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Monza : la vie sans Berlusconi
Après une fantastique saison, Monza est en deuil à la suite du décès de Silvio Berlusconi, survenu le 12 juin dernier. Mais outre la disparition de leur boss, les Brianzoli sont dans l’incertitude la plus totale quant à l’avenir du club.
« Je pleure mon ami. Le maître, celui qui a changé ma vie à tout jamais. Repose en paix cher Silvio. » C’est avec ces mots qu’Adriano Galliani lâche un ultime au revoir à son fidèle compagnon de 43 ans. Deux jours après le décès de Silvio Berlusconi d’une leucémie chronique, des milliers d’Italiens se réunissent devant le Duomo pour saluer cet homme qui aura marqué l’histoire italienne des affaires, de la politique, mais aussi et surtout, du calcio.
Monza-Berlusconi, une histoire d’amour qui aura duré cinq ans
Pas présents à cette cérémonie (alors que leurs voisins rossoneri y étaient en nombre), les tifosi de Monza ont décidé de prendre l’encre pour lui rendre un hommage poignant : « Nous avons mis beaucoup de passion, de ténacité, de foi, mais pour réaliser notre grand rêve, nous avions besoin d’un champion, quelqu’un capable de réaliser l’impossible. Nous avons voyagé ensemble pendant ces magnifiques années intenses et victorieuses. Merci pour tout, Monsieur le Président. Vous avez laissé un souvenir impérissable », lâche dans un communiqué la Curva Davide Pieri, le principal groupe de supporters brianzoli. En l’espace de cinq ans, le SS Monza devenu l’AC Monza en 2019 (comme un symbole) est parvenu à réaliser l’impensable : atteindre l’élite du football italien. Une ascension fantastique dont seul le Cavaliere a la recette. « J’ai encore du mal à réaliser. On sera éternellement reconnaissant envers Berlusconi et Galliani, le travail réalisé est fantastique. Ils sont venus en imposant une exigence, et ça a marché », témoigne Alessandro, tifoso de Monza depuis gamin.
Pour leur baptême du feu en Serie A – malgré un début de saison chaotique (cinq défaites lors des cinq premières journées) –, les Biancorossi n’ont pas fait de la figuration. Mieux, ils se sont maintenus aisément avec une onzième place et un football attrayant porté par Raffaele Palladino. « Berlusconi et Galliani ont fait confiance à un entraîneur sans expérience, comme Sacchi à Milan. On sera éternellement reconnaissant du travail réalisé », avance Alessandro. Oui mais voilà, à la suite du décès du plus emblématique des présidents, le futur reste très incertain à Monza. Avec un budget dans le rouge (les dettes estimées à environ 70 millions d’euros qui s’expliquent par une montée en Serie A pas vraiment prévue), les Brianzoli sont à la recherche de fonds et des discussions se sont déjà tenues avec plusieurs investisseurs ces derniers mois. Si initialement, ces derniers étaient sollicités pour un rôle minoritaire au sein du club, le décès de Don Silvio pourrait bien changer la donne.
Vente obligatoire ?
De nombreux médias italiens, dont La Stampa, sont catégoriques : l’AC Monza est en vente. Des bruits de couloir démentis par Adriano Galliani : « Je continue à travailler pour le club. » De fait, Monza est toujours sous la tutelle de Fininvest, la fameuse holding de Berlusconi. « Pour le moment, toutes les activités de l’organisation restent dans une continuité absolue », a souhaité préciser dans un communiqué Fininvest. Ce jeudi 6 juillet, le testament de Silvio Berlusconi a enfin été rendu public. Plusieurs indications y ont été données par le boss des boss : « Vous, mes enfants, vous trouverez le meilleur moyen de réaliser le rêve de votre papa », a-t-il ainsi indiqué dans ce texte écrit en janvier 2022, juste après une énième hospitalisation. Mais le Cavalier précise également que son ami de toujours, Adriano Galliani, « est la meilleure personne pour pouvoir s’occuper d’une équipe de football. » Un testament qui laisse donc entendre que les affaires de la famille sont entre les mains du frère Paolo et des enfants de Silvio Berlusconi, tout en s’appuyant sur Adriano Galliani pour le sportif.
Si l’ancien ami de Bernard Tapi vouait un véritable amour pour le ballon rond, ce n’est pas vraiment le cas de ses fils et de son frère Paolo, qui seraient donc prêts à vendre le club pour éponger les dettes du Caïman, comme le souligne le Corriere della Sera. Et parmi les potentiels repreneurs, un homme est en haut de la pile : Vangélis Marinákis. Actuellement propriétaire de l’Olympiakos et de Nottingham Forest, ce dernier serait très proche de racheter le joyau lombard et d’en devenir l’actionnaire majoritaire.
Un possible rachat pas forcément du goût des supporters : « On sait pertinemment que dans le football actuel, il est nécessaire d’avoir un mastodonte financier à la tête de son club pour avoir des résultats. Mais personnellement, ce n’est pas vraiment ce qu’on veut. Avec Berlusconi, ce que l’on appréciait, c’était son côté local, un pur produit de la Lombardie », juge Alessandro, guère convaincu par cette possible arrivée de l’entrepreneur du Pirée, d’autant plus que celui-ci est dans le viseur de la justice grecque pour de sombres affaires de matchs truqués. Contacté, le club de Monza « ne souhaite pas parler de ce dossier pour le moment ».
De plus, la volonté du clan Berlusconi de s’éloigner du monde du football s’explique par des raisons économiques (le calcio n’entre plus dans le plan économique de Fininvest), mais aussi politiques. En effet, selon le Corriere della Sera, l’entourage proche de Silvio souhaiterait lui faire honneur sur le terrain politique. Pour cela, les fils et le frère auraient demandé à Adriano Galliani de reprendre le flambeau et de se présenter aux élections partielles de Forza Italia pour remplacer le siège vacant laissé par son fidèle compagnon dans la circonscription Monza-Brianza. « Pour faire honneur à Silvio, je ferai ce qu’on me demandera de faire », a déclaré l’ancien directeur sportif rossonero à la Gazzetta dello Sport. La fidélité, même après la mort.
La Roma de nouveau freinée à MonzaPar Tristan Pubert
Propos de Alessandro recueillis par TP.