- France
- Ligue 1
- 18e journée
- Montpellier/AS Saint-Étienne
Montpellier dans le rouge
Si, pour Montpellier, l’année de tous les records restera celle du titre de champion de France glané lors de la saison 2011/2012, il se pourrait bien que les hommes de Rolland Courbis en battent un autre cette saison. Moins glorieux. Celui du nombre de cartons rouges. Allez les gars, encore un petit effort !
C’est un fait, Montpellier ne va pas fort. 17e de L1, 16 points, deux petites victoires… Mais la statistique qui étonne le plus est la suivante : en seulement 17 journées de Ligue 1, les joueurs montpelliérains ont reçu dix (10 !) cartons rouges. Un nombre particulièrement élevé, ses deux « poursuivants » , Bastia et Ajaccio, étant loin derrière, et qui permet au club héraultais d’occuper la dernière place du classement du fair-play… Plus que trois petits rouges et le MHSC égalisera les tristes records de Bastia (98/99), du Paris Saint-Germain (02/03) et du RC Lens (03/04) qui avaient réussi à avoir 13 expulsés sur toute une saison. Parfois sans incidence directe sur le score comme celle d’Abdelhamid El-Kaoûtari face au Paris Saint-Germain ou encore celle de Saka Tiéné à Évian, plusieurs expulsions des joueurs de Montpellier ont plus ou moins changé le cours d’un match.
Au stade Louis-II lors de la quatrième journée, les Pailladins sont menés trois buts à un quand Daniel Congré décide de quitter prématurément ses partenaires après avoir légèrement gêné Ferreira Carrasco. Herrera est obligé de céder sa place à un défenseur (Mézague) et Montpellier annihile ses (maigres) chances de revenir au score. Avant d’en concéder un quatrième. Lors du déplacement sur la pelouse d’Ajaccio, Montpellier perd Yassine Jebbour à la 38e minute suite à deux cartons jaunes. Résultat final : 1-1. Dommage, car les anciens joueurs de Jean Fernandez avaient un beau coup à jouer avec l’expulsion du Corse Claude Goncalves dès la 10e minute de jeu. Trois journées plus tard, Jebbour (décidément) voyait encore rouge suite à une semelle sur le Bordelais Lucas Orban dans le premier quart d’heure de jeu. Une expulsion « très sévère » aux yeux de Jeannot après la défaite (2-0 suite à des buts de Diabaté et d’Obrianak en fin de rencontre) du MHSC. Face à Lorient : deux rouges en quatre minutes. Hilton à la 89e suite à un mauvais geste largement évitable sur le Breton Fabien Robert et El-Kaoûtari trois minutes plus tard pour avoir taclé un Lorientais dans la surface. Carton rouge, pénalty et un second but pour les Merlus histoire de sceller leur victoire (2-0) au stade de la Mosson. Seule exception notable à Valenciennes où Montpellier a réussi à égaliser dans les arrêts de jeu malgré l’expulsion de Delpagne à 74e. Mais cette manie du carton rouge n’est pas seulement imputable à Jean Fernandez. Le match suivant sa « démission » , l’équipe montpelliéraine prend un nouveau rouge (Congré, à la 50e) alors qu’elle menait au score à Toulouse. Même si le TFC perdra aussi un joueur, Montpellier est finalement accroché et ne prend qu’un point.
Spirale Négative
Ce nombre hallucinant de rouges, alors que la mi-saison n’est pas encore passée, laisse quand même perplexe. Si les arbitres ne sont pas toujours exempts de tout reproche comme à Chaban-Delmas, la faute revient aussi aux joueurs de Montpellier. « Quand on est à notre 6e expulsion, on ne peut pas mettre ça que sur le compte de la maladresse et du mauvais sort. On doit faire preuve d’un peu plus de maturité » , expliquait d’ailleurs le défenseur Daniel Congré à l’issue de la défaite face aux Girondins. Aujourd’hui renvoyé à ses matchs de foot depuis son canapé, Jean Fernandez, d’habitude si stoïque dans l’adversité, avait même fini par sortir du bois et montrer les crocs. Ou du moins les canines. Après l’expulsion de Mathieu Deplagne par M. Castro lors d’un match à Valenciennes, Jeannot voyait rouge lui aussi : « Je suis atterré par la façon dont Montpellier est arbitré » , lâche-t-il dépité. Pourtant, à en croire l’ancien arbitre de Ligue 1 Philippe Malige, aujourd’hui observateur chargé de superviser chaque week-end les prestations de ces collègues, le MHSC ne semble pas victime de l’œuvre du malin : « Sur ce que j’ai vu ce jour-là (à Bordeaux, ndlr), l’expulsion de Jebbour notamment, il n’y a pas matière à scandale. Vous savez, les arbitres sont là pour protéger les joueurs. Ils sont aussi observés et notés. Certains descendront en fin de saison, ils n’ont donc pas intérêt à faire n’importe quoi. » Point de cabale donc contre les Montpelliérains ? « Non, rétorque Malige. Quand une équipe est en difficulté, il y a parfois une forme de paranoïa qui s’instaure. »
Dans cette spirale de mauvais résultats et de succession d’expulsions, la confiance des joueurs montpelliérains est fragilisée. En plus des quelques points perdus qui auraient pu changer bien des choses, chaque contact, chaque tacle un peu appuyé risque maintenant d’amener la peur du carton dans leurs têtes. Et sans envie, la Paillade risque fort de ne pas décoller de sa 17e place. Rolland Courbis n’est « pas un magicien » comme il l’annonçait dans l’une de ses premières conférences de presse après sa nomination à la tête du MHSC. Mais pour redonner confiance à ses joueurs, il faudra bien qu’il tire quelque chose de sa manche…
Par Antoine Aubry et Aymeric Le Gall