- C1
- J5
- Monaco-Tottenham (2-1)
Monaco, la France qui jouit
Après une victoire face à un faible Tottenham (2-1) mardi soir à Louis-II, l'AS Monaco a assuré sa qualification pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions. Un visa qui permet de valider la tournure prise par Leonardo Jardim, longtemps critiqué, et par un projet illisible jusqu'à il y a encore quelques mois. Voilà de quoi faire sourire la France du foot.
Rappelons-nous. C’était il y a un peu plus de vingt-deux mois. Une époque où il était encore bon de taper sur le petit nouveau qui peinait à se faire comprendre et où certains avaient même fait un pas de côté sans prendre de gant. Lorsqu’on tendait l’oreille, on entendait que Leonardo Jardim, arrivé à l’AS Monaco à l’été 2014 après avoir relevé le Sporting, « tuait le football » . Pour beaucoup, le Portugais manquait de respect au jeu, et ses premiers résultats sur le Rocher poussaient systématiquement à la critique. C’était avant qu’il retourne Arsenal à l’Emirates, avant qu’il retravaille ses méthodes et avant, surtout, qu’il impose sa vision des choses à la tête d’un projet dont on peinait à trouver d’autres moteurs que la rentabilité financière. Puis Monaco a bossé, et Jardim a continué à avancer en silence.
Il a plu par moments, il s’est pris des gifles à d’autres, mais le voilà enfin récompensé, la tête relevée sous les coups et les bras levés. Comme partout, l’entraîneur portugais divise entre les adeptes et les critiques. Mais ce qu’il faut se dire, et lui est le premier à l’avancer ainsi – « Dans le foot, le bon et le mauvais dépendent du résultat » – qu’après plusieurs mois à appréhender la méthode Jardim, elle fonctionne. Et elle fonctionne très bien quand il peut avoir la liberté de choisir ses hommes. C’est ce qu’il a fait au cours des mois écoulés (Mendy, Sidibé, Glik, Jemerson) et constatons : Monaco est là où il devait être. En tête de son groupe de Ligue des champions, qualifié après cinq journées et au cœur d’une campagne qui a débuté le 27 juillet dernier par une défaite fondatrice à Istanbul face à Fenerbahçe (1-2). Et ça fait du bien.
Les puncheurs et le feu nourri
Alors, on va se demander pourquoi tant d’enthousiasme et encore plus, si on a retenu les leçons du passé ? Bordel, n’en a-t-on pas marre de s’enflammer rapidement ? Il ne s’agit pas ici d’une allumette, mais plutôt d’un feu nourri qui s’entretient depuis assez de semaines pour parler d’une vraie cohérence. Car ce groupe vit et vit bien. Mieux, il sourit et jouit comme personne en Europe avec une attaque folle – cinquante-deux buts marqués depuis le début de la saison toutes compétitions confondues – et une défense qui tient la route même, si elle a souffert par moments mardi soir contre Tottenham (2-1) où l’ASM a une nouvelle fois su répondre à l’instant où il le fallait. Jardim a évolué et ne veut maintenant plus laisser de place à la respiration dans un 4-4-2 pensé avec des puncheurs rafraîchissants, dont Lemar, buteur contre les Spurs et récemment appelé chez les Bleus, est l’égérie.
Il y a ce onze qui brûle ensemble : Silva pour le côté artistique, Fabinho-Bakayoko pour un mélange de solidité et d’intelligence tactique rare, Glik-Jemerson pour les coups et l’imperméabilité, la paire Germain-Falcao pour la complémentarité et la définition même d’un homme devenu serviteur pour nourrir son maître avec joie, et ses ailes qui commencent maintenant à fracasser les certitudes. On savait Sidibé prometteur, mais certainement plus Benjamin Mendy capable d’imposer ses épaules dans la tête d’un autre entraîneur que Marcelo Bielsa. Sa prestation de mardi soir n’a fait que prouver qu’il avait les capacités, à vingt-deux ans, de venir foutre le bordel plus haut s’il est capable de répéter de telles copies. Il faut maintenant profiter de ce Monaco, car il donne du plaisir à une France du foot qui peine parfois à en prendre en Europe. Il fallait simplement une confirmation supplémentaire à un 6-0 contre Nancy, un 6-2 contre Montpellier, un 7-0 à Metz ou à un superbe 3-1 contre le PSG. Eh bien cette qualification, parfois pénible, en est la preuve.
Par Maxime Brigand