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Monaco, soumission impossible
À défaut de pouvoir s'affirmer en rivale du PSG, l'AS Monaco doit retrouver peu à peu son enthousiasme et sa fierté d'outsider. Robert Moreno semble avoir le profil pour l'y aider.
« Nous sommes aussi très forts. » Vendredi, lors d’une conférence de presse qui tranchait franchement avec celles de son prédécesseur, Robert Moreno a dessiné un peu plus encore les contours de son style. Un style qui le trahira peut-être un jour, mais qui suffit déjà à remettre de la vie sur les visages jusque-là anesthésiés du club de la Principauté. Dans un français assez remarquable pour un étranger débarqué il y a tout juste deux semaines, accompagné d’un langage corporel qui traduit autant sa détermination qu’une excitation encore mal contenue, l’ancien coach de la Roja a une nouvelle fois fait bonne impression. Malgré une volonté légitime de ne pas trop en dire à l’orée d’un double baptême du feu en Ligue 1 qui a des airs d’enfer. Car instaurer une dynamique comptable en disputant le ballon au PSG deux fois en quatre jours ressemble à une mission impossible. Et ça tombe en fait plutôt bien car, pour une fois, on attend justement qu’il émane du Rocher autre chose que des chiffres.
Une identité à trouver
Début janvier, Leonardo Jardim défendait son bilan dans L’Équipe à coups de moyenne de points tronquée et de tacles calculés, confirmant qu’au-delà des luttes de l’ombre, il n’avait rien compris – ou feignait plutôt de ne rien comprendre – à ce qui lui était reproché depuis des mois voire des années à la lumière du terrain. Qu’est-ce qui, lorsque les résultats n’y parviennent plus, peut sceller un socle commun, nourrir l’attachement à une équipe, à un club ? Les joueurs ? Le modèle monégasque est tel qu’il devient difficile, à quelques exceptions près, de tisser un lien durable avec eux. Alors, il reste cette idée du style, historiquement chère à la Diagonale et seule manière de faire perdurer un brin d’identité au sein d’un club devenu presque étranger à lui-même.
En ce sens, Robert Moreno semble être un bon choix, idéologiquement parlant. Comme l’était aussi celui de Thierry Henry il y a quatorze mois, même si la réalité a vite broyé l’idée. L’ancien adjoint de Luis Enrique n’est pas non plus un « dogmatique » . Mais il est attaché à cette volonté d’empreinte, là où Jardim croyait avant tout aux équipes « caméléons » , au point que la sienne avait fini par ne plus ressembler à grand-chose. C’est une différence fondamentale, qui ne préjuge en rien de la qualité de chacun, et encore moins de la réussite de l’Espagnol. Mais c’est un changement de cap dont avait besoin l’ASM pour tenter d’exister de nouveau.
Rien à perdre, tout à prouver
« Il y a ce que l’on souhaite faire et la réalité, qui est parfois contrariante. » Ce dimanche, tout laisse à penser que la réalité sera en effet contrariante pour le technicien monégasque, tant l’écart de niveau paraît aujourd’hui immense entre les deux équipes. Monaco n’a plus pris un seul point au PSG depuis trois ans. Après avoir pourtant été la seule équipe française à afficher un bilan positif en Ligue 1 face aux Parisiens entre 2013 – l’année de la remontée de l’ASM – et le titre de 2017 (deux victoires, cinq nuls et une seule défaite sur cette période en L1).
Mais c’est le démarrage en côte d’un nouveau chemin que Robert Moreno devra s’efforcer de négocier au mieux, sans se renier : « Si je change à chaque match la façon de jouer en fonction de l’adversaire, j’ai un problème. Parce que si je dis à mes joueurs que nous devons jouer d’une manière, je ne peux en changer chaque semaine. Il y a des variantes que vous pouvez appliquer. Mais l’identité de l’AS Monaco ne sera pas sur un seul match. Si je veux avoir une identité, je dois la chercher à chaque match. Quand tu arrives à un match difficile et que tu changes tout, comment croire à ce que tu as dit au début ? Dans un match, un adversaire peut contrôler le ballon mieux que toi. Mais notre intention sera toujours la même. » Au-delà du résultat, il faudra donc espérer observer les prémices d’un nouveau Monaco, fatalement fébrile, mais dont on pourra mesurer l’intention profonde par des détails qui disent beaucoup. De la conquête du ballon à sa conservation, de la relance au pressing, du tableau noir à l’animation, il y aura forcément ici et là un peu de la patte Moreno, déjà. Et qui sait ? Du désir de style à la réalité des points, il n’y aura peut-être qu’un pas.
Par Chris Diamantaire