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Monaco, la recette d’un retour sur le podium
À deux doigts de partir en vacances avant même que le printemps ne se pointe, l’AS Monaco, au prix d'une incroyable série de succès, s'offre une fin de saison plus excitante que prévu. Désormais troisième, le club du Rocher tentera d'enchaîner une neuvième victoire ce samedi face à Brest. Retour sur la recette de ce renouveau qui permet aux Monégasques de squatter un podium qui paraissait encore inaccessible il y a quelques semaines.
À l’image de l’AS Monaco, Dmitri Rybolovlev se veut plutôt discret dans les médias. Quelques semaines après avoir été au cœur de nombreuses interrogations concernant ses éventuels liens avec Vladimir Poutine à la suite de l’invasion russe en Ukraine, le président de l’ASM se retrouve à nouveau dans la lumière le 19 mars dernier. Tard dans la soirée, L’Équipe annonçait que le Russe préparait un grand ménage au sein du club. L’oligarque n’aurait que très peu goûté la décevante élimination de ses hommes face à Braga dès les huitièmes de Ligue Europa deux jours plus tôt. La situation des Rouge et Blanc en championnat – huitièmes à neuf points du podium – n’incitait guère à plus d’optimisme pour la suite d’une saison qui pouvait bien s’achever avant le mois de mai sur le Rocher, comme le suggéraient plusieurs banderoles déployées à Louis-II pour la réception de Paris le dimanche suivant.
« Tout est encore possible. Mais il faut réagir. Pas uniquement contre le PSG, mais lors des 10 finales(il restait 10 journées à disputer) », tentait alors de se défendre Philippe Clement. Pourtant, le Belge, ainsi qu’Oleg Petrov, le vice-président, et Paul Mitchell, le directeur sportif, pouvaient faire les frais de la colère du président. À l’époque, une seule inconnue : la date de ce grand chamboulement. Deux mois plus tard, tout ce beau monde est encore en poste, et entendre résonner la douce musique de la Ligue des champions sur le Rocher la saison prochaine n’a plus rien d’un rêve inaccessible.
Un coach plus Clement
Débarqué pour remplacer Niko Kovač, licencié à la surprise générale dans les dernières heures de 2021, Philippe Clement livrait, quelques jours après son arrivée, un constat lucide sur l’effectif monégasque. « Physiquement, on doit passer par plusieurs étapes. C’est quelque chose que je savais quand je suis arrivé. On me l’avait dit, c’est l’un des points qu’on peut améliorer », avançait le transfuge du FC Bruges. Quatre mois plus tard, son équipe semble bien plus au point dans ce domaine. « Avec le coach Kovač, on enchaînait les bornes avant de toucher le ballon, maintenant on intègre le ballon, on prend plus de plaisir parce qu’on est footballeur avant tout, détaille Youssouf Fofana pour RMC Sport, visiblement pas mécontent d’avoir changé d’entraîneur. Il est plus calme, patient, dans la durée, et je pense qu’on le ressent. Même si on gagne par des petites marges, j’ai l’impression qu’on est beaucoup plus dangereux en fin de match. » En atteste le but de Ben Yedder face à Angers lors de la 35e journée. Sur un corner angevin à la 60e, les joueurs de la Principauté partent en contre et remontent tout le terrain pour se retrouver à cinq contre le seul Souleyman Doumbia et finalement doubler la mise par l’intermédiaire de l’international français.
L’ancien de Bruges a également su se montrer patient avec certains éléments. Youssouf Fofana et Kevin Volland, deux des plus gros travailleurs de l’équipe, ont ainsi bénéficié de temps pour se refaire une santé. Tout comme Aleksandr Golovin, blessé à l’arrivée du nouveau technicien. « Nous devons créer les fondations pour qu’il puisse jouer plus de matchs et on s’appuie sur les datas pour ça. C’est un joueur avec de grandes qualités, mais« le moteur et la carrosserie »doivent être prêts à répéter les performances de haut niveau », déclarait d’ailleurs Clement, à propos du Russe, avant d’aller défier Metz début avril. Pendant ce temps, Jean Lucas grappille du temps de jeu, mais ne parvient pas à réellement s’imposer. Tout le contraire d’Axel Disasi qui supplée parfaitement Benoît Badiashile et Guillermo Maripán, tous deux régulièrement blessés.
Une histoire de duos
Vidant peu à peu l’infirmerie, par moment bien remplie et qui ne compte désormais plus que Krépin Diatta et Cesc Fàbregas, qui devrait y finir son passage monégasque, Philippe Clement a également pu dégager un onze type et amener une stabilité qui manquait cruellement durant la première partie de saison. Le Belge peut ainsi compter sur plusieurs duos, dont certains faisaient déjà la force de l’ASM la saison passée. Devant, Ben Yedder et Kevin Volland combinent à nouveau comme ils en avaient pris l’habitude sur la phase retour en 2021. Plus discret et moins médiatisé, l’Allemand facture tout de même 14 pions et 11 offrandes sur la saison en cours. Mieux, il s’est montré décisif à six reprises sur les huit dernières rencontres pendant que son compère sur le front de l’attaque enquille les buts (six, sur la même période). Derrière eux, Golovin, qui vient d’enchaîner huit titularisations, une première cette saison, et la révélation Vanderson, dont Clement a « rapidement vu les qualités offensives », dynamitent les ailes du Rocher, laissant Sofiane Diop scotché sur le banc. À leurs côtés, Tchouaméni et Fofana règnent sur l’entrejeu.
Rayonnant depuis le début de saison, l’ancien Bordelais, aligné seul devant la défense à la prise de poste du coach belge, profite surtout du retour de l’ex-Strasbourgeois pour remonter d’un cran et peser dans les deux surfaces, à l’image de son doublé face au LOSC vendredi dernier. Passé tout proche de le faire face à Angers, Fofana attend, lui, toujours d’inscrire son premier but avec l’ASM en Ligue 1. Le Français pourrait bien profiter de la réception de Brest ce samedi pour briser ce plafond, histoire de confirmer qu’il est bien de retour à son meilleur niveau. Et, par la même occasion, d’installer encore un peu plus Monaco sur un podium qui paraissait si illusoire au début du printemps et pour lequel les joueurs du Rocher ont désormais toutes les cartes en main pour s’y accrocher jusqu’au bout.
Par Florian Porta