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Monaco préfère prendre son temps
Alors que la vente de James s'est concrétisée en 3 jours, l'AS Monaco prend son temps avec l'argent de son actionnaire principal et celui de ses ventes. Certains s'interrogent, pour ne pas dire s'inquiètent, sur ce calme apparent pendant que d'autres savent que l'ASM n'est jamais aussi dangereuse que murée dans son silence.
Dans un club normal, perdre en un mois votre ancien capitaine, votre meilleur buteur en championnat, votre meilleur joueur de la première partie de saison dernière et votre joueur le plus talentueux aurait laissé un champ de ruines. Mais pas à Monaco. Au final, les départs d’Eric Abidal, Emmanuel Rivière, Mounir Obbadi et James Rodríguez n’ont bouleversé personne au sein du club de la Principauté. Pas plus que le départ de Claudio Ranieri, auteur d’une saison à 80 points, le record du club. Non, à l’ASM, on avance dans le calme et le silence. En marge de l’Emirates Cup disputée à Londres, ce week-end, Vadym Vasilyev, le vice-président du club et l’homme par qui Dmitry Rybolovlev s’exprime aux médias, a été très franc sur le mercato : « 2014/2015 sera la saison de Radamel Falcao à l’AS Monaco. » Ou comment tordre d’entrée les rumeurs insistantes de la presse espagnole sur un départ du Tigre au Real Madrid.
Parce qu’aujourd’hui, le Colombien est le seul actif de valeur – avec à un degré moindre Moutinho – qui reste au club. Avant la reprise de la Ligue 1 dimanche, Monaco n’a officialisé que deux renforts : Paul Nardi, 20 piges, gardien de Nancy et aussitôt retourné en Lorraine en prêt, et Tiémoué Bakaoyoko, 19 ans, milieu de terrain prometteur du Stade rennais. On est bien loin des 160 millions d’euros dépensés l’été dernier sur le mercato. Pour l’instant, le nouvel entraîneur Leonardo Jardim fait avec ce qu’il a. On va être honnête, il n’a pas hérité d’une planche pourrie, loin de là. Sauf que depuis un mois, les noms circulent chaque semaine du côté de la Turbie : Gaitan, Víctor Valdés, Griezmann, Douglas Costa, Alex Teixeira, Petr Čech, Wesley Sneijder et, plus récemment, Ángel Di María.
Quelle stratégie en C1 ?
En même temps, avec le régime fiscal avantageux, un président blindé (147e fortune selon Forbes) et un directeur sportif – Luis Campos – proche de Jorge Mendes, tout est possible. Mais pour l’instant, on ne voit rien venir. Alors que le club semblait avoir un coup d’avance sur tout le monde l’an dernier, il se laisse actuellement déborder par un mercato compliqué. On sait que le club a de l’argent et paye bien, on en profite en demandant des sommes exorbitantes. Récemment, Diego López souhaitait obtenir 7 millions d’euros de salaire annuel. Il a 32 ans. Il est gardien de but. Dans ce silence pesant sur le marché des transferts, on avance pas à pas vers le début de saison avec un effectif quasi inchangé. Sauf que l’ASM a un os de plus à ronger que l’an dernier. Et pas n’importe lequel : la Ligue des champions.
Actuellement, l’équipe tourne bien, c’est solide, pas forcément très spectaculaire, mais le bloc équipe est capable de résister à pas mal de choses. Y compris sur la scène européenne. Une scène que le président Rybolovlev voulait vite retrouver lors de son arrivée à la tête de l’équipe. Peu de temps après la montée du club en Ligue 1, le très rare Dmitry s’était confié dans les colonnes de Nice-Matin sur son « projet » : « Je suis ici pour m’inscrire dans la durée. Je veux revoir Monaco au rang qui est le sien sur la scène internationale. Nous verrons combien de temps cela prendra. » Pour la troisième saison, le club va donc découvrir la C1. Pas de chance, Monaco est dans le quatrième chapeau, ce qui lui assure au moins deux gros au tirage, voire trois en cas de malchance. Dès lors, ne pas sortir des poules ne serait pas forcément vécu comme un vrai raté. Terminer dernier de son groupe, par contre, si.
Le divorce de M. Rybolovlev
L’équipe actuelle est-elle capable de briller en LDC ? Bonne question. L’expérience est là (Carvalho, Toulalan, Moutinho), le talent aussi (Falcao, Abdennour, Kondogbia). Reste que tout ça semble encore trop fragile pour défier chaque semaine un cador européen, surtout que les sorties de banc ne sont pas de la même épaisseur que les titulaires. Oui, il faudrait recruter. Et vite. « Il y aura des recrues, le mercato est encore long » , a rappelé Vadym Vasilyev à Londres. En général, quand on n’annonce aucune recrue sur le Rocher, un mec débarque dans les 24 heures. Le trio James-Falcao-Moutinho avait atterri dans le Sud de la France sans que personne ne s’y attende. Moins on en parle, plus ça a de la chance de se faire.
En attendant, à ceux qui ont constamment comparé le projet parisien et celui de l’ASM, il n’y a plus lieu de le faire. Quand le PSG passe son temps à faire venir des internationaux confirmés, Monaco fait plus qu’attention à ses dépenses. Le fair-play financier est passé par là et le divorce du président Rybolovlev aussi. Trois fois rien, sa femme a braqué la moitié de sa fortune (un peu plus de 3 milliards d’euros) dans le divorce. Il a fait appel. Peut-être une explication à ce léger retard sur le mercato…
Par Mathieu Faure, sur la Côte d'Azur