- Ligue 1
- J38
- ASM-TFC (1-2)
Monaco, maux et KO
Alors qu’elle pouvait arracher une place européenne en cas de succès, l’AS Monaco s’est inclinée sur le fil face à Toulouse ce samedi (1-2) dans une ambiance inhabituellement tendue. Le triste épilogue d’un sprint final en forme de chemin de croix, pour une saison ratée.
Dire qu’ils ont bien failli s’en sortir… Ou sauver les apparences, en tout cas, en s’offrant en last minute un ticket pour la Ligue Europa Conférence ce samedi lors de la dernière journée de championnat. Lille étant incapable d’obtenir mieux que le point du nul sur la pelouse de Troyes (1-1), les Monégasques n’avaient en effet plus qu’à l’emporter contre Toulouse pour passer devant les Dogues et ravir le dernier strapontin européen. Certes, pendant plus de 70 minutes, les Rouge et Blanc n’ont pas montré grand-chose d’intéressant. Mais l’ouverture du score toulousaine les a piqués au vif, Wissam Ben Yedder a égalisé dans la foulée, et tous les espoirs étaient alors permis.
La formation du Rocher s’est donc jetée à corps perdu, dans une fin de match à quitte ou double. Totalement déséquilibrée, elle a évidemment laissé des trous énormes dans son dos, et Rhys Healey en a profité pour la punir au bout du temps additionnel (1-2). Pourtant, Monaco a longtemps été un prétendant à la C1 cette saison. Sa série noire dans l’emballage final l’a cependant contraint à reconsidérer l’intérêt de la C3. Voire à se dire que la C4, au fond, ça ne serait pas si mal. Toutefois, l’issue est sans appel : après quatre défaites sur les six dernières journées, l’ASM termine sixième et n’aura rien du tout.
À l’image de son équipe, le public du stade Louis-II s’est enflammé dans les vingt dernières minutes en caressant lui aussi l’espoir d’un dénouement moins décevant qu’escompté. Ce n’était néanmoins qu’une brève parenthèse, au cours d’une soirée qui s’est déroulée dans un contexte pesant. Les ultras asémistes, qui avaient fait part de leur mécontentement en milieu de semaine, ont déployé plusieurs banderoles reflétant bien leur dépit, sinon leur colère. L’une d’elles portait la mention « GP fêté, saison gâchée », sans doute en référence à Ismail Jakobs, non retenu dans le groupe après avoir bien profité des festivités autour du dernier Grand Prix de Formule 1.
Il y a aussi eu des chants peu amènes à l’égard d’Alexander Nübel, ex-futur Neuer trop peu souvent décisif, ou de Paul Mitchell, directeur sportif sur le départ. « L’atmosphère n’était pas très joyeuse », a constaté en fin observateur Philippe Montanier, persuadé que ses Violets avaient un coup à jouer. « Quand ils ne sont pas contents, les supporters ont le droit de le dire », a sobrement commenté Philippe Clement. Au coup de sifflet final, l’un d’entre eux est même allé plus loin en faisant irruption à proximité du terrain avant d’être plaqué par le service d’ordre, tandis que ses camarades jetaient quelques projectiles sur la piste d’athlétisme. Un climat très tendu, qui tranche avec l’ambiance feutrée régnant d’ordinaire en Principauté. « C’est normal qu’il y ait de la déception, on est dans un grand club, a tempéré Breel Embolo après la rencontre, à l’issue de laquelle les joueurs sont allés échanger avec leurs fans. Ce serait même choquant que les supporters ne soient pas frustrés. »
Épuisement mental et fin de cycle
Bien entendu, le club à la diagonale n’a pas perdu sa place européenne lors de l’ultime épisode de Ligue 1. Il l’a laissé filer bien avant, et les causes de ce sprint final totalement raté sont multiples. Très affectés par leur élimination face au Bayer Leverkusen en barrage de Ligue Europa (3-2 ; 2-3, 3-5 TAB), les partenaires d’Axel Disasi ont définitivement perdu le fil après la gifle reçue à Lens, comme l’a reconnu Clement. « Je me sens responsable, parce que je n’ai pas trouvé les bons mots ni des actions pour changer l’état d’esprit », a soufflé le technicien belge, apparu particulièrement marqué au moment de faire face aux médias. S’il a laissé à ses dirigeants le soin de décider de son avenir – « Quelques semaines avant Lens, on parlait de prolonger. Mais quelques semaines plus tard, tout le monde est déçu » –, l’ancien coach du Club Bruges n’a en revanche pas caché qu’il finissait l’exercice sur les rotules. « C’est dur, je suis fatigué », a-t-il avoué.
Vraisemblablement, son effectif avait lui aussi hâte d’en finir. « La saison nous a épuisés mentalement, surtout ces dernières semaines », a affirmé Embolo. Pour tout ce beau monde, l’heure des vacances va bientôt sonner. Certains, qui ont peut-être la tête ailleurs depuis quelque temps, vont profiter du mercato estival pour plier bagage. D’autres, au contraire, seront bien là à la rentrée avec l’ambition de repartir du bon pied et d’écrire un nouveau chapitre. « C’est la fin d’un cycle, a analysé Philippe Clement. Des joueurs qui sont là depuis plus longtemps que moi ont le sentiment d’avoir raté les choses, une autre génération arrive et elle a déjà engrangé des minutes de jeu. C’est le cœur du projet de développer des jeunes joueurs, de leur donner une chance. » Formé au club, Maghnes Akliouche a réalisé une entrée pleine de mordant et de culot contre le TFC en touchant les poteaux à deux reprises. C’est peut-être autour de lui et d’Eliesse Ben Seghir ou encore d’Edan Diop, trois pépites qui ont eu l’occasion de se montrer cette saison, que l’avenir de l’AS Monaco va s’écrire.
Par Raphaël Brosse, à Louis-II