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Monaco, le complexe du verre vide
Opposée mardi soir lors de l’happy hour à Bruges, l’AS Monaco cherchera avant tout à s’enfiler un shot de confiance face à une équipe belge incapable de s’imposer à l’extérieur depuis septembre et avec laquelle elle va se cogner pour un ticket en C3.
Cette fois, au moment de poser le stéthoscope sur la poitrine de son équipe, Thierry Henry n’a pu feindre l’inquiétude : « Oui, c’est plus inquiétant que les autres fois. » Terrible constat posé par un entraîneur en plein dépucelage sur un banc, qui a connu samedi soir, à Reims (1-0), son deuxième revers en doudoune, le septième de la saison de l’ASM en Ligue 1. Que s’est-il passé cette fois ? « Peu de jeu, peu d’occasions de but, beaucoup de duels perdus… On se retrouve à onze contre dix (pour la deuxième fois de l’ère Henry), mais on se punit seuls avec le rouge » , a glissé, à chaud, le coach monégasque en après-match ce week-end, à Auguste-Delaune, avant d’enchaîner : « Aujourd’hui, l’équipe est atteinte mentalement. Mais il reste 26 matchs. Le plus important, c’est de retrouver de la confiance. On refuse le jeu vers l’avant, on ne se retourne pas… On sent que les gars ne sont pas trop libérés. Mais si je ne pensais pas qu’il y avait la qualité, je ne serais pas venu là. » Problème, depuis qu’il a reposé ses valises sur le Rocher, Henry n’a jamais pu aligner une vraie équipe type et n’a, à aucun moment, pu palper l’intégralité de la matière première que son effectif possède : aujourd’hui encore, l’infirmerie dégueule et mardi soir, face à Bruges, Titi se pointe une nouvelle fois avec une belle dizaine d’absents, Alexandre Golovine devant recevoir « un traitement complémentaire » pour sa cheville droite. Pas simple.
Ne pas gamberger
Alors, que faire et que représente cette quatrième soirée européenne de la saison ? « L’objectif, c’est de disputer un match de Ligue des champions » , a répondu Djibril Sidibé, de retour dans le groupe pour l’occasion, lundi face à la presse. Pas bête : Monaco accueille avec la banane cet apéro car, en Europe, il a tout à gagner et plus grand-chose à perdre, ce qui n’est pas le cas en Ligue 1, où le vice-président de la boutique, Vadim Vasilyev, a rappelé après le nul concédé à domicile face à Dijon (2-2) qu’il était nécessaire que « tout le monde, pas seulement les joueurs présents, mais tout le groupe » prenne « conscience de la gravité de la situation » . En cas de victoire mardi soir contre Bruges, qui ne compte également qu’un point après trois journées et qui reste sur cinq matchs consécutifs sans victoire à l’extérieur, l’ASM prendrait alors un avantage dans la baston pour être reversé en Ligue Europa dans quelques semaines, cinq jours avant de voir le PSG débarquer à Louis-II. Henry ne voit pas la chose différemment : « Ce match est une bonne chose, car il permet de ne pas gamberger. Il peut nous faire entrer dans une bonne dynamique. » Au fond, Monaco cherche ça depuis l’été et n’a plus le choix s’il veut avancer d’un millimètre.
Dégager les nuages
Recevoir Bruges, c’est également dépoussiérer les grimoires et se rappeler que c’est face à ce même adversaire que l’ASM a un jour frappé le premier gros coup de son histoire avec l’Europe : c’était en novembre 1988, Arsène Wenger était sur le banc, sa troupe avait été battu à l’aller en Belgique (1-0), mais avait surtout fait exploser celle d’Henk Houwaart au retour (6-1) grâce notamment à un triplé de Youssouf Fofana. Ainsi, Monaco déchirait sur le moment son étiquette de loser : celle qui lui colle aujourd’hui à la peau au cours d’une période où chaque joueur semble pétrifié par la peur de mal faire. Gagner, c’est souder un groupe, lui filer de la confiance, se prouver que tout peut finalement s’aligner comme il faut. Gagner, c’est aussi dissiper les nuages au-dessus de l’institution monégasque à une heure où les Football Leaks agitent leurs tentacules : il y a quelques heures, Mediapart a révélé que le propriétaire du club, Dimitri Rybolovlev, a tenté de monter un stratagème visant à contourner les règles du fair-play financier au printemps 2014. Derrière, Monaco a pointé de « fausses informations » tout en reconnaissant que le projet avait bien été imaginé. Mardi soir, le foot repasse au premier plan, et Thierry Henry, qui ne cesse de multiplier les essais tactiques, ne pense qu’à ça : enfin remplir le verre pour sortir du vide.
Par Maxime Brigand