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Mönchengladbach, la vie en Rose
Alors que Mönchengladbach semblait se heurter depuis quelques saisons à un plafond de verre, les Fohlen galopent pour l'instant en tête de Bundesliga. Un changement de dynamique à mettre en partie au crédit de Marco Rose, discipline de Jürgen Klopp à la sauce Red Bull, dont l'ascension fulgurante a aussi quelque chose de fascinant.
Qui l’eût cru ? Avant cette neuvième journée de championnat, ni le Bayern Munich ni le Borussia Dortmund (et pas non plus le RB Leipzig) ne trônaient en tête de la Bundesliga. Non, c’est une équipe beaucoup plus inattendue qui se permet pour l’instant de coiffer les principaux mastodontes du championnat. Pour la première fois depuis 35 ans, Mönchengladbach figure en effet à la première place du classement : un résultat à mettre en (grande) partie au crédit du nouvel entraîneur des Fohlen (les Poulains), Marco Rose, arrivé à l’intersaison en provenance du RB Salzbourg. En quelques mois seulement, le technicien de 42 ans est parvenu à imposer sa méthode novatrice et à insuffler un supplément d’âme à une équipe, qui, si elle restait sur une série d’exercices satisfaisants, semblait se heurter à un plafond de verre. La magie de Marco Rose, l’un des entraîneurs les plus prometteurs de sa génération, semble à nouveau avoir opéré.
Un peu de RedBull
À quelques centaines de kilomètres plus au sud, en Autriche, la magie Rose s’était déjà manifestée : au RB Salzbourg, Marco Rose a ainsi laissé un souvenir prégnant, une forte impression, mais surtout, l’odeur du succès. Arrivé au sein des équipes de jeunes du club rouge et blanc en 2013, le technicien allemand n’a pas tardé à gravir les échelons : vainqueur de la Youth League en 2017 au terme d’un parcours impressionnant, Marco Rose est promu quelques semaines plus tard à la tête de l’équipe première, à la faveur du départ d’Óscar García vers Saint-Étienne. Et la réussite ne lâche pas le néophyte : dès sa première saison, le jeune entraîneur mène son équipe à une victoire en championnat et à une demi-finale inédite en Ligue Europa (éliminée par Marseille). L’année suivante, il réalise le doublé en remportant à nouveau le championnat et en ajoutant à son palmarès la Coupe d’Autriche.
Plus que les résultats, c’est la patte de Marco Rose qui interpelle alors. Sa méthode porte sans nul doute la marque de Red Bull : à l’image de la société au taureau, le technicien de 42 ans est un apôtre d’une approche moderne du sport, faite de méthodes novatrices et d’analyses statistiques. En atteste la figure déterminante de René Marić, 29 ans et adjoint de Rose depuis 2017, repéré par Red Bull pour la qualité et la précision des analyses tactiques et chiffrées qu’il publiait sur le blog Spielverlagerung. Mais les origines de la philosophie de Marco Rose sont aussi plus anciennes et le font tendre, peut-être plus profondément, vers un autre entraîneur allemand, Jürgen Klopp. Les deux hommes se sont rencontrés à Mayence, là où leurs deux carrières de joueur se sont achevées (Rose y a disputé 150 matchs de 2002 à 2010). Entre les deux hommes, la connexion est directe et forte : le disciple emprunte notamment à son mentor un idéal de football rapide et offensif, ainsi qu’un dispositif de pressing haut et intense.
Beaucoup de Klopp
L’entraîneur de Liverpool tient en haute estime le technicien allemand. « Je fais confiance à Marco sur tous les plans, déclare-t-il à Sky Austria en mars 2019. Il pourrait réussir n’importe où ; il est le coach le plus en vogue du moment, celui qui suscite l’intérêt de tout le monde. » De fait, Jürgen Klopp met le doigt sur un enjeu important : Marco Rose est convoité avec insistance à l’été 2019 et est probablement déjà devenu trop grand pour Salzbourg, peut-être même pour Red Bull, qui ne peut lui proposer le banc de Leipzig, fleuron du buffle ailé et club de sa ville natale, en raison de l’arrivée d’un autre prodige, Julian Nagelsmann. Mais c’est finalement un autre club allemand ambitieux, historique et populaire de surcroît, qui est parvenu lors de cette dernière fenêtre de transferts, à rafler la mise. Un Borussia, comme Klopp, mais pas le même, puisqu’il s’agit de Mönchengladbach. L’opportunité est belle pour Marco Rose, car en plus de bénéficier d’un cadre de travail remarquable, il n’a pas à pâtir de l’exigence du résultat après un exercice terminé à la 5e place du championnat, loin de la course à la Ligue des champions.
Surtout, le technicien de 42 ans bénéficie d’un effectif jeune (le troisième de Bundesliga dans cette catégorie) et encore malléable. Il a donc très vite pu imposer ses préceptes tactiques, qui reposent moins sur un dispositif tactique rigide que sur une mise en place souple qui favorise les permutations et le jeu dans les espaces. Dans ce système (un 4-3-1-2 ou un 4-2-3-1), des joueurs comme Florian Neuhaus, Denis Zakaria, Alassane Pléa ou Marcus Thuram n’ont pas tardé à donner leur pleine mesure. Enfin, parce que la force de Marco Rose, comme celle de Jürgen Klopp, est de gérer efficacement un effectif tout en définissant rapidement un onze fixe (depuis le début de la saison, huit joueurs ont été reconduits à chacune des sorties du club), la mayonnaise n’a pas tardé à prendre : en huit matchs, Gladbach a gagné cinq fois (pour un nul et deux défaites, dont une la semaine dernière contre Dortmund) et figure donc en tête du championnat avant d’affronter Francfort ce dimanche. Et même si cela ne durait pas, la leçon est ailleurs : avec Marco, l’avenir des Poulains semble plus que jamais Rose.
Par Valentin Lutz