- Ligue Europa
- 2e journée
- Gr.J
- Monaco/Tottenham (1-1)
Monaco et Tottenham ronronnent sur le Rocher
Dans un match à l'intérêt hésitant, si Monaco et Tottenham ont tous deux réussi à trouver la cible, ils n'ont pas dégainé souvent. Les acteurs se quittent bons amis (1-1), les spectateurs moins.
El Shaarawy (80′) pour Monaco , E. Lamela (34′) pour Tottenham.
Heureusement, Louis-II n’est plus, et les supporters de Monaco ne sont pas nombreux à payer leur ticket pour le stade. Car ce jeudi soir, le spectacle n’a rien eu de princier. Un match de prolos qui a le mérite de permettre de tirer quelques enseignements. Dont celui-ci, qui relève de la lapalissade : le 9e de Ligue 1 ne peut pas vaincre l’équipe qui vient de terrasser le vice-champion d’Angleterre. L’AS Monaco va devoir régler son comportement collectif pour arriver à quelque chose cette saison. Côté Tottenham, la confiance venue de quatre victoires en cinq matchs est palpable. Ce jeudi soir, l’un est avant-dernier de son groupe, l’autre premier.
Les vertus de l’ennui, le vice de la folie
Autour du toss, des têtes connues et une belle tranche de charisme avec les capitaines Toulalan et Lloris. Et c’est Monaco qui envoie son 50e match de l’ex-C3 avec une affiche sexy. Malheureusement pour les spectateurs alléchés par l’odeur de Ligue des champions qui émane de l’opposition, elle n’en a pas la saveur. Deux corners d’entrée, un de chaque côté, ne font pas longtemps illusion : derrière, on s’emmerde. Ni les combinaisons à droite entre Fabinho et Silva, très actif, ni la mobilité de Lemar à gauche n’aboutissent à du concret. Au quart d’heure, Eriksen, Lamela, Kane et Tottenham affichent 60% de possession pour une frappe. C’est pauvre. Subašić tente bien de mettre un grain de folie par une sortie étrange au bout de sa surface et le long de la ligne des six mètres, Chadli rate la lucarne depuis le coin opposé du rectangle. Une frappe lointaine d’Adama Traoré plus tard, le goût est doux-amer : si le jeu est ennuyeux, Monaco semble avoir retrouvé un semblant de solidité. C’est Toulalan qui va être content.
Mais pas trop longtemps. À peine le constat dressé, Tottenham se présente à cinq contre trois au terme d’un contre bien emmené par Chadli et presque bien arrêté par Subašić. Las, Lamela et sa coupe traînent en renard pour pousser la balle au fond. Ça fait 0-1 et c’est, un peu, cher payé pour les locaux. Qui tentent de se révolter par leurs Portugais, mais Coentrão, notamment, rappelle par un joli saut de saumon qu’il est plus habitué à centrer de la gauche qu’à mettre la tête à droite. Il a au moins le mérite de faire frémir la partie. Coup sur coup, Subašić dégaine plus vite que son ombre devant Harry Kane et son blase de cow-boy, puis Traoré bien servi par Lemar claque sa tête hors cadre. Bis repetita quelques minutes plus tard. Cette fois, c’est Vertonghen qui dégage. Le jeu se fait plus alerte et les mots de Toulalan avant le match, réclamant plus d’efforts collectifs, résonnent : les jeunes de devant ont du mal à combiner allant offensif et repli défensif. Dès qu’elle envoie un peu de jeu, l’ASM est coupée en deux.
Le Pharaon bondissant
À la reprise, Tottenham affiche sa sérénité. Elle sonne belge, avec une charnière Alderweireld – Vertonghen impassible, sur les centres comme sur les tentatives dans l’axe. La somnolence gagne, à peine secouée par le carton jaune de Toulalan ou l’entrée de l’énigme, jusqu’ici, El Shaarawy à la place du décidément prometteur Thomas Lemar. Mais du Pharaon, Mauricio Pochettino n’en a cure : il fait entrer l’immense Clinton Njié pour le buteur Erik Lamela. C’est le moment changements, puisque Jardim répond par un Carillo pour Lacina Traoré, suivi par Mauricio et son Townsend pour Chadli. Quatre nouveaux joueurs vont-ils réveiller les vingt dernières minutes ? Subašić, lui, prouve que non seulement il ne dort pas, mais qu’en plus, il est un excellent gardien avec un gros réflexe sur une tête de Dier. Alors Jardim fait le fou et sort Carvalho pour Dirar. Son équipe va jouer quinze grosses minutes à trois derrière. Cela fait quelques espaces pour Njié à droite, mais l’ancien Lyonnais est soit gourmand, soit hors-jeu. C’est donc de Milan que viendra la lumière. Sur un centre venu de la droite, l’Italien parvient à glisser ses épaules entre la charnière des Spurs et le ballon entre les jambes de Lloris pour le 1-1. Un but contre le cours du jeu en général, tant les occasions se sont faites pauvres pendant 80 minutes. Dix minutes plus tard, le constat ne change pas : avec un seul carton jaune pour l’aimable Jérémy et de trop rares frappes cadrées, le jeu a été posé et policé. Au moins, il n’a pas perturbé le prince dans son sommeil.
Par Eric Carpentier