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Monaco : Hütter killer
Sans réaliser de grands éclats ni faire beaucoup parler de lui, Monaco est en train de réussir sa saison. Avant d’affronter Lille, autre équipe en forme, le dauphin du Paris Saint-Germain s’apprête en effet à se qualifier pour la Ligue des champions. Grâce sans doute à un excellent Adi Hütter, qui parvient progressivement à imposer ses idées.
Moins de 40 000 habitants, un statut étatique à part, la mer Méditerranée, un climat doux, une température de l’air constamment supérieure à la moyenne française, de l’argent, des familles aisées, des vies calmes, un environnement apaisé, un paysage méditatif, très peu de vacarme… Une principauté comme Monaco a cela comme avantage que, si l’échec peut y faire du bruit, il est possible d’y réussir en silence. La preuve avec cette ASM, actuellement deuxième de Ligue 1 derrière l’inatteignable Paris Saint-Germain sans faire trop parler d’elle.
Invaincu depuis sept parties, le deuxième de Ligue 1 a continué son bonhomme de chemin sur la pelouse du Stade brestois ce dimanche en battant à l’expérience des Bretons moins efficaces pour poursuivre la bonne saison qu’il est en train de réaliser. Certes, tout n’a pas été rose pour un Adi Hütter menacé en début d’exercice qui a eu du mal à obtenir la régularité observée aujourd’hui. C’est vrai aussi, il n’y aura pas de titre en 2024, puisque le club s’est fait éliminer en huitièmes de finale de Coupe de France par Rouen aux tirs au but et qu’il n’était pas qualifié pour une épreuve européenne.
3-4-2-1, 4-2-3-1 ou les deux ?
Mais Hütter a, justement, réussi à transformer ces échecs en force : débarrassé des compétitions parallèles et profitant d’un calendrier allégé, Monaco a progressivement pris ou accentué son avance sur ses concurrents soi-disant directs (Olympique de Marseille, Lens et Rennes ou encore Lille qu’il affronte ce mercredi en match en retard de la 29e journée du championnat) dont les résultats montrent qu’ils n’avaient pas forcément l’effectif suffisant pour briller sur plusieurs tableaux. Le tout, sans s’appuyer sur des individualités cassant tout sur leurs passages (même si des joueurs comme Wilfried Singo, Takumi Minamino ou Youssouf Fofana présentent un rendement extrêmement positif) : exemple parlant, même le capitaine et meilleur buteur du groupe Wissam Ben Yedder (11 réalisations, 21 titularisations) ne représente pas un indispensable dans le onze de son entraîneur.
Montrant une certaine flexibilité et un vrai sens d’adaptation dans ses idées de jeu, l’Autrichien a ainsi proposé plusieurs circuits tactiques tout au long des derniers mois. Passant d’un schéma à trois arrières centraux (utilisé à seize reprises) à une organisation à quatre défenseurs (option privilégiée onze fois), le technicien a commencé avec un 3-4-2-1 pour terminer visiblement avec son 4-2-3-1 du moment. Sans oublier d’essayer parfois le 4-4-2, de tenter occasionnellement un 4-3-3 et de sortir exceptionnellement du placard un 3-4-3. Bref, le coach a pris le soin de travailler encore davantage quand les choses allaient moins bien et réfléchit depuis constamment à la meilleure façon de s’imposer en fonction du type d’adversaire… et de ses propres éléments. Jusqu’à trouver une certaine cohérence, et un collectif qui s’épanouit en travaillant ensemble.
« Que mon équipe ait une idée en permanence ! »
« Aujourd’hui, on pense tous de la même manière, c’est-à-dire que plus personne n’est plus important que l’équipe ou le club, confiait d’ailleurs Hütter en février, pour So Foot. Cela requiert un bon comportement, de la discipline et du respect, mais je crois que mes gars l’ont bien intégré et je suis très content d’eux. » Cependant, l’ancien du Borussia Mönchengladbach ou de l’Eintracht Francfort tient à une exigence non négociable qui se traduit chaque semaine sur les terrains foulés par ses poulains : des tremblements de filets et du spectacle quelle que soit l’opposition, au-delà des sacro-saints résultats. Concrètement, si la fête n’est pas forcément au rendez-vous en tribunes, l’ennui est rarement présent dans les rencontres disputées par Monaco : ce dernier affiche logiquement la deuxième attaque du pays avec 55 caramels marqués (derrière le PSG, 69, tandis que le troisième plafonne à 44 avec un match joué supplémentaire) et, revers de la médaille, la huitième défense.
« Il n’y a pas qu’une seule façon de voir le football, et on ne peut pas affirmer que tel ou tel point précis soit forcément vecteur de spectacle ou de succès. Ça peut être aussi le cas d’un style défensif basé sur des transitions rapides, expliquait le tacticien à ce propos, toujours dans les colonnes de So Foot. Seulement, moi, j’aime le style de football que je veux proposer : être protagonistes, essayer de dominer, presser fort sur l’adversaire, récupérer rapidement le ballon, trouver des solutions quand on l’a dans les pieds, que mon équipe ait une idée en permanence, qu’elle joue rapidement, dynamiquement… C’est ce genre de choses que je trouve excitantes et que je cherche à mettre en place. » Et pour l’instant, cela fonctionne plutôt bien pour l’ASM. Laquelle a de grandes chances de se qualifier pour la Ligue des champions (deux points d’avance sur son suiveur Brest et huit sur Nice, cinquième), surtout en cas d’issue positive face au LOSC. Tant mieux pour les 40 000 âmes qui peuplent les rues du magnifique Rocher.
Le classement des effectifs de Ligue 1 les plus cotésPar Florian Cadu