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Mondial 2014 : un G32 sans surprises

Par Chérif Ghemmour
7 minutes
Mondial 2014 : un G32 sans surprises

Panorama des forces en présence à la Coupe du monde : son élite (presque au complet), ses seconds et ses soutiers. Plus une analyse de la représentation continentale qui fait toujours débat…

Qui sont les 32 du foot mondial 2014 ?

La FIFA peut se réjouir : la plateau de Brésil 2014 sera constitué par les nations-phares de la footosphère, ainsi que (presque) toutes ses puissances moyennes et émergeantes. D’abord, l’élite mondiale constituée des quatre éternels : Brésil, Argentine, Allemagne et Italie. Sans l’un deux, une Coupe du monde ne peut pas être une « vraie » Coupe du monde. Ce carré d’as qui concentre un nombre de participations record (Brésil, qualifié à toutes les coupes du monde) pèse 14 titres suprêmes sur 19 ! À cause de ses trop nombreuses non-participations, l’Uruguay n’entre pas dans cette quinte prestigieuse, malgré ses deux triomphes (1930, 1950). Un Mondial sans l’Uruguay n’affecte jamais vraiment la compète, à la différence de l’absence d’un des quatre Grands. Du coup, la Celeste se voit reversée à la tête du Deuxième Cercle honorifique. Ce Cercle comprend aussi d’autres vainqueurs (Espagne, Angleterre, France) mais aussi des poids lourds du foot mondial sans lesquels également, une Coupe du monde manque d’intérêt (Portugal et surtout Pays-Bas, triple finaliste). Vient ensuite le gros du peloton, un groupe de nations souvent outsiders qui ont vocation à rejoindre le deuxième Cercle, pour peu qu’ils gagnent le titre ou du moins qu’ils finissent souvent dans le dernier carré. La Corée du Sud l’a déjà fait (demie en 2002) et avec ses 8 participations d’affilée, série en cours, elle pourrait un jour monter de catégorie. Idem pour la Russie / URSS (demie en 1966) qui paye des trous rédhibitoires dans son CV de mondialiste.

Le reste de ce Troisième Cercle regroupe les forces moyennes aussi disparates que les sud-Américains Colombie et Chili, ainsi que les ténors incontournables du Concacaf, Mexique (6 participations d’affilée, en cours) et USA (7 d’affilée, série en cours). Autre participant régulier devenu un bon client de la zone Asie, le Japon (5 d’affilée, série en cours). Vient encore le contingent africain et ses tauliers respectables et incontestés : Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana et Nigeria. Enfin, parmi ces « forces moyenne » , citons la Belgique (qui paye sa double absence très remarquée en 2006 et 2010), Suisse, Grèce, Équateur. Mention particulière à la Croatie et à la Bosnie, partiellement héritières de la grande nation de foot Yougoslavie mais états trop neufs pour peser suffisamment. Au quatrième et dernier rang, tous les autres, au vu de leur « faiblesse » sportive et de leurs participations irrégulières : Iran, Costa-Rica, Honduras, Australie. L’Algérie, 5e d’un contingent exactement identique à celui de 2010 (Afsud en plus puisque qualifiée d’office) clôt ce quatrième Cercle malgré son prestige du Mundial 1982, mais du fait justement de son irrégularité au plus haut niveau…

Les grands absents

Un constat saute aux yeux : l’absence de toute la Scandinavie ! Le sacré paradoxe c’est que la petite Islande aurait pu représenter cet ensemble des Pays Nordiques (l’Islande est assimilée à la Scandinavie)… Autant la non-qualification de la Norvège et de la Finlande ne choque pas vraiment, autant l’échec du Danemark et de la Suède affectent un peu la bonne tenue de Brésil 2014. Outre que ces deux pays ont largement leur place très respectable dans le Troisième Cercle cité plus haut, il va falloir se passer des Danois toujours intéressants tactiquement et surtout, côté suédois, on regrette déjà l’absence de Super Zlatan. Mais, bon… C’est la vie, c’est comme ça : ça aurait pu être également sans CR7 ! Autre fiasco remarqué : l’ex-Bloc de l’Est européen : Hongrie, Pologne, Bulgarie, Tchéquie et Slovaquie, voire Serbie (plus attachée aux Balkans mais slave au moins par la langue). La Russie sauve l’honneur. Le fiasco quasi général et commun à la Scandinavie et aux « Pays de l’Est » corrobore d’abord, hélas, le déclin des clubs de ces pays respectifs dans les coupes d’Europe (Ukraine mise à part). Une dure leçon à méditer pour les pays dont les clubs périclitent en coupes d’Europe (non mais, allo, quoi à Le Graët et Thiriez !) Et c’est aussi le cas d’une grande absente, devenue aujourd’hui quasi disparue, la sympathique Écosse, giclée de toutes participations aux Mondiaux et aux euros depuis France 98. Un foot de clubs sinistré depuis 10 ans, malgré quelques coups d’éclats en C3, du à son championnat totalement dévalué. Snif. Sans surprise, les deux Irlande n’appartenant pas au gratin planétaire, pas plus que le pays de Galles. On regrettera quand même Gareth Bale, autre héros maudit, comme ses prédécesseurs celtes Ryan Giggs et George Best. Un petit mot sur la Turquie (3e en 2002), grand pays de foot aux supporters incandescents : dommage…

Côté Asie, la FIFA peut déplorer la non venue de la Chine. Sportivement, il n’y a évidemment rien à y redire au vu du rang toujours marginal occupé par l’Empire du Milieu. Reste que la « conquête de l’Asie » initiée depuis 20 ans par la FIFA visait beaucoup la superpuissance chinoise (géant politique, démographique et économique). Un marché considérable, des partenaires économiques potentiels et des droits TV substantiels, voilà les intérêts bien compris que la FIFA voulait sécuriser. Or, depuis son unique participation au Mondial 2002, les Chinois font faux bond… Autre enjeu symbolique manqué : sans la grande Chine (voir l’Inde aussi, mais c’est une autre histoire), le principe d’universalité du football prôné par la FIFA demeure dans l’absolu un concept inabouti. Enfin, on n’oubliera pas de mentionner l’anomalie égyptienne. Les Pharaons payent malgré eux une situation politique récente qui prolonge, hélas, une absence incroyable au vu de sa position dominante en Afrique ces dernières années. Sa triple couronne à la CAN (2006, 2008, 2010 en ayant battu tous les autres ténors continentaux) aiguise tous les regrets du monde…

Une répartition des continents injuste ?

Débat sempiternel mais légitime. Allons droit au but : l’Europe et l’Amsud sont-elle oui ou non surreprésentées ? En apparence, oui. Avec 13 Européens plus 6 sud-Américains, on atteint 19 participants sur 32, soit plus de la moitié. Reste que… Eut égard au poids réel sportif incontesté de ces deux continents (vainqueurs de toutes les coupes du monde, on le rappelle), cette répartition se tient aujourd’hui encore. Même si ces deux zones géographiques en imposent aussi du fait de leur longue et vieille histoire footballistique et de leur poids économique gigantesque (surtout l’Europe et ses opérateurs TV, ses riches téléspectateurs, ses partenaires-sponsors FIFA, etc.) On peut toutefois critiquer le gros contingent du Conmebol (Amsud) et ses 6 participants sur 10 nations. Mais dans le détail, il faut nuancer : l’Uruguay a décroché sa place en barrage (donc une « demi place » au départ) et le Brésil, organisateur et qualifié d’office, a porté à 6 un contingent continental réduit à 5 habituellement… Et l’Europe ? Déjà, son quota a décru : 13 nations actuelles (comme en 2010 et 2014), c’est deux de moins qu’en 1998 et 2002, et surtout nettement moins qu’auparavant encore (13 sur 24 en 1994). De plus, il faut rappeler qu’avec la chute du Mur et l’implosion de l’ex-Yougoslavie, les nations nouvelles se sont multipliées et ce, sans faire gonfler le contingent européen. Conclusion : il y a bien position dominante de l’Europe et de l’Amsud, mais pas vraiment « abus » de position dominante.

Autre grand débat : y a-t-il sous-représentation de l’Afrique (5 qualifiés pour 55 pays) ? En apparence, oui, là aussi. Surtout si l’on considère l’élévation continue du Continent Noir, de par ses meilleures sélections devenues de gros clients internationaux et de par ses stars mondialisées (Drogba, Eto’o, Yaya Touré). Problème… Par intérêts ou non, la FIFA (par ses deux patrons successifs, João Havelange et Sepp Blatter) a réellement promu l’Afrique depuis 1998 en passant à 5 nation sur 32 (puis 6 en 2010) et en offrant à l’Afrique du Sud l’organisation du Mondial 2010. Et pour quels résultats ? Pas extra, malheureusement… Seuls le Sénégal (2002) puis le Ghana (2010) sont parvenus en quart de finale, soit un troisième quart après le Cameroun 1990. Pas mal, mais insuffisant. Faut-il rappeler le fiasco africain de 2010, « à la maison » , où tous les Africains ont giclé au premier tout, Ghana excepté ? L’Afrique n’a jamais placé au moins deux équipes en 8e. Le constat fait mal et parle donc de lui-même. Il est d’autant plus accablant lorsque l’on compare l’Afrique à l’Asie. Pour une représentation continentale presque équivalente (4 qualifiés pour 46 pays dans la Zone Asie, 5 sur 55 pays), l’Asie fait un peu mieux. Avec 4 lauréats actuels, dont l’Australie (qui a quitté la Zone Océanie), l’Asie a placé deux sélections en 8es et plus au Mondial 2002 (Japon, donc, et Corée du Sud 4e) ainsi qu’en 2010 (Corée du Sud et Japon). Or, l’Asie partait de plus loin que l’Afrique en termes de qualité footballistiques intrinsèques, d’individualités et surtout en termes de sélections marquantes : le grand Cameroun 1990, les Super Eagles nigérians (1994,1998) et les Sénégalais 2002 n’ont pas su s’installer durablement dans la hiérarchie mondialiste. Le Ghana commence tout juste à s’y incruster (8es en 2006 et quarts en 2010) : c’est bien mais encore insuffisant pour prétendre au nom de l’Afrique à un sixième ticket. Africains et Asiatiques peuvent revendiquer plus : c’est possible à condition de progresser, alors lâchez-vous au Brésil, les amis ! Parce qu’il y aurait bien une petite place à gratter : vous ne trouvez pas qu’il y a un participant de trop dans la Zone Concacaf, où hormis Mexique et USA (toujours quasiment qualifiés), le niveau souvent très moyen des deux autres participants laisse entrevoir une petite soustraction locale bienvenue ?…

Lucas, Digne de confiance

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