- Ligue 2 – 34e journée – Clermont/Monaco
Monaco peut-il le faire ?
C’est à peine croyable : lanterne rouge à l’automne, menacée par la relégation en National jusqu’au début du printemps, l’AS Monaco aborde l’emballage final de la saison de L2 dans la peau d’un outsider en puissance à la remontée dans l’élite. Comment les hommes de Marco Simone ont-ils renversé la tendance ? Jusqu’où peuvent-ils aller ? Eléments de réponses.
Cette Ligue 2 est tarée. Bastia, le promu à petit budget ? Leader incontestable. Clermont, qui n’a quasiment pas quitté le podium depuis cet été ? Sous la menace de se faire finalement bouler. Le Havre, l’ambitieux prétendant squatteur du top 5 pendant une demi-saison ? Relégable. Lens, l’expérimenté ? 33 journées à faire l’élastique et toujours pas de maintien acquis. Etc. Les surprises sont nombreuses, mais rien n’est plus fou que l’improbable parcours de l’AS Monaco. Après des mois (des années ?) de lose, on entretient désormais des motifs d’espoir sur le Rocher.
Grâce à l’arrivée du milliardaire russe Dmitry Rybolovlev, d’un nouveau staff et de neuf recrues, grâce à un Marco Simone prenant enfin ses marques, grâce à l’émergence d’une jeune et brillante génération, il y avait enfin matière à sourire. Sauf qu’il y a encore un mois, il n’était encore question que de se maintenir en Ligue 2 ! Comment pouvait-il en être autrement pour une équipe ayant passé 22 journées dans la zone rouge, dont 8 à la dernière place ? Les faits sont pourtant là : avec sa série actuelle de 9 matchs sans défaite, dont 7 victoires, l’ASM n’est plus qu’à cinq points du podium. Surtout, le club du Rocher affiche de très loin la meilleure dynamique, dans une Ligue 2 très serrée où – hormis Bastia – aucune formation ne parvient à enchaîner les bons résultats avec régularité.
Autant de points en 9 journées que lors des 24 premières
C’est comme si Monaco avait mis en application le fameux adage qui ne fonctionne d’habitude jamais et qui veut qu’une équipe au fond du trou finit immanquablement par remonter. Sauf que là en plus c’est dans des proportions jamais atteintes. Pathétique la première partie de saison, la bande à Simone n’est devancée sur la phase retour que par l’intouchable leader corse. Elle est parvenue à gratter 5 points sur Troyes, 10 sur Reims, 11 sur Sedan et 17 sur Clermont, ces équipes qui étaient censées se battre seules pour le podium. Monaco se tape l’incruste à une fête sans carton d’invitation. Une dernière stat pour la route : lors des 9 dernières journées, le club de la Principauté a pris autant de points – 23 – que lors des 24 premières journées. Dinguerie.
Précision importante : l’équipe qui a foiré la première moitié de saison sous le maillot rouge et blanc n’est pas exactement la même que celle actuellement en pleine bourre. Dans le 11-type d’aujourd’hui, seuls quatre joueurs étaient sur la photo officielle : le latéral droit Eric Marester, le récupérateur Gary Coulibaly, la légende Ludovic Giuly et l’attaquant Edgar Salli. Une majorité de recrues débarquée cet hiver compose désormais l’ossature de l’équipe : Subasic, Tzavellas, Kagelmacher, Koman, Dirar, Touré… A défaut d’avoir fait ses preuves en tant que technicien, Marco Simone se révèle être un excellent meneur d’hommes. L’Italien a le mérite d’avoir su gérer un effectif pléthorique – 36 joueurs au dernier recensement – aux allures d’auberge espagnole. Il peut s’appuyer sur des joueurs de caractère qui semblent faire bloc autour de lui. Les primes records de 5000 € par tête à chaque victoire doivent aussi aider à la motivation…
Un fond de jeu encore très perfectible
L’accumulation de bonnes performances permet d’entretenir la bonne dynamique ; à l’inverse, les équipes de tête faisant du surplace, l’hypothèse que les Monégasques parviennent à accrocher le podium d’ici la fin de saison devient crédible. Sauf que quand même, on a encore du mal à y croire. Le goléador Ibrahima Touré a beau clamer « moi j’y crois » (à la montée en L1), Marco Simone lui-même a beau sortir de sa réserve et déclarer « on peut espérer quelque chose » au soir de la victoire face au Havre vendredi dernier, on ne peut s’empêcher de penser que le miracle ne se produira pas. Ce serait même à peine mérité, tant le fond de jeu affiché reste encore perfectible. Le 442 de l’ancien chroniqueur télé est intéressant, mais l’équipe n’a généralement pas la maîtrise du jeu, se contentant de jouer sans génie et de balancer tous les ballons vers un Touré d’une rare efficacité, sans trop s’embarrasser à construire. Pour l’instant ça fonctionne, mais pour combien de temps encore ?
Confronté à un calendrier compliqué (déplacements à Clermont et Reims, réception de Troyes notamment), Monaco risque d’avoir du mal à faire le plein de points d’ici la fin de saison, ce qu’il doit pourtant faire avec son handicap actuel de 5 points et une différence de buts de -4. Voilà donc où on en est de l’improbable saison de Monaco. Sur un malentendu ça peut marcher, pourrait-on dire. Mais on serait plus tenté de retenir que le simple fait d’évoquer la course à la montée en cette fin de saison prouve que le pari du Monaco version Rybolovlev est déjà gagné. Au pire si miracle il n’y a pas, il n’y aura pas à chercher loin le grand favori à la montée la saison prochaine.
Par Régis Delanoë