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Monaco-PSG, souk machine
Retour au bled. Après 2011, le Trophée des Champions retrouve Tanger, au nord du Maroc. Si le match au stade Ibn-Batouta est programmé à ce soir, l’échauffement dans le souk, lui, a commencé depuis bien longtemps. Immersion sur un terrain où maillots, serviettes et babouches des deux clubs se négocient sans fair-play financier.
« C’est 250 dirhams(environ 25 euros, ndlr)le maillot de Cavani en jaune, et 200 pour le Falcao à manches longues ! » Derrière ses lunettes rectangulaires, Mohamed semble carré sur les prix. Le vendeur, qui tente de redonner une seconde vie aux baskets Bikkembergs, va toutefois faire baisser les dizaines aussi rapidement qu’une pointe de Lucas en les ramenant à 100 dirhams chacun en moins d’une minute. Ce ne sera pas la meilleure affaire du jour. À quelques foulées de la rue des Almohades située dans le « Petit Socco » de la ville, Hicham casse d’emblée le marché avec ses répliques à 80 dirhams. « Je n’ai que PSG. Les trois seules tenues de Monaco qu’on m’avait livrées sont parties » , s’excuse-t-il. Le merchandising tient lui aussi son match. Quelque peu déséquilibré.
Omar fait ressusciter David Luiz au PSG
Les petites boutiques pimpées des ruelles semblent en effet avoir déjà misé sur leur canasson : « Tu ne trouveras chez moi que des maillots de Paris Saint-Germain » , confie un autre Mohamed, de la Rue Siaghine. Monaco retrouve des couleurs couloir droit de la ruelle, chez Tarik et Yacine. Là, un unique domicile Falcao, saison 2014/2015, à 150 dirhams, côtoie les nouveaux parisiens. Seul le grand magasin Isma Sport paraît avoir un peu de stock princier. Et encore, il faut descendre au sous-sol pour se voir de nouveau déballer un ancien Falcao. Ce sera d’ailleurs le seul joueur monégasque floqué de toutes les boutiques rencontrées. Ce sont surtout les lettres de Cavani qui font chiffrer les ventes dans le coin, notamment celles d’Omar, qui, beau joueur, fait ressusciter David Luiz à Paris.
Côté qualité du jeu, au moins des maillots, les deux clubs sont à égalité aux dires des boutiquiers : « Ils sont fabriqués au Maroc ou en Turquie. La matière est super » , s’avance Hicham. Réponse de Mohamed numéro 1 : « Mes maillots viennent du Maroc, de Thaïlande et d’Indonésie principalement. » Suite logique, la Rue de la Plage expose elle les serviettes de bain. Si les championnats anglais et espagnol trustent visiblement les présentoirs, le magasin d’Abdellah sauve la mise tricolore en offrant – moyennant 50 dirhams – la possibilité de bronzer sur la Tour Eiffel. Sous réserve d’être un enfant aussi grand que petit hibou Verratti.
Le Barça et le Real ont plus la cote
Quand il s’agit enfin de toucher le cuir, l’avantage reste au PSG dans les ruelles de Tanger. Chez Achraf, Rue de la Liberté, la babouche ne se fait qu’aux couleurs de la capitale : « À 130 dirhams au lieu de 150. C’est du cuir de qualité, fait à Fès mon ami ! » Le chausson taille 55 minimum pourrait donner un coup d’orteil à l’attaque parisienne ce soir. Pas de coup de pouce en revanche côté Monaco, où la seule chaussure trouvée se niche au rayon enfant, à 40 dirhams chez Abdelhamid, Rue Almansour, quand la version classique du PSG se monnaye 60.
Si ce duel de boutiques alignées semble tourner à l’avantage de Paris du côté de l’offre, la demande, elle, reste finalement plutôt faiblarde dans le coin. La faute à la concurrence du Barça et du Real, qui habillent essentiellement les épaules des locaux. Ici, la Liga passionne davantage. Mohamed, capté Rue Anoual, sera en tout cas ce soir assis sur l’un des 45 000 sièges du stade de Tanger. Comme en 2011 et la victoire folle des Marseillais sur le LOSC (5-4). Le prix des places, démarrant à 30 dirhams – l’équivalent d’un tajine au poulet – suffira-t-il pour aiguiser l’appétit des Tangérois pour la rencontre ?
Par Guillaume Blot, à Tanger