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Montpellier décortique les Crocos

Par Maxime Brigand
4 minutes
Montpellier décortique les Crocos

Porté par un Florent Mollet brûlant, le MHSC a fait exploser Nîmes dimanche (3-0) lors du premier derby du Languedoc disputé en première division depuis vingt-cinq ans et au milieu d'une atmosphère incandescente, qui a poussé la rencontre à être interrompue à deux reprises. Voilà la bande de Der Zakarian déguisée en dauphin de Ligue 1.

Montpellier 3-0 Nîmes

Buts : Oyongo (28e), Delort (45e+9, s.p.) et Laborde (78e) pour le MHSC.

À quoi peut ressembler une attente de vingt-cinq ans ? Peut-être à un joyeux bordel : des hommes qui hurlent dans une tribune, tétons à l’air, un stade qui couine au moindre contact, une foule qui explose à chaque frémissement offensif de son équipe, une double interruption de la rencontre… La dernière fois, c’étaient les années 1990, l’époque des maillots trop grands, un âge d’or pour le foot français et un temps où Michel Der Zakarian traînait encore en crampons, au point de rester jusqu’à ce matin le dernier buteur d’un Montpellier-Nîmes joué dans l’élite. Aujourd’hui, tout a changé : l’histoire – le MHSC ayant même décroché durant cette parenthèse son premier titre de champion de France, là où les Crocos ont surtout cravaché pour revenir d’entre les condamnés du circuit – et les hommes, Michel Mézy, coach du Nîmes Olympique entre 1992 et 1994, étant notamment rentré à la maison pour enfiler le costume de conseiller de la famille Nicollin.

Puis, derrière tout ça, il y avait l’attente, un truc mêlé d’angoisse et d’euphorie, les deux camps ayant tué leur séparation sportive en entretenant comme il se doit leur rivalité hors terrain. Finalement, on aura surtout vu ce qu’on était venu chercher : un match bourré de testostérone, du spectacle, des couilles posées sur la table. Et surtout la confirmation que dans le Languedoc, le patron s’appelle Montpellier.

Better have my Mollet !

Au fond, Der Zakarian ne s’était pas présenté à la table pour autre chose, lui qui a demandé dans la semaine à ses gars d’enfin punir leurs adversaires après un nul concédé à Caen (2-2). Scotché sur une série de trois nuls consécutifs et incapable de gagner un derby à Montpellier depuis 1962, Nîmes est surtout, de son côté, venu à la Mosson pour chercher des réponses. Problème, les Crocos ont surtout récupéré des problèmes, Florent Mollet s’amusant à danser entre les lignes nîmoises dès les premières minutes là où ses potes ont brisé la quasi-totalité des lignes de passes adverses. Sans surprise, les Montpelliérains ont alors gratté les premiers bonbons de l’après-midi, mais ni Mollet (9e) ni Laborde (24e) n’ont d’abord réussi à gratouiller Bernardoni.

Une question de patience : juste avant la demi-heure de jeu, Moustapha Diallo tente une remise foireuse vers son gardien, Ambroise Oyongo pointe son nez sur la trajectoire, ouvre le score (1-0, 28e) et voit l’une des grilles du bas de la tribune locale lâcher, faisant deux blessés sur le coup. La constatation du jour aura été la suivante : pour la première fois de la saison, la bande à Blacquart, cinquième attaque de Ligue 1, a peiné à exister, le MHSC poussant, via ses latéraux, Thioub et Bouanga à ne pas trop s’aventurer offensivement et la défense gardoise à des erreurs enfantines. Résultat, juste avant la pause, Anthony Briançon fait chuter Pedro Mendes dans la surface et laisse Delort boucler l’affaire sur penalty (2-0, 45e).

Fête tachée

Une affaire où les Crocos ont malgré tout réussi à ouvrir leur gueule, par séquences, Maouassa allumant Lecomte avant la pause (45e) et Baptiste Guillaume poussant le gardien international français à gicler dix minutes après (56e). Mais Montpellier a géré sans trop forcer, Mollet poursuivant tranquillement sa masterclass et s’offrant de multiples opportunités (59e, 64e, 72e) de faire de nouveau sauter le tableau d’affichage là où Andy Delort, lui aussi très bon, a envoyé un pétard sur la barre (69e). Le 3-0 est finalement tombé sur la tête de Gaëtan Laborde, buteur pour la deuxième fois consécutive à la Mosson, au bout d’une combinaison collective parfaite et d’un centre délicieux de Mollet, évidemment (3-0, 78e). Moment décidé par les supporters montpelliérains pour tout foutre en l’air : descente sur la pelouse, jet de fumigènes, intervention des forces de l’ordre. Der Zakarian, lui, enrage, mais lance un défi à ses hommes : « On ne prend pas de but ! » Vingt minutes d’interruption plus tard, Lecomte éteint une tentative dorée de Bouanga (87e) et la fête se termine sur un pari réussi : Montpellier est deuxième de Ligue 1.


Montpellier (5-3-2) : Lecomte – Aguilar, Congré, P. Mendes, Cozza, Oyongo – Mollet (Škuletić, 90e), Le Tallec, Skhiri (Lasne, 83e) – Laborde, Delort (Sambia, 76e). Entraîneur : Michel Der Zakarian.

Nîmes (4-4-2) : Bernardoni – Alakouch, Briançon, Lybohy, Maouassa – Thioub, Bobichon, Diallo (Valls, 46e), Bouanga – Ripart (Alioui, 80e), Guillaume (Bozok, 73e). Entraîneur : Bernard Blaquart.

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