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- Beşiktaş-Monaco (1-1)
Monaco, la vie des autres
Les absents n'ont pas toujours tort. S'il fallait une preuve, il suffisait d'observer le match de Monaco à Istanbul. Privée de Falcao, l'ASM a notamment rappelé que le compte était loin d'être bon sur le plan offensif.
Le 29 octobre 1717, Philippe Néricault Destouches est nerveux dans la salle. Surtout, il ne s’attend pas à ce qu’une phrase extraite de sa comédie L’Obstacle imprévu s’inscrive à jamais dans la langue française. « Les absents ont toujours tort. » Ce soir-là, un de ses comédiens déclare pour la première fois cette ligne de texte de la scène 6 de l’acte I, et fait basculer son œuvre dans la postérité. Trois cents ans plus tard, à trois jours près, sur la pelouse du Vodafone Stadyumu d’Istanbul, un match de football entre Beşiktaş et Monaco le contredit. Sans Djibril Sidibé, Thomas Lemar – sorti blessé dès la 25e minute – et surtout Radamel Falcao, l’AS Monaco n’a pas pu aller chercher une victoire indispensable à sa course à la qualification pour les huitièmes de finale. Non, non, Philippe, les absents ont parfois raison.
Pas d’autre buteur que Falcao
Depuis le début de la saison, le buteur colombien de l’AS Monaco tourne à plein régime, fait preuve d’une efficacité presque effrayante et tient à bout de bras une équipe au contenu qui laisse parfois à désirer. Treize matchs toutes compétitions confondues, treize buts, une passe décisive. Rien que ça. Le capitaine monégasque, également leader mental de sa formation, s’est ainsi rendu indispensable, encore plus qu’il ne l’était la saison dernière. Privé de Falcao pour la première fois de la saison contre l’OL, l’ASM avait déjà concédé une défaite. Son absence ce soir a encore prouvé qu’il était le seul véritable buteur de l’effectif monégasque.
Même s’il avait fini par marquer contre Bordeaux malgré un match moyen, Keita Baldé a encore prouvé qu’il n’était pas à l’aise aligné seul en pointe. Plus dribbleur et provocateur que buteur, il lui a manqué cette soif de but et ce sang-froid de tueur pour convertir son face-à-face qui aurait pu être gagnant dans le temps additionnel. Quant à Stevan Jovetić, repositionné dans l’axe à la sortie de Thomas Lemar, il n’est pas non plus fait pour évoluer seul sur le front de l’attaque. Plutôt créateur et presque numéro dix dans l’âme, il s’est souvent fait bouger et n’a pas été assez présent dans la surface. En l’absence de Falcao, Leonardo Jardim ferait peut-être bien d’associer les deux hommes ensemble pour compenser.
Le diapason Lemar
Mais le Colombien n’est pas le seul absent à avoir marqué des points. Très en jambes en début de match, Thomas Lemar a dû sortir sur blessure dès le début de la première mi-temps. Un véritable coup dur pour l’ASM, tant l’international français est le diapason de son équipe. Dribbleur, passeur, organisateur, buteur, quand Thomas Lemar va, Monaco va. Surtout qu’il semblait reprendre du poil de la bête depuis quelques matchs. Même Djibril Sidibé, souvent décrié pour son manque de justesse technique et ses approximations défensives, manquait cruellement ce mercredi soir.
Si on ne peut rien reprocher au solide Andrea Raggi dans l’état d’esprit, son apport offensif quasi inexistant s’est fait ressentir. Même si c’est souvent à l’arrache, Sidibé est lui capable de débloquer quelques situations par ses débordements. Et on aurait aimé le voir affronter Adriano, déjà en difficulté face à Rony Lopes. L’année dernière, Leonardo Jardim avait pu s’appuyer sur un turn-overefficace. Mais cette saison, tant que les nouvelles recrues ne se seront pas pleinement intégrées, il aura besoin plus que jamais de ses cadres.
Par Kevin Charnay