- Ligue 2 – 35e journée – Monaco/Caen
Monaco, la victoire de la France
Monaco peut officiellement valider sa remontée en Ligue 1 ce samedi face à Caen (14h). Et si l'issue ne fait plus de doute à quatre journées de la fin, c'est en partie grâce à l'apport des jeunes formés au club et des recrues hivernales achetées en Ligue 1. En cette période tendue entre les instances du foot français et le club de la Principauté, voilà sans doute une preuve que l'ASM, dans ses rêves de grandeur, ne doit pas tourner le dos à la France du foot.
Jeter un œil à l’effectif de Monaco, c’est faire le tour de la planète en quelques secondes. L’Europe (Allemagne, Italie, Grèce, Suède,…), l’Afrique (Maroc, Congo,…) et l’Amérique du Sud (Argentine, Uruguay, Brésil). Oui, même en Ligue 2, Monaco n’a pas dérogé à sa tradition de terre d’accueil pour étrangers à la recherche d’un coin de paradis (fiscal ?) pour jouer au foot. Cosmopolite, riche en quantité et en qualité, l’effectif de l’ASM n’aurait pas dépareillé cette saison dans la première moitié de tableau en Ligue 1. À l’échelon inférieur, la saison a été menée sereinement. Mais pas forcément grâce à ceux que l’on croit. Au vu du paquebot de recrues débarqué sur le Rocher cet été (8 arrivées plus les retours de prêt), c’est quasiment toute l’équipe de la saison 2011-2012 qui était partie pour être modifiée. Sauf que quelques irréductibles ont résisté aux « envahisseurs » .
Celui qui a le plus épaté est Valère Germain. Après ses 8 buts l’an passé pour sa première vraie saison chez les pros, le fils de Bruno a fait mieux que confirmer. Avec 12 réalisations et 6 passes décisives avant la réception de Caen, le joueur de 23 ans a parfaitement pris le relais d’un Ibrahima Touré muet depuis fin décembre et fait oublier la saison blanche de Sebastián Ribas. Autre petit jeune formé au club, autre grand artisan de la montée quasiment acquise : Nampalys Mendy. À 20 ans, le milieu de terrain de poche (1,68m, 68kg) a joué 28 matchs, tous en tant que titulaire. Pas rien, surtout face à la concurrence de joueurs plus expérimentés (Dumont, Coulibaly) ou à des recrues internationales (Ndinga, Bajrami, Poulsen).
Campora la joue comme Montebourg
« Depuis deux ans, ils frappaient à la porte. Ils se sont imposés, mais on savait qu’ils avaient le niveau, explique Jean Petit, l’adjoint de Claudio Ranieri. De suite, quand Ranieri les a vus, il a vu qu’ils avaient du potentiel. Mendy a stabilisé le milieu et Germain, avec son sens du déplacement et son opportunisme, il marque des buts. Si Ranieri l’a également mis capitaine, c’est qu’il avait les épaules pour ça, malgré sa jeunesse. On comptait sur eux et ils prouvent qu’on a eu raison de leur faire confiance. » Les jeunes, c’est bien, mais loin d’être suffisant en Ligue 2. Alors, quand l’équipe a connu un petit trou d’air au mois de décembre, Dmitry Rybolovlev a ressorti le chéquier.
Sauf que cette fois, ses scouts n’ont pas collectionné les miles. Revenu au club en janvier sous l’appellation de « vice-président chargé des relations extérieures du club » , notamment pour sa grande aura auprès des autres dirigeants français, Jean-Louis Campora a prôné la préférence nationale pour le mercato. Sans marinière, mais digne d’un ministre du Redressement productif, le dirigeant historique de l’ASM a fait son marché sur le sol hexagonal. Au total, trois arrivées : Mounir Obbadi (Troyes), Emmanuel Rivière (Toulouse) et Carl Medjani (Ajaccio). Pas forcément du clinquant, mais du très lourd pour la L2.
Une rafle sur la Ligue 1 cet été ?
« Je n’ai pas hésité une seule seconde. Monaco, ça ne se refuse pas, c’est un très grand club français même s’il est en Ligue 2 » , nous confiait récemment Obbadi, qui a immédiatement fluidifié le milieu de terrain monégasque. « L’entraîneur cherchait un liant au milieu et il l’a trouvé avec Obbadi, qui est le dépositaire de notre jeu. Et Medjani a apporté son sérieux et son professionnalisme » , souligne Jean Petit. Alors évidemment, Subašić, Raggi, Tzavellas ou Ocampos ont également une bonne part de responsabilité dans la remontée du club du Rocher. Mais sans l’apport des petits jeunes et de ses trois recrues taille Ligue 1, tous devenus titulaires, Monaco aurait-il mis le coup de cravache nécessaire pour s’échapper en tête du classement ? Pas si sûr.
En plus, la leçon semble avoir été retenue. Pour être en position de jouer une qualification européenne dès la saison prochaine, l’ASM veut se construire une colonne vertébrale solide et qui connaît la Ligue 1. Pour une adaptation rapide, mais également pour faire plaisir aux instances du foot français qui militent pour la fin des privilèges fiscaux du club de la Principauté. Les noms de Ruffier, Chedjou, Sakho, Gonalons, Cabella et Lisandro sont avancés. Déjà du lourd, sachant que le président russe espère aussi réussir quelques gros coups sur la scène internationale (Cassano ? Tévez ? Falcao ?). « On va se battre pour faire ce qu’on veut, prévient Petit. On a déjà donné beaucoup de joueurs à l’équipe de France. Mais on ne pourra peut-être pas avoir les joueurs que l’on veut, des noms ronflants. Le président et les recruteurs cherchent de la qualité, que le joueur soit français ou étranger. Le bon joueur s’adapte partout. » Et si ça tourne mal, Germain et Mendy ne seront sans doute pas loin.
par Alexandre Alain