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Monaco, la roue de l’infortune
Battu au buzzer à Lyon vendredi et rattrapé dans le money time contre Montpellier lors de la journée précédente, Monaco laisse poindre l’idée que la chance l’abandonne dans les moments clés. À l'heure d'accueillir le Beşiktaş dans une rencontre déjà capitale, les demi-finalistes de la dernière Ligue des champions seraient inspirés de retrouver leur mojo.
Lyon, vendredi soir. Nabil Fekir prend la gonfle comme un taulier et balance un coup franc dans le petit filet de Subašić avant de rentrer aux vestiaires dans la foulée. Voilà comment après Montpellier et son égalisation à la 94e, Monaco perd encore des points en Ligue 1 dans le money time. Cette fois, c’est le point du match nul qui s’envole. Rien d’anormal dans un match où l’OL a touché trois fois les montants, mais suffisamment préoccupant pour se pencher sérieusement sur le cas de l’ASM. Cinq mois après leur sacre incroyable, tout le monde n’est pas encore redescendu sur terre, les suiveurs les premiers. Comme si la folle saison dernière du club de la Principauté (95 points, rappelons-le) était devenue la norme.
À force de voir l’ASM massacrer tous ses adversaires comme des vulgaires figurants, on s’était mis en tête que le rouleau compresseur allait de nouveau tourner en boucle cette saison. Mais la 38e journée a mis fin au dernier championnat et tout a changé. Quelque part réside l’idée que lors d’une intersaison, tout est un peu redistribué. Et la chance en fait partie. L’an dernier, au-delà du talent individuel, de la force collective et de la touche technico-tactique de Jardim, Monaco a su compter sur une chance provoquée et méritée. Sur 38 journées, l’ASM a ouvert la marque une bonne dizaine de fois sur son premier tir du match. Parfois, l’escouade de Jardim a doublé la mise sur sa deuxième tentative. Et quand ce scénario se généralise à la vitesse grand V, il s’instaure dans l’esprit des joueurs un sentiment d’invincibilité et aux adversaires une peur permanente. Peur de se faire humilier. Peur de prendre une branlée. Peur de passer en boucle sur les réseaux sociaux. Monaco était devenu un épouvantail.
Retrouver la chance
Et puis l’an dernier, il y avait des signes favorables. Avant chaque grosse opposition, l’adversaire se retrouvait, parfois, diminué. Ainsi, Villarreal s’était présenté en barrages avec une infirmerie qui s’était remplie comme jamais entre le moment du tirage au sort et le match aller, Gabriel Jesus et Gündoğan ont manqué la double confrontation en C1 sur blessures, Verratti a déclaré forfait la veille du déplacement au Parc des Princes, Marquinhos avant la finale de la Coupe de la Ligue, le destin a mis sur la route du bus du Borussia Dortmund un illuminé-artificier avant le match aller du quart de C1… Bref, il y a des saisons comme ça, où tout roule. Tout rentre. Tout marche. Évidemment, la chance se provoque, se mérite même. Et cette chance semble avoir abandonné cette escouade. À l’heure actuelle, l’ASM est moins forte, moins belle, moins précise, moins rapide, moins efficace et surtout moins vernie. Cela ne veut pas dire que l’équipe n’avance plus. Elle est juste différente. Meilleur gardien du dernier championnat, Danijel Subašić ne s’est pas ringardisé en trois mois. Kamil Glik n’est pas devenu son jumeau maléfique. Il faut juste être patient et travailler. Ça va finir par tourner.
Leonardo Jardim le sait, même s’il va devoir composer avec l’ombre permanente de l’exercice précédent. Une saison folle qui a eu pour terrible conclusion la perte de quatre titulaires sur le papier, de deux remplaçants ultra importants (Dirar et Germain) et d’un état d’esprit à retrouver. Surtout, là où Mendy, Glik, Mbappé, Jemerson et Sidibé s’étaient parfaitement installés dans la peau de titulaires l’an passé, les nouveaux arrivants peinent à pérenniser leur poste. À l’exception de Rony Lopes, qui a déjà trois saisons de Ligue 1 dans les jambes, aucune recrue ne s’est encore installée durablement dans le onze de départ, que ce soient Tielemans, Kongolo, Jorge, Keita, Meïté ou Mboula. On est bien loin du XI de l’an dernier qui donnait l’impression d’avoir passé dix ans ensemble alors que le vécu de l’équipe type frôlait le néant au moment du coup d’envoi de la saison(1). Une mayonnaise qui prend aussi vite, aussi bien et sans explication rationnelle, c’est une chance. Monaco l’a rentabilisée au maximum. Alors ce mardi soir, face à Beşiktaş, Monaco aura aussi besoin d’un peu de chance pour quitter sa quatrième place de la poule. On le sait, il suffit d’un rien pour qu’un cycle s’inverse. Parfois, il suffit d’y croire. Un peu.
(1) Subašić – Sidibé, Glik, Jemerson, Mendy – Silva, Fabinho, Bakayoko, Lemar – Falcao, Mbappé. Soient deux titulaires indiscutables de l’exercice précédent, mais repositionnés (Fabinho, Silva), trois recrues qui composent 75% de la défense, deux retours en grâce (Bakayoko, Lemar), un retour de prêt (Falcao) et un jeune inexpérimenté (Mbappé). Le tout dans un nouveau schéma tactique.
Par Mathieu Faure