- C1
- Quarts
- Monaco-Dortmund (3-1)
Monaco, l’émotion (bleu) blanc rouge
Une nouvelle fois très sexy, l’ASM a encore fait rêver tout le pays et nourrit l’élan populaire national qui accompagne son parcours européen. La raison ? Le Rocher ne calcule pas et souhaite juste se faire plaisir.
On l’a déjà dit maintes et maintes fois. Mais il est nécessaire de le préciser à chaque fois que c’est le cas, quitte à se répéter : à la suite de sa qualification plus que convaincante pour les demi-finales de la Ligue des champions au détriment du Borussia Dortmund, Monaco fait l’unanimité dans un pays qui n’est même pas le sien. À quelques jours du résultat tant attendu du premier tour des présidentielles, et alors que les débats et désaccords politiques squattent les cafés ou les rues de jour comme de nuit, les Français sont au moins d’accord sur un point : ils prennent leur pied à regarder le club de la Principauté jouer au football et veulent le voir brandir la coupe aux grandes oreilles le 3 juin prochain au Stadium de Cardiff.
Mon premier c’est désir, mon deuxième du plaisir
Le pire (ou le mieux) devant ce constat, c’est que ce genre de performance est désormais attendu. Et depuis la fin de la phase de poules (soit quatre matchs), le spectacle proposé ne déçoit jamais. Alors, comment expliquer que le Sopalin rigoureusement préparé avant la rencontre serve tout le temps, souvent avant même la mi-temps ? La réponse, évidente, n’en reste pas moins rare : cette saison, l’équipe de Leonardo Jardim ne calcule pas. Surtout en C1. L’ASM mène 2-1 à Manchester City ? Et alors ? Le leader de Ligue 1 continue d’aller de l’avant, même si cela lui fait finalement perdre des plumes. Elle a collé un 3-2 en Allemagne et pourrait se la couler douce au retour en prenant un minimum de risques ? Que dalle : tout en laissant la possession à l’adversaire, elle n’hésite pas à jouer les coups d’attaque à fond. À l’image de Benjamin Mendy, son latéral ultra offensif et décisif sur deux des trois caramels collés dans les cages de Roman Bürki. C’est ça, Monaco. Un doux mélange d’intelligence, de plaisir (procuré et reçu), de délices techniques et de considérations tactiques.
Au plus haut dans les sondages
En même temps, comment pourrait-on ne pas soutenir une teamqui vient de planter trois pions lors de chacune des quatre parties de l’épreuve reine sur le continent ? Comment ne pas avoir les yeux qui brillent devant un Kylian Mbappé, capable de faire trembler les filets cinq fois en ayant moins de 18 ans et demi (un record de précocité) ? Comment ne pas jouir en regardant un groupe monégasque lié par l’amitié et qui nous fait forcément penser à celui de 2004 ? Comment ne pas applaudir la solidarité et les efforts défensifs déployés par des garçons qui divertissent n’importe quel amateur de football depuis plusieurs mois ?
En réalité, la suite importe peu désormais. Qu’il aille au bout de la compétition ou qu’il sorte une performance cauchemardesque lors du prochain tour, le Rocher a déjà remporté son pari. Il a gagné le soutien national – ce qui reste très complexe à acquérir en France – et tout le monde se souviendra de son parcours dans dix, quinze, vingt ans. Et si les discussions de demain pouvaient davantage tourner autour de Radamel Falcao, Thomas Lemar ou Tiémoué Bakayoko plutôt que de Marine, François ou Emmanuel, on ne s’en portera pas plus mal.
Par Florian Cadu