- C1
- J1
- Leipzig-Monaco (1-1)
Monaco, point de chantier
Face à un Leipzig stérotypé et avant tout obsédé par l’idée d’allumer le moteur Timo Werner, l’AS Monaco a été comme prévue : soit en pleine reconstruction. La faute à un onze bricolé en urgence par Jardim pour limiter la casse et à un collectif déréglé qui aura besoin de temps pour être de nouveau opérationnel.
Un nouveau circuit permanent. Comme si l’AS Monaco était de retour dans la brume d’un été 2015 où elle avait chuté sans certitude lors d’un barrage de C1 face à Valence (3-1, 1-2) désormais rangé avec les anecdotes de l’histoire d’un club devenu depuis champion de France au printemps dernier. À Nice, samedi, où les Monégasques ont été renversés pour la première fois de la saison en Ligue 1 (0-4), Leonardo Jardim avait prévenu son monde : « Il y a un chantier énorme. On a changé les joueurs, même si on travaille avec la base de la saison dernière. Après, petit à petit, on va incorporer les joueurs qui sont arrivés. L’équipe va progresser et s’améliorer. Dans notre projet, l’équipe travaille pour progresser tous les jours. » Résultat : Jardim ne tremble pas, il sait et connaît les règles qui régissent la vie d’un entraîneur de l’AS Monaco version Rybolovlev. Il sait qu’il lui faudra du temps pour retrouver des automatismes, un système fonctionnel, des binômes complémentaires et un collectif, un vrai.
Alors, à Lepzig mercredi soir, où ses hommes donnaient leur première représentation européenne de la saison, le technicien portugais s’est d’abord contenté de limiter la casse pour « faire un bon résultat » face au dernier dauphin du Bayern. La faute à plusieurs problématiques : un traumatisme encore frais dans les têtes subi à l’Allianz Riviera ; des recrues en manque de rythme – Keita Baldé et Jovetić n’ont que trois ou quatre entraîments collectifs dans les pattes, Ghezzal quinze jours plus un récent voyage avec sa sélection ; la blessure à l’échauffement de Subašić remplacé par Benaglio qui disputait sa première rencontre avec l’ASM ; et des organismes déjà fracassés, résultat d’une préparation estivale largement bousculée. Ce qui a donné au coup d’envoi un 4-2-3-1 rapidement assimilé à un 4-4-2 avec Diakhaby sur le côté gauche, Sidibé à droite, une doublette offensive Falcao-Tielemans et un Almamy Touré rincé en latéral. Soit une expérimentation en mondovision.
Tielemans, balade dans les repères
Recette centrale du sacre de l’an passé, le 4-4-2 de Jardim est la première équation posée sur la table. L’absence de Lemar devait pousser Jardim à bousculer son système ? Pas le genre du bonhomme qui a de nouveau tenté des doublettes : Touré-Sidibé d’un côté, Jorge-Diakhaby de l’autre. Des échecs malheureux tant les latéraux de Leipzig ont balancé leur lenteur à la face de l’Europe, la défense allemande tenant essentiellement sur les épaules d’Upamecano, et l’ASM manqué de précision (63% de passes réussies seulement). Mercredi soir, l’AS Monaco a avant tout tenté de construire dans l’axe – malgré la position très basse du duo Fabinho-Moutinho –, laissant Falcao se débrouiller entre les coups et Tielemans chercher ses repères malgré un but égalisateur plein de testostérone. Là est peut-être la mauvaise pioche de la soirée de Jardim car en titularisant le Belge dans une position inadaptée à ses qualités, le Portugais a mis de côté la fluidité qu’aurait pu avoir le collectif si l’ancien d’Andelercht avait été décalé sur un côté. Pas grave, Leonardo Jardim a du temps et la bonne entrée de Keita Baldé dans le dernier quart d’heure a prouvé que l’ASM avait un avenir offensif assuré.
Comment remplacer Silva ?
S’il faut se poser une vraie question ce soir, c’est avant tout concernant une défense qui a pêché dans la relance et qui a payé toute la soirée la mauvaise forme physique de Touré et le manque de projection de Jorge. Oui, Monaco n’a encaissé qu’un but, mais a aussi montré une fébrilité assez inhabituelle dans la gestion de la profondeur, sur les coups de pied arrêtés, comme dans des sorties de balle où Bernardo Silva était essentiel l’an passé. L’énigme centrale du début de saison monégasque est là : comment le remplacer alors que Rony Lopes a été placé en tribune à Leipzig et que seul Ghezzal – qui doit prouver qu’il peut s’adapter au système Jardim (des signes prouvent que c’est possible) – semble capable de compenser ce départ. Monaco a du temps, Jardim aussi, c’est le refrain sur le Rocher depuis le début du projet Rybolovlev, et l’essentiel a été attrapé en Allemagne mercredi (1-1). Restent des questions autour de l’intensité, de l’envie et d’un jeu à retrouver au-delà des résultats. Ce sera pour samedi déjà, alors que Strasbourg se présentera à Louis-II. Ce n’est encore qu’un début : celui d’un nouveau cycle. Tielemans ne dit pas autre chose : « On a fait le minimum. » Vivement la fin du rodage.
Par Maxime Brigand