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Mondial 2022 : Le nouveau tour de Didier Deschamps avec la France

Par Maxime Brigand, à Doha
Mondial 2022 : Le nouveau tour de Didier Deschamps avec la France

Arrivé à ce Mondial avec prudence, Didier Deschamps a réussi à souder un nouveau groupe en quelques semaines et à emmener l’équipe de France disputer la septième demi-finale de Coupe du monde de son histoire. Et après ça, quoi ? Un nouveau tour ? Il semblerait que oui.

Trois coups de sifflet et les joueurs tombent comme des mouches. Hugo Lloris relance un ballon en direction d’une tribune du stade Al Bayt comme Jan Železný aurait envoyé un javelot dans le ciel. Olivier Giroud cache son visage dans son maillot. Harry Kane, lui, s’accroupit et planque le sien entre ses jambes. Jude Bellingham, 19 ans depuis quelques mois, est allongé de tout son long, immobile. Ce n’est plus un terrain de foot : c’est à la fois un cimetière de rêves brisés et un trampoline sur lequel rebondissent de grands hommes bleus. En marge de ce tableau, Didier Deschamps sourit. Une caméra de télé approche, la lumière s’allume : «  C’est fabuleux. On a rencontré une belle équipe d’Angleterre, mais on a répondu, encore une fois. Il faut savourer. On a envie de suspendre le temps. On est en demi-finales d’un Mondial, ce n’est pas rien. La qualité est là, il y a aussi un mental et un état d’esprit. Ça se voit. Heureusement qu’ils ont raté le penalty. C’est avec le cœur et les tripes qu’on tient ce but d’avance. »

Puis, une heure plus tard, le sélectionneur, qui pourrait devenir dimanche, à Doha, le deuxième de l’histoire à conserver son titre sur un banc après Vittorio Pozzo (1934, 1938), est venu évoquer d’autres choses : la nécessité de «  garder l’humilité  », les résultats qui «  cimentent » un groupe qui se découvre un peu plus encore à chaque piège évité, la «  force collective  » qui permet à une équipe A de faire tourner «  les petits détails  » dans son sens alors qu’elle affronte une équipe B au plan parfait. Si le Maroc n’est pas arrivé en demi-finales de cette Coupe du monde par hasard, l’équipe de France non plus : la chance n’existe pas tellement à de telles hauteurs. Le coup de pouce du destin peut arriver une fois, deux fois, pas plus, et ce constat a évidemment quelque chose de rassurant à l’heure de voir l’équipe de France disputer la septième demi-finale de Coupe du monde de son histoire. Tout n’a évidemment pas été parfait depuis la mi-novembre – les Bleus ont notamment concédé face à la Tunisie, et sans le voler, leur première défaite en phase finale depuis la finale de l’Euro 2016 -, mais chaque membre du train tricolore vient le répéter : rien n’aurait été possible sans Deschamps à la tête de la locomotive.

 Je trouve qu’il a évolué avec le temps. Il a toujours ses habitudes, mais il est plus serein. Il évoque certains sujets plus facilement avec la génération actuelle. Il échange beaucoup avec nous.

Les pépins ? Quels pépins ?

Homme de tournoi, qui semble avoir été taillé pour vivre en permanence au-dessus du feu, le Bayonnais serait, à en croire ses joueurs, «  une chance  ». Raphaël Varane a touché deux mots sur le sujet lundi, à Doha : «  Ma relation avec le coach a évolué en dix ans, mais c’est important pour nous d’avoir ce point de repère. Il est attentif au moindre détail. » Mercredi dernier, Adrien Rabiot était allé un peu plus loin sur le sujet, acceptant d’évoquer l’épisode de son refus de figurer parmi une liste de réservistes avant le Mondial 2018 et un homme qui connaît aujourd’hui «  mieux [sa] personnalité  ». «  Je trouve qu’il a évolué avec le temps, poursuivait-il alors. Il a toujours ses habitudes, mais il est plus serein. Il évoque certains sujets plus facilement avec la génération actuelle. Il échange beaucoup avec nous. » Ce qu’en a dit Giroud : «  C’est vrai. Peut-être qu’il me parlait un peu moins à l’Euro, mais là, il nous parle beaucoup, tous les jours, et encore plus quand on se rapproche du match. » Avant et au début de ce Mondial, Deschamps a pourtant dû jongler avec les pépins, trancher sur le cas de Karim Benzema, dont la situation physique aurait pu plomber les conversations, et se sortir d’un contexte pesant.

Guy Stéphan assure pourtant : «  Il a très bien préparé cette compétition. Quelquefois, ça a moins bien réussi, mais il a parfaitement anticipé. Il a tout de suite voulu jouer à quatre derrière, par exemple. Il a maintenant une grande expérience des compétitions. Bon, il ne vous dit pas tout non plus. » Évidemment, d’autant qu’il y a une part de légende ici, car le plan A – celui qui avait été anticipé par Deschamps – avait Karim Benzema pour pointe, ce qui aurait certainement débouché sur une autre animation avec et sans ballon. «  Oui, la donne aurait été différente, mais Karim n’est pas là, a répondu Stéphan il y a quelques jours. On ne saura pas, pas la peine de se triturer les méninges. D’ailleurs, ce qui a été dit n’était pas juste : l’ambiance était bonne avec lui, elle est bonne sans lui. Mieux vaut parler des présents qui ont bien joué. Cette équipe a des résultats. »

Chaque match, chaque action, c’est comme un merci que je lui adresse. Je veux essayer de tout faire pour qu’il soit fier de son numéro 7.

Les pouvoirs au groupe

Aidé par les performances positives, ce qui permet d’arrondir tous les angles du monde, mais aussi par un groupe d’anciens et de jeunes loups qui a su trouver son équilibre, Deschamps n’a ainsi plus que les affaires courantes à expédier : la séance du jour, le bruit des passes échangées dans l’immense stade Jassim-bin-Hamad, situé à cinq kilomètres de l’hôtel des Bleus, le match qui arrive… Il maîtrise. «  Il donne presque tous les pouvoirs au groupe, glissait Antoine Griezmann il y a une dizaine de jours. À nous de gérer, sur et en dehors du terrain, et je lui dois énormément. Je donne tout pour le maillot, pour la France, mais aussi pour lui. Chaque match, chaque action, c’est comme un merci que je lui adresse. Je veux essayer de tout faire pour qu’il soit fier de son numéro 7. Tout le groupe est dans cet état d’esprit, et quand il donne un ordre ou un conseil, on est à fond derrière. » Plus d’un an après un Euro traversé avec un groupe moins uni – on en revient à la capacité mystique qu’ont les performances à souder un ensemble de joueurs -, Didier Deschamps a pris le temps de discuter avec chaque pion des petits détails : Jules Koundé a tout de suite été prévenu qu’il venait au Qatar pour être latéral droit, Dayot Upamecano, que le sélectionneur a poussé à s’exprimer davantage, a vite compris qu’il aurait une place de titulaire aux côtés de Raphaël Varane, Ousmane Dembélé a rapidement été responsabilisé, Benjamin Pavard a été reçu pour un entretien individuel, vidéo à l’appui, après France-Australie.

La gestion du joueur du Bayern est jusqu’ici le seul gravier dans la machine de Deschamps, mais les résultats, et la performance rassurante de Koundé contre l’Angleterre, ont renforcé le patron dans ses choix. Il faut aussi retenir que, quatre ans après la Russie, Didier Deschamps a su reconstruire son animation en trouvant un nouveau rôle brillant à Antoine Griezmann et en acceptant de complètement détacher Kylian Mbappé de l’animation défensive. Tout ça, pour le meilleur, même si on peut se demander la trace qu’aurait laissé derrière elle cette équipe de France, qui peine à incarner une autre image que celle d’une bande de types imbibés par la performance sportive, en cas d’élimination face à l’Angleterre. Le fait est que rien de tout ça n’est arrivé et que le terrain a parlé. Deschamps ayant toujours voulu être jugé sur les résultats, rien que sur les résultats, a donc jusqu’ici tout bon, alors qu’un drôle de Maroc, assez époustouflant, qui adore lui aussi souffrir pour mieux sortir la boîte à gifles, s’approche à l’horizon. C’est un col de plus, une nuit étouffante à ajouter dans le cahier d’un indétrônable gagneur pour qui le Qatar ne pourrait être qu’une étape de plus. Interrogé samedi soir, il n’a rien voulu entendre alors que son président, Noël Le Graët, le supplie de rester en poste. Quelque chose nous dit qu’en cas de victoire dimanche, Didier Deschamps repartira pour un tour. Au fond, pourquoi partirait-il sans avoir accroché un Euro sur son CV après avoir vu ses Bleus déchirer les mauvais présages ? On en est encore loin : il y a, déjà, des Lions à mettre en cage, avec le cœur et les tripes. À la Deschamps, finalement.

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