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Monnet-Paquet est-il un arrière droit ?
Combien de joueurs de Ligue 1 ont la chance d'avoir un chant à leur nom ? Kévin Monnet-Paquet fait partie de ceux-là. Problème, dans sa comptine, les supporters stéphanois se demandent s'il est attaquant ou défenseur. Une problématique déjà évoquée période Galtier avant que Jean-Louis Gasset ne réussisse à lui faire avaler la couleuvre... et sujette à questions.
Il fait partie de ces figures de Ligue 1 dont on ne remarque même plus la présence, ni l’absence, d’ailleurs. Kévin Monnet-Paquet, au-delà d’un nom à ressusciter Pierre Desproges, est surtout un historique. Un bonhomme qui mijote depuis 2014 au fond d’un chaudron juste assez chaud pour ne pas lui brûler les pieds, mais qui s’est lui-même désespéré de voir le bonhomme réellement monter un jour en température. Il faut pourtant lui reconnaître une certaine loyauté, pour une fois qu’il en est question.
Cet été, alors que Saint-Étienne tardait à lui proposer une prolongation de contrat et que Reims et Caen clignaient des cils à n’en plus pouvoir, lui avait attendu un signe. Un pas grand-chose, mais quelque chose quand même, mince. On ne tombe pas dans l’oubli après quatre ans de relation. Et puis Gasset, père Castor, avait fini par décider de continuer l’histoire, exigeant en personne une prolongation de trois ans du contrat de son poulain. Seulement voilà : depuis, KMP n’a jamais aussi rarement joué en attaque.
Mercato d’ivresse, dépannage express
La première surprise est venue un soir de troisième journée de championnat à La Mosson, où le père spirituel a installé le fils sur le flanc droit d’une défense à cinq exceptionnellement testée face au MHSC. « Le coach me connaît, disait-il après la rencontre. Je peux jouer partout. » Un peu de banalités de footballeur, et puis ça : « Je n’affectionne pas plus de jouer latéral, mais je pense avoir les capacités de couvrir plusieurs rôles. Priorité à l’équipe. » L’équipe, justement : Janko à Porto, Théophile-Catherine au Dinamo Zagreb et Pierre-Gabriel à Monaco. Voilà le bilan défensif d’un été stéphanois qui a eu le mérite d’étêter les ailes des Verts en même temps que leur masse salariale, mais laissant Gasset sacrément dépourvu en éléments défensifs. Dommage, pour un système tactique qui en nécessite plus que la moyenne. Et s’il reste bien quelques branches mortes, parmi lesquelles Cheikh M’Bengue et Pierre-Yves Polomat, elles ont rapidement été dégagées d’un coup de balai désintéressé.
Le problème se pose là : Kévin-Monnet Paquet a reculé dans la hiérarchie offensive des Verts en même temps que son recrutement s’affûtait (Diony, Khazri, Salibur, Berič), et répond par sa polyvalence à un manque numérique dans un secteur de jeu où, de son propre aveu, il peut dépanner. Cause, conséquence, et voilà KMP de nouveau latéral droit au Parc contre Paris, puis milieu droit reculé face à Toulouse le 25 septembre dernier. Un repositionnement logique pour Jean-Guy Wallemme, aujourd’hui coach au C’Chartres Football et premier entraîneur à avoir fait de l’attaquant un titulaire indiscutable à Lens, saison 2008-2009, période Ligue 2. « Je pense que Gasset s’en sert pour faire la relation entre les transitions défensives et offensives, ou l’inverse. C’est quelqu’un qui se replace rapidement, même s’il a toujours eu cette problématique d’efficacité dans son ratio d’occasions de but. Mais il a d’autres qualités : il a la santé, il fait des efforts, et pour un joueur de couloir, c’est intéressant pour un entraîneur. » Comprendre : le pari de la vélocité, à défaut de mieux. Mais pour quelle efficacité ?
Complainte d’un inefficace
Retour en 2014. Déjà au Parc des Princes, déjà contre Paris, déjà pour une défaite (5-0, cette fois). Monnet-Paquet découvrait ce soir-là le poste d’arrière droit en Ligue 1, sans grand succès. En réalité, ça n’est jamais une grande réussite, peut-être car toujours à l’extérieur, comme le souligne Wallemme : « Contre Montpellier, Paris ou Toulouse, Gasset l’a sûrement aligné dans une volonté de fermer un peu plus le jeu et de contrer. » La solution avait plutôt bien marché contre un Bernat en rodage, moins pour le reste. Néanmoins, le désormais trentenaire (déjà !) répond ainsi à la problématique de son rendement, régulièrement moqué pour des statistiques pas fameuses – 17 buts et 9 passes décisives en 171 matchs pour Sainté. C’est d’ailleurs l’objet de son chant affectueusement moqueur à Geoffroy-Guichard :
(Sur l’air des Champs-Élysées)
« Oh, Monnet Paquet, palapalapa x2
Pas attaquant, pas défenseurOn sait même pas si c’est un joueur
Mais ça ne nous empêche pas de l’encourager »
« Ce n’est pas forcément quelqu’un qui a la technique du tacle, même s’il a dû s’améliorer avec le temps, reprend Wallemme. Quand ils jouaient à Lens avec Razak Boukari, c’étaient vraiment des attaquants qui permutaient dans notre 4-4-2. Mais par sa vélocité et sa vitesse, il est accrocheur. Attention, il est capable de se mettre par terre quand même, hein, même s’il n’apprécie pas ça. » En clair, KMP est un couteau suisse un peu émoussé, mais multi-outils quand même. Un bonhomme apprécié par son entraîneur, qui lui avait offert huit titularisations sur les dix derniers matchs de la saison dernière (deux buts, deux passes décisives), et quatre cette saison (rien), dont la moitié à un poste qui n’est pas le sien. Et où Christophe Galtier avait déjà tenté de l’installer en son temps, avant de recevoir un non définitif de l’intéressé. Point positif : accepter de défendre sa place de titulaire, c’est déjà une belle preuve d’adaptation.
Par Théo Denmat