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Monaco, trop tôt pour avoir peur

Par Florian Cadu
4 minutes
Monaco, trop tôt pour avoir peur

Une bonne première mi-temps et du talent sur chaque ligne mais une absence physique habituelle après la pause et quelques manques dans le jeu : la copie rendue par le club de la Principauté est loin d’être parfaite. Reste qu’il ne s’agit que d’un match contre la meilleure équipe française sur le papier, et que le temps ne presse pas.

Les questions étaient sur beaucoup de bouches qui en avaient marre de parler uniquement transferts depuis un mois. L’ASM, qui avait tant régalé la saison dernière, pouvait-elle récidiver dès le mois de juillet ? Pouvait-elle continuer à offrir du plaisir en marquant trois pions par rencontre ? Pouvait-elle dominer, voire surclasser ce Paris Saint-Germain revanchard qui briguait un cinquième Trophée des Champions de suite ? En réalité, ces interrogations demeurent encore en suspens. Hormis la dernière, dont la réponse tient en trois lettres fatalistes : non.

Non, Monaco n’a pas fait le poids devant ce PSG qui s’empare là de son septième Trophée des champions. Pourtant, tout avait plutôt bien commencé. Dans la lignée des prestations de 2016-2017, le Rocher a sorti une première période sérieuse, cohérente et réaliste. Pendant quarante-cinq minutes, son milieu Fabinho-Tielemans (meilleur homme de la Principauté) a tenu la baraque, les contres sont allés à 200 à l’heure, les dribbles de Kylian Mbappé ont fait mal, Kamil Glik a respiré la sérénité et les filets d’Alphonse Areola ont tremblé. Oui mais voilà : déjà pas parfaitement équilibré, Monaco s’est écroulé en deuxième période. Les jambes plus lourdes, le collectif moins soudé, la chance moins présente, et voilà le club princier renversé sans grande difficulté par les hommes de la capitale, bien plus sûrs de leurs forces. L’occasion de reconnaître son infériorité intrinsèque actuelle sur l’adversaire et de constater que l’ASM n’a toujours pas réglé son problème d’errements physiques entrevu en début de seconde mi-temps et observé à maintes reprises la saison dernière (surtout en Ligue des Champions, face à des équipes du standingde Paris).

Des craintes prématurées

Dès lors, faut-il s’inquiéter des limites aussi bien tactiques que qualitatives démontrées par Monaco ce samedi soir alors qu’il reste cinq jours avant que la reprise de la Ligue 1 ne soit effective ? Encore une fois, la réponse contient trois lettres (encourageantes, cette fois) : non. Pourquoi ? Pour un tas de raisons. D’abord, parce que Monaco est dans une période de transition, marquée par les départs d’éléments importantissimes (Bernardo Silva, Benjamin Mendy, voire Valère Germain…) et que des joueurs comme Mbappé, Thomas Lemar ou Fabinho ne sont pas tous certains d’être encore là dans quelques semaines (ce qui rend les esprits moins apaisés, en témoigne le comportement tendu du Brésilien en fin de rencontre). Forcément, Leonardo Jardim doit potasser ses fiches pour redessiner quelque chose de beau. « Tout ça, Monaco s’y est préparé. Car le projet de Monaco, c’est quoi ? Ça reste de faire émerger des joueurs et de les vendre quand ils ont atteint leur pic de forme » , note Bruno Irles, champion de France avec l’ASM en 1997 et 2000 et qui connaît donc les saisons post-titre monégasques.

Il ne faut pas oublier non plus que le rival du jour s’appelait le PSG. Un PSG qui, s’il n’a pas encore recruté comme il le souhaite, n’a perdu personne cet été. Pas n’importe qui, donc. Et enfin, les dirigeants comme les supporters monégasques se sont sûrement fait une raison : reproduire un exercice comme le précédent relève du rêve ou du miracle. Laisser le Trophée des Champions à Paris, avouer son infériorité et galérer dans le jeu n’est que la suite logique des choses à la veille d’un championnat que l’ASM n’est pas censée terminer une nouvelle fois au sommet. « Franchement, aujourd’hui, qui peut dire que Monaco est favori, qu’il a plus de chances de finir champion que Paris ? Forcément, les équipes concurrentes vont essayer d’en profiter et vont lui mettre la pression, parie Irles, qui a également été entraîneur des jeunes sur le Rocher jusqu’en 2014. Mais personne ne croit sincèrement que Monaco est un prétendant au titre. La stratégie actuelle, qui est la même qu’en 97, réside dans la vente puis dans la reconstruction. Cela prend du temps pour que de nouveaux résultats apparaissent. Au moins deux ans. » Les chances de revoir le Monaco de samedi soir existent donc. Celles de revoir le Monaco 2016-2017 un peu moins.

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Par Florian Cadu

Propos recueillis par FC

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