéral aussi insipide que Henrichs et un milieu aussi peu influent que Fàbregas.

Des espoirs aux enseignements

Le constat n’est pas nouveau, mais c’est pour cela qu’il aurait mérité d’être corrigé avant la dernière semaine du marché hivernal : l’effectif monégasque est aussi séduisant que mal proportionné. Et cela se ressent alors même que le club de la Principauté est plutôt épargné par les blessures cette saison. Au-delà d’une poignée d’indiscutables (Lecomte, Bakayoko, Golovin, Gelson Martins, Ben Yedder) qui n’ont déjà pour la plupart pas de remplaçants fiables, tous les titulaires sont potentiellement sujets à caution. Si Moreno a laissé entendre qu’il souhaitait alléger son groupe pour faire monter des jeunes de la réserve, il va lui falloir aussi comprendre les manques de son effectif avant que le terrain ne les lui apprenne.

Dans une défense que n’aurait pas reniée Jardim, l’ancien adjoint de Luis Enrique s’est évertué à rappeler que son équipe n’était « pas la meilleure du monde » après son nul au Parc des Princes et « pas la pire » après cette déconvenue contre les hommes de Thierry Laurey. En fait, elle prouve surtout qu’elle est capable du meilleur comme du pire, comme toutes les équipes malades au talent criant et au mental défaillant. Au 26 janvier, Monaco est toujours dans le dur et plus que jamais dans le ventre mou d’une Ligue 1 où le podium ne pourra pas l’attendre indéfiniment. C’est une urgence qu’il faut saisir. Elle est tout aussi réelle que la patience qu’est en droit d’exiger Moreno. Un drôle d’équilibre comme aime en réclamer le football.

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