- Ligue 1
- J10
- Saint-Étienne-Montpellier (0-1)
Montpellier croque les Verts
Le football n'est pas bien compliqué : une bonne défense à cinq, un but sur contre-attaque, et le tour est joué. Montpellier continue d'engranger des points face aux gros et Saint-Étienne peut faire sa propre autopsie : certains organes en son sein sont défectueux.
Saint-Étienne 0-1 Montpellier
But : Mbenza (21e) pour Montpellier
À quoi reconnaît-on une bonne défense ? Lorsqu’elle n’a pas la gueule de Dupond-Moretti, c’est simple : elle possède les traits des cinq larrons de derrière de Montpellier. Saint-Étienne pouvait prendre provisoirement le costume du dauphin de Ligue 1 en s’imposant à domicile vendredi soir ? Raté. La faute à quoi ? Un dispositif tactique à l’inverse de flamboyant, mais pour lequel on va peut-être commencer à donner une once de mérite à Michel Der Zakarian. Lui qui sourit si peu montrera peut-être un rictus de satisfaction en conférence de presse : Sainté s’est fait piéger, et le MHSC continue son opération étêtage en haut du classement.
Crocodile du nul
Il existe plusieurs recettes secrètes dans ce monde : celle du Coca-Cola, celle de la sauce du Big Mac, celle du Krusty Krab. À l’inverse, difficile de cacher la composition qui marche côté montpelliérain, cette bonne vieille défense à cinq qui avait permis à Pep Der Zakarian de ramener les points du nul face à Paris et Monaco, et la victoire contre Nice. Elle est bien là ce soir. Les premières minutes sont en conséquence à l’image d’une ouverture de soirée de boxe, lorsque les petites mains aux gros poings se foutent sur la tronche pour chauffer le public avant le Main Event. Giovanni Sio fête sa première titularisation depuis six semaines, souligne-t-on en cabine commentateurs, peut-être suffisant pour permettre aux Sudistes de l’emporter pour la première fois à Geoffroy-Guichard depuis 1995. C’est en tout cas lui qui, couché par terre après un cafouillage monstre dans la surface de réparation de Stéphane Ruffier, permet à Mbenza d’ouvrir le score en deux temps d’une remise à l’arrache (1-0, 21e).
Première surprise : le rookie qui était mené aux points vient d’envoyer Apollo Creed au tapis. L’arbitre décompte, le mastodonte secoue la tête, fait craquer ses cervicales, se relève. C’est reparti. Dominateurs dans le jeu grâce à un milieu de terrain plus efficace dans la récupération, les Stéphanois se montrent toutefois d’une faiblesse abyssale en attaque, entre Hamouma qui s’amuse à faire le plus de mauvais choix possibles, Diony blessé, obligé de céder sa place à Søderlund avant la mi-temps, et Pajot peu en réussite dans ses frappes. C’est prévisible, pas spécialement rapide, et surtout terriblement désorganisé… Sainté est un crocodile Lacoste : vert, doté d’une bonne réputation, il fait toujours joli sur un T-shirt, mais est incapable de mordre qui que ce soit.
L’impuissance du Flamby
En bon animal aux dents limées, Saint-Étienne croque sans craqueler, mâchouille sans déchiqueter, gobe les occasions comme un adolescent le ferait avec un Flamby : sans en profiter. Il faut voir ce florilège d’actes manqués avant l’heure de jeu, de Cabella qui frappe à côté (54e) ou dans les tibias des défenseurs (60e), à Hamouma qui loupe son face-à-face contre Benjamin Lecomte (63e), en passant par la barre de Pajot sur cette tête… (62e). En face, Der Zakarian se permet même un sourire sur son banc au moment de faire entrer Souleymane Camara : Montpellier maîtrise. Suffisamment à son goût, en tout cas. Il faut dire que sans une intervention salvatrice de Ruffier devant Mbenza, assurément le plus remuant du soir, les siens auraient déjà fait le break (56e).
Dans une volonté louable d’écarter la défense centrale montpelliéraine, les Verts insistent pourtant sur les ailes. Un joli film de guerre pour enfants : les balles tombent, mais ne font aucune victime, les coups francs terminent tous dans le mur. Parce qu’il faut bien offrir un frisson de fin de séance au spectateur dans la salle, Cabella a bien la balle du match nul dans ce un-contre-un perdu face à Lecomte, la faute à un lob très mal senti. S’ensuivront deux buts hors jeu pour Saint-Étienne, juste histoire de montrer que ce soir, rien ne pouvait rentrer. C’est maintenant au tour d’Óscar García d’entrer en piste : avoir une bonne défense, c’est aussi savoir expliquer son impuissance en conférence de presse.
Saint-Étienne (4-2-3-1) : Ruffier – Janko (Hernani, 74e), Théophile-Catherine, Lacroix, Gabriel Silva – Maiga, Pajot – Monnet-Paquet, Cabella, Hamouma – Diony (Søderlund, 26e). Entraîneur : Óscar García
Montpellier (5-4-1) : Lecomte – Mukiele, Pedro Mendes (Sambia, 81e), Hilton (cap), Congré, Aguilar – Mbenza (Ninga, 62e), Skhiri, Lasne, Sessègnon – Sio (Camara, 70e).
Résultats et classement de Ligue 1 Retrouvez tous les articles « Ligue 1 » iciPar Théo Denmat