Montpellier et le Développement durable

« Finalement, une place dans les dix premiers ne me semble pas si inabordable que cela » . Voilà. C’est signé Louis Nicollin. C’est culotté, ambitieux, ça met la pression sur les joueurs et sur le coach René Girard… mais c’est réalisable ! OK, fixer des objectifs aussi élevés pour un promu qui débarque dans une L1 en net regain qualitatif, on demande à voir. Sauf que tout le monde s’accorde à dire que le club héraultais a procédé pour l’instant à l’un des meilleurs recrutements de l’été, du moins en regard de ses moyens et de ses besoins. On veut bien sûr parler des quatre premières recrues, arrivées assez tôt dans le mercato. Profil-type : en gros, du « trentenaire aguerri » . Les deux milieux Romain Pitau (31 ans, venu de Sochaux) et Geoffrey Dernis (28 ans, venu de Saint-Étienne). Ainsi que les défenseurs Cyril Jeunechamp (33 ans, arrivé de Nice) et puis surtout l’international bosniaque Emir Spahic (28 ans) qui lui s’est engagé pour une saison. Un sacré bon coup que Spahic : capitaine de la sélection de Bosnie, en provenance directe du Lokomotiv Moscou où il vient d’effectuer trois saisons, il était aussi convoité par Cologne et Bochum.

Quatre recrues de poids, avec une assez grosse expérience du niveau L1, c’est ce qu’il fallait pour renforcer l’effectif de René Girard. Mais où Montpellier a fait fort, c’est qu’ils n’ont rien coûté en transferts vu que les quatre mousquetaires étaient en fin de contrat. Pas mal pour un club au budget plus que serré. Parce que Loulou Nicollin avait prévenu : « Nous ne ferons pas de folies ! » . Les années dingo, époque Valderrama, sont loin derrière… Alors, la cellule Nicollin père et fils -et Michel Mézy- a blindé également certains contrats. Notamment les deux perles qui ont grandement contribué à la remontée, Costa et Montano. Engagé à Montpellier pour trois saisons encore, le milieu argentin Tino Costa, meilleur passeur de Ligue 2 l’an passé, a prolongé d’un an supplémentaire et s’est lié jusqu’en juin 2013. Idem pour l’attaquant colombien Victor Hugo Montano (25 ans, 15 buts la saison dernière en Ligue 2) qui, lui, a prolongé de deux ans. Il est désormais lié avec le MHSC jusqu’en juin 2012. Lilian Compan et Bengali Fodé Koita ont également prolongé leur bail d’une année.

Reste que le recrutement n’est pas entièrement finalisé. Il manque encore un attaquant de poids pour renforcer la paire Compan-Montano. Une pièce manquante ultime de l’effectif et pas facilement trouvable. Plusieurs noms ont circulé. Les pistes Monterrubio ou Ljuboja ont fait long feu. Plus sérieux, Daniel Moreira, de retour de prêt à Rennes après une bonne saison à Grenoble, intéresse le club. Problème : Grenoble souhaiterait le conserver. Et puis Lens l’a également dans son viseur. Aux dernières nouvelles, les dirigeants montpelliérains souhaiteraient se faire prêter l’attaquant de Lille, Nicolas Fauvergue (24 ans). C’est jouable vu qu’il n’entre plus dans les plans de Rudi Garcia. Sauf que le LOSC préfèrerait un transfert définitif… Pas évident. Enfin, le club héraultais vient de connaître une grosse tuile avec la blessure de son gardien Johann Carrasso ( « frère de » ), opéré avec succès d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou droit mais indisponible pour encore cinq mois…

On suivra avec attention le comportement du MHSC cette saison. Voir s’il se maintiendra durablement au sein de l’élite et puis on observera aussi la jeune génération montante et prometteuse qui vient de remporter la Coupe Gambardella (coupe des moins de dix-huit ans). Il entre dans les plans de Montpellier d’incorporer au coup par coup certains jeunes parmi les briscards chargés de réussir le pari « des dix premières places de L1 » imparti par le boss Nicollin. Enfin, il y a aussi le pari ambitieux du choix de René Girard, remplaçant surprise de Rolland Courbis. Si Girard dispose d’une grande expérience de sélectionneur d’équipes de jeunes (2002-08 : France des moins de 19 ans, des moins de 16 ans puis Espoirs), son passé de coach en clubs est plus que limité (Jan 1992-1992, Nîmes Olympique puis 1996-décembre 1997, Pau FC et enfin janvier 1998-1998, RC Strasbourg)… Mais Loulou Nicollin y croit : « René Girard ? C’est mon choix ! Rolland Courbis était en fin de contrat. Il a fait son travail. Je le remercie encore d’avoir fait remonter le club. Après, on passe à autre chose. Et je suis convaincu que René Girard a le bon profil pour entraîner Montpellier. Il doit être entraîneur comme il était joueur, c’est-à-dire un gagneur, quelqu’un qui se bat et qui défendra haut et fort les couleurs de Montpellier » . Si c’est Loulou qui le dit…