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Montero, la Turbine de Swansea

Par Romain Duchâteau
6 minutes
Montero, la Turbine de Swansea

Par ses crochets dévastateurs, son activité incessante et ses courses folles, Jefferson Montero a charmé Swansea la saison dernière. Cette année, après avoir causé bien des tourments à Chelsea en match d'ouverture, il semble lancé pour faire succomber la Premier League. Portrait d'un homme qui adule Robert Pirès et vient de très loin.

Le contraste des décors laisse deviner l’immensité du chemin parcouru. Aux lumières brillantes et à l’opulence presque indécente de la Premier League s’opposent la simplicité de Babahoyo. C’est au cœur de cette ville d’Équateur de plus de 140 000 âmes, capitale de la province de Los Ríos, que Jefferson Montero a tapé dans ses premiers ballons. Là qu’il a grandi, qu’il s’est construit autour d’une famille aimante et soudée. « Je viens d’une famille humble, c’est ce qui m’a rendu fort et me permet aujourd’hui de faire mon métier avec beaucoup de plaisir, se réjouissait-il en juin dernier. Ma famille est heureuse. Mon père était paysan. Aujourd’hui, il gère une ferme que j’ai pu acquérir. C’est ce qu’il mérite » . De ses propos, toujours marqués d’une profonde modestie, transpirent une indéniable part de fierté. Celle d’avoir pris son envol vers l’Europe pour désormais s’implanter au sein de l’équipe de Swansea, l’une des valeurs sûres du championnat anglais. Mais, avant cela, il a fallu s’armer de patience.

« J’ai eu le même traitement hormonal que Messi »

À vrai dire, sans le ballon rond, Jefferson Montero aurait sans doute eu une autre vie. Pas celle d’un joueur de football de haut niveau, mais d’un agriculteur. Très jeune, il épaulait son père dans son exploitation agricole de bananes qui entourait sa maison à Babahoyo. « C’est un travail dur, vraiment dur. Les jours sont longs et difficiles, se remémorait-il en décembre dernier. Ce qui est certain, c’est que je ferais ça maintenant si je n’avais pas joué au foot. J’ai travaillé dans des exploitations pendant un moment mais j’étais paresseux. Je voulais juste jouer au foot. C’est toujours ce que j’ai voulu » . Une passion irrépressible qui le pousse à sécher l’école pour s’adonner aux plaisirs du ballon rond. Sauf que l’envie et le talent ne suffisent pas à l’époque pour séduire les clubs. Trop petit, Montero a dû prendre des hormones de croissance afin qu’on lui offre sa chance : « J’ai eu le même traitement hormonal que Lionel Messi quand j’étais jeune. Sans ça, je serais probablement plus petit de dix centimètres aujourd’hui (il mesure désormais 1m70, ndlr) » .
C’est en 2007, à dix-sept piges, que Jefferson Antonio Montero Vite entame sa carrière professionnelle à Emelec, porté par l’amour du foot de son paternel. Et endosse ensuite le maillot de l’Independiente et des Mexicains de Dorados, avant de faire le grand saut pour l’Europe. Direction Villarreal, en 2009. Le début d’une irrésistible ascension ? Pas vraiment. En Espagne, l’Équatorien se retrouve confronté à une concurrence aiguisée, rédhibitoire pour espérer s’imposer. « En fait, la première saison, je me suis retrouvé dans la réserve, ensuite dans l’équipe première mais je ne jouais pas. À mon poste, la concurrence était rude » , a-t-il reconnu, lucide, plus tard. Du coup, l’ailier gauche a enchaîné les prêts. Pour s’aguerrir, mûrir, affronter l’adversité. « Il était arrivé à Cazorla la même chose qu’à moi. Il avait dû aller au Recreativo Huelva pour gagner du temps de jeu. Il m’a recommandé de faire la même chose et je me suis retrouvé à Levante. Ça s’est bien passé. Je ne voulais pas revenir à Villarreal car je savais que ce serait difficile de jouer. Finalement, après quelques jours, on m’a prêté au Betis Séville, où j’ai réalisé ma meilleure saison » .

L’idole Robert Pirès

Chez le sous-marin jaune, le passage de Montero n’a pas été une sinécure. Mais il n’a pas pour autant perdu son temps. Là-bas, il a côtoyé Robert Pirès, un homme qu’il regardait et adulait du temps d’Arsenal. « C’est une personne incroyable, l’encensait-il, plein d’admiration. Il m’a aidé, comme Marcos Senna et Santi Cazorla. J’étais un tout jeune joueur qui avait grandi dans un quartier populaire du Tiers-monde et ces joueurs-là m’ont traité avec beaucoup de considération. Quand je me suis retrouvé à m’échauffer à côté de Robert Pirès, ça a été incroyable. J’avais 19 ans. J’ai beaucoup appris à ses côtés » . L’ex-international tricolore et aujourd’hui consultant à beIN Sports ne l’a d’ailleurs pas oublié, lui aussi : « Quand il est arrivé à Villarreal, il était jeune et très timide. Dès ses premiers entraînements, j’ai vu de suite qu’il y avait de la qualité » .
En outre, Pirès se souvient d’un homme d’une extrême humilité, travailleur, demandeur de conseils. « C’est un bon mec, vraiment, avec une bonne mentalité. Il a une bonne éducation et est très respectueux avec les anciens, loue l’ancien Gunner. Quand tu vois un jeune arriver avec beaucoup de qualités, tu as forcément envie de l’aider pour qu’il réussisse. Je sais qu’il était demandeur de conseils, qu’il était intéressé. Il voulait savoir, apprendre et ça, j’aimais beaucoup. C’était en permanence d’ailleurs » . Au-delà des qualités humaines indéniables, ce dernier reste avant tout marqué par son profil de détonateur des défenses. « Ce que j’aime chez lui, c’est qu’il est en permanence en train de provoquer son adversaire, poursuit-il. C’est un très bon dribbleur, il va vite, peut jouer à droite ou à gauche. Il se passe quelque chose avec lui. Il est puissant, utilise des petits crochets. Puis ce qu’il fait, c’est efficace. Il sait quand il faut temporiser, donner le ballon. Quand il est en action, il fait généralement mal au latéral droit qui lui fait face » .

R. Pirès : « Selon moi, c’est le joueur prototype pour Arsenal »

Des qualités de percussion et de vivacité, par ailleurs propres aux autres joueurs équatoriens comme Antonio Valencia ou Enner Valencia, qui lui ont valu le surnom de « La Turbine » . Provoquer, déstabiliser, mettre à mal son vis-à-vis. L’essence même du style Montero : « J’ai toujours aimé faire courir les défenseurs. C’est une partie du jeu que j’aime. Mon nom de famille est Montero, le nom de ma mère est Mercedes donc certains, chez moi, m’appellent Ferrari. Cela me fait rire » . Après un retour salutaire au Mexique et un passage de deux ans à Monarcas Morelia, l’international de la Tri (49 sélections, 9 buts) a rejoint Swansea, en juillet 2014. Et, cette fois, le début de l’ascension semble vraiment acté. Grâce à ses crochets courts et ses courses ébouriffantes, il est devenu le joueur frisson des Swans. La saison dernière, il figurait juste derrière Eden Hazard au classement des meilleurs dribbleurs du Royaume et avait marqué les esprits pour avoir fait danser presque à lui tout seul Arsenal (0-1, 11 avril 2015).
Cette année, pour le premier match de la saison (2-2 contre Chelsea), il a mis au supplice Branislav Ivanović, soit l’un des meilleurs latéraux droits en Angleterre et en Europe. « Vous avez vu à Chelsea les dommages que peut causer Jeff, a apprécié son manager Gary Monk au sortir de la rencontre. Il avait déjà montré la saison dernière de quoi il était capable face à Arsenal, mais il peut le faire bien plus souvent. C’est une chance de posséder une telle menace dans notre équipe. C’était le jour de Jeff aujourd’hui, il a été excellent contre une bonne formation et a provoqué une quantité de problèmes à une défense expérimentée » . Conscient que « La Turbine » a encore une belle marge de progression à vingt-cinq ans, Robert Pirès voit déjà plus loin pour son ancien compère : « Peut-être que je m’avance mais, selon moi, c’est le joueur prototype pour Arsenal » . En attendant d’accéder, un jour, à de telles sphères, Jefferson Montero savoure le chemin parcouru. « Je suis désormais en mesure d’aider ma famille, ce qui a toujours été mon rêve. Mon père n’a plus à travailler » . Juste à savourer des bananes.

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Propos de Robert Pirès recueillis par RD, ceux de Jefferson Montero issus de So Foot et du Daily Mail

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