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Morata, enfant chéri du Bernabéu

Par Robin Delorme, à Madrid
4 minutes
Morata, enfant chéri du Bernabéu

Il a le profil de Fernando Morientes et la trajectoire de Raúl González. Lui, c’est Álvaro Morata, vingt ans, et une faim de jeune loup. Déjà adulé par le Santiago Bernabéu, ce Madrilène pur beurre doit désormais s’atteler à élever son talent au niveau de sa hargne. Difficile.

Cela faisait un bail. Un bail que le Santiago Bernabéu n’avait pas tant acclamé l’un de ses poulains. Lorsque les « Morataaaaaa » descendent des travées, les socios merengues veulent plus qu’un joueur. Ils souhaitent voir l’un des leurs. Un enfant de la maison. Depuis le début de saison, chaque rassemblement dans l’ancien Estadio Chamartin laisse libre cours à cette démonstration populaire. Une ode au dit Canterano amplifiée par les souvenirs de la doublette Raúl-Morientes. En bon diplomate, Carlo Ancelotti écoute. Même s’il préfère à raison le profil d’un Karim Benzema plus joueur, le tacticien italien ne rechigne pas à donner sa chance au minot Álvaro Morata. Par bribes de match, l’intéressé s’époumone à brûler toutes les calories dont il dispose. Une hargne de tous les instants qui ne fait que renforcer sa cote de popularité, même s’il ne tient pas la comparaison de l’autre jeunot Jesé. Trop brouillon, trop fou-fou, il ne demeure qu’un second couteau. Un statut qui lui permet de ne pas se griller. Et l’oblige à se dépasser perpétuellement.

« Il était ramasseur de balles au Calderón »

Le 12 décembre 2010 est une date à part pour Álvaro Morata. Alors sous la guérite, il fait sa première entrée chez les pros du Real Madrid. Hasard, ses débuts se font à la Romareda, enceinte du Real Saragosse, là-même où le mythique Raúl González entamait son histoire d’amour avec le Real un 29 octobre 1994. Heureusement, ce parallèle avec l’ancien numéro 7 ne se limite pas à cette simple pelouse saragossienne. À l’instar de son modèle, Álvaro Morata a connu des débuts footballistiques à l’Atlético de Madrid. « On l’a emmené faire la détection de l’Atlético à cause de son grand-père Ignacio, supporter colchonero » , regrette à demi-mot son père, Alfonso. Le test réussi, il s’engage donc avec le club du Sud de la capitale. De ses douze ans jusqu’à ses quatorze, il va beaucoup y apprendre : « Il jouait au foot seulement au collège et ça lui coûtait un peu au début de se mettre dans un vestiaire. Mais sa générosité a facilité les choses. Depuis tout petit, il était une machine à mettre des buts. En plus, c’était difficile de lui prendre le ballon parce qu’il joue très bien dos au but » , dixit José Luis Giménez, dirigeant de l’école de foot de l’Atlético, dans les colonnes duPaís.

Une croissance ultrasonique va mettre fin à son aventure colchonero, où il avait commencé comme « ramasseur de balles au Calderón » . « En un an, il est passé du plus petit de l’effectif au plus grand et au plus fort. Il a eu une telle croissance qu’il a souffert de nombreuses blessures » , évoque Armando De La Morena, son coach en cadet. Ces vingt centimètres le conduisent alors à Getafe. Dans la succursale du Real Madrid, il ne restera qu’un an. Le temps suffisant pour parfaire son nouveau physique. Et taper dans l’œil de la Cantera merengue. « Il me rappelait Morientes, même si je crois qu’il est plus complet parce que meilleur avec ses pieds, juge Sergio Piña, son premier entraîneur de la Fábrica. Dans le jeu aérien, il n’avait pas d’égal et, techniquement, il était le meilleur de sa génération. » Cette agilité balle au pied, il la doit à sa technique. Mais également à son père « qui était également footballeur » : « Il m’a enseigné à bien me positionner et m’a mis des vidéos de Van Basten, Van Nistelrooy et Raúl pour que je vois comment ils jouaient dos au but » , se rappelait cet été Álvaro Morata, alors à l’Euro U21.

De l’envie et, bientôt, la maîtrise ?

Au Real Madrid, Álvaro Morata sera principalement utilisé en tant qu’avant-centre. Une habitude qui va vite être déboussolée par son intégration dans l’effectif de la Castilla (l’équipe-réserve du Real Madrid) en 2010. « Avec la Castilla, je jouais comme attaquant central, puis le Míster (Alberto Toril, son coach, ndlr) m’a mis sur le côté. Au début, je n’aimais vraiment pas, mais cela m’a rendu plus complet. Avant, je jouais beaucoup dos au but, et maintenant je sais également attaquer de face, c’est une autre manière de voir le jeu » , jugeait l’intéressé l’été dernier. Lors son passage à la Castilla, Álvaro Morata va s’ouvrir les portes des sélections de jeunes de la Roja. Surtout, il va beaucoup planter (une moyenne d’un but tous les deux matchs) et attirer l’attention de José Mourinho et Carlo Ancelotti. Déjà, l’an dernier, il avait sorti d’un traquenard le Real sur la pelouse de Levante – but victorieux dans les dernières minutes. Cette saison, une majorité des socios l’imaginait en titulaire indiscutable. Ce à quoi Ancelotti avait rétorqué qu’il lui « manque de l’expérience » . Et Karim Benzema par une saison de fou furieux, sa plus belle en Espagne. Suffisant pour qu’il s’interroge sur un possible départ vers Arsenal cet hiver. Un départ finalement repoussé. Jusqu’à quand ?

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Par Robin Delorme, à Madrid

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