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Monsieur Pogboom et Docteur Pogbof
Dans une équipe de France sans imagination et au cœur d’une prestation collective décevante, la solution aurait pu (aurait dû ?) venir de Paul Pogba. Mais encore une fois, ça restera un vœu au conditionnel.
S’il avait voulu convaincre ses détracteurs qu’ils étaient dans le vrai, Paul Pogba n’aurait pas pu s’y prendre autrement. C’est simple : dimanche soir, le milieu de terrain de l’équipe de France a presque tout raté et souvent tout fait de travers. Et ce, en donnant l’impression de ne rien faire. Allez comprendre… Alors que le match face aux Pays-Bas avait renvoyé l’image d’un Pogba travailleur, concentré, désireux de faire progresser l’équipe, de jouer – le plus souvent – simplement et en bonne intelligence avec N’Golo Kanté, la rencontre face au Luxembourg a laissé place au Pogba que personne n’aime voir évoluer. Comme trop souvent avec lui en équipe de France, le « pas mal du tout » précède généralement le « pas terrible » .
Faible sur ses points forts
Dimanche soir, Paul Pogba a été un poids pour les Bleus. On loue souvent sa qualité de frappe et sa faculté à marquer de loin, mais face au Luxembourg, la grande majorité de ses nombreuses tentatives – dont on retient une frappe détournée par Joubert et une tête sur la barre, tout de même – ont été forcées, imprécises ou, pire, inutiles. Dans le cœur du jeu, le joueur de Manchester United n’a jamais su créer le décalage ou trouver ses latéraux, n’a jamais porté le ballon pour casser les fameuses lignes. Il n’a pas fait ce que l’on attendait d’un joueur talentueux face à une équipe courageuse certes, mais modeste. Il a été faible sur ses points forts : la technique et le physique. Et fort sur son point faible : la nonchalance.
En soi, ça ne veut pas dire grand-chose, la nonchalance. Le terme est même plutôt galvaudé, usé à tort et à travers. D’illustres joueurs dégageaient ou dégagent cette impression, sans que cela ne les empêche d’être décisifs ou au-dessus de la mêlée. On ne juge pas un joueur à sa capacité à courir ou à faire la grimace. Face à la Hollande, le Mancunien avait rendu une copie correcte et tenu la comparaison avec l’engagement et le sérieux de N’Golo Kanté. Vendredi matin, c’était fait, l’affaire était pliée : on avait notre paire de milieux pour aller marcher sur la Russie l’été prochain. Et puis patatras…
Dans l’implication face aux Luxembourgeois, il y avait plusieurs classes d’écart entre l’ancien milieu de la Juventus et le joueur de Chelsea. Pogba combatif et appliqué le jeudi contre Pogba laxiste et nerveux le dimanche. On en attend toujours plus de Paul Pogba en Bleu parce qu’il n’en a tout simplement pas montré assez au regard de son potentiel. On peut débattre des heures du positionnement idéal pour Pogba, de son rôle en club et en sélection, du système dans lequel il serait le plus à l’aise. Mais le fait est qu’aujourd’hui, au regard de son rendement, on imagine mal Didier Deschamps, déjà critiqué pour sa gestion du joueur, réorganiser son équipe, ne serait-ce que son milieu, afin de mettre Pogba dans les meilleures conditions, comme il a pu le faire pour Griezmann en attaque.
Merci l’arbitre !
S’il a toujours la confiance de son sélectionneur, qui ne semble pas décidé à le sortir du onze de départ – à se demander s’il est vraiment si « pragmatique » que ça… –, c’est peut-être monsieur Aleksandar Stavrev qui a redistribué les cartes au milieu du terrain de l’équipe de France. En adressant un carton jaune à Paul Pogba à dix minutes de la fin d’un match que ce dernier aurait dû finir sur le banc, l’arbitre macédonien a suspendu La Pioche pour le prochain match – hyper important – des Bleus en Bulgarie. Didier Deschamps aura alors tout le loisir d’aligner Corentin Tolisso ou Adrien Rabiot, voire de remettre Blaise Matuidi aux côtés de N’Golo Kanté. Ce 7 octobre à Sofia, il restera 250 jours tout pile à Paul Pogba avant le début de la Coupe du monde 2018 pour faire oublier son mauvais téléfilm de dimanche soir…
Par Pierre Maturana