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Monaco et les pousses latérales
Après avoir observé et regretté le départ de Benjamin Mendy, l’AS Monaco commence à retrouver foi en ses jeunes arrières latéraux, destinés à écrire son futur. Car malgré ce que leurs prestations peuvent laisser transparaître, Almamy Touré et Jorge se mettent progressivement à l’aise. Chiffres à l’appui.
Tout le monde en a déjà beaucoup parlé. Beaucoup trop. Avec le transfert estival de Benjamin Mendy à Manchester City pour la coquette somme de 57,5 millions d’euros (soit la plus grosse dépense pour un défenseur de l’histoire du foot), Monaco avait changé. Fini les combinaisons ultra complices entre l’arrière et Thomas Lemar. Terminé les déboulés supersoniques sur l’aile. Oublié les centres tendus à la recherche de la tête de Falcao. L’international français parti, l’ASM ne pourrait plus jamais avoir la même gueule que le superbe visage affiché durant la saison 2016-2017.
Oui, mais le football est comme ça. Les cycles, aussi courts soient-ils, naissent pour s’achever, et il faut s’en accommoder. Et pas toujours en essayant d’imiter ce qui a marché par le passé. Alors, pour remplacer Mendy, le Rocher a opté pour Jorge, anonyme Brésilien arrivé de Flamengo en échange d’un chèque de neuf millions d’euros en janvier 2017. Pas franchement sexy. Et puisque plusieurs prestations du nouvel arrivant (notamment celles contre Nice, Leipzig et Porto) ont effrayé ceux qui adulaient Benjamin, l’optimisme n’était pas au rendez-vous. C’est que dans ce bas-monde, la patience n’a qu’une existence très limitée. Surtout quand, de l’autre côté, Almamy Touré, le jeune homme censé bientôt faire le beau temps de la droite de la Principauté, ne proposait guère mieux (face à Leipzig et Montpellier) quand il fallait suppléer Djibril Sidibé.
Jorge, simplement différent
Sauf que voilà : il convient de bien garder en tête qu’un jugement peut non seulement être faillible, mais qu’il peut aussi, par ricochet, être révisé. Car à y regarder de plus près, le début de saison des deux jeunes pousses monégasques ne s’avère pas si alarmant. Loin de là. Prenons le dossier Jorge, par exemple. Si l’on souhaite s’amuser à comparer ses statistiques à celles de Mendy, son prédécesseur à gauche l’an dernier, on remarquera qu’il touche effectivement moins de ballons et qu’il centre beaucoup moins. Mais il dribble beaucoup plus, gagne bien plus de duels et réussit davantage de centres et passes dans les trente derniers mètres (en pourcentage).
Surtout, il se montre, pour le moment, plus décisif : en dix journées, le Sud-Américain de 21 ans a provoqué deux penaltys (il est aussi l’un des deux défenseurs de Ligue 1 à subir le plus de fautes, ndlr) et déjà réalisé deux passes décisives. Contre cinq pour l’international français sur tout l’exercice 2016-2017. Cela ne vaut que sur la scène nationale, le natif de Rio de Janeiro étant beaucoup moins efficace en Ligue des champions, lorsque le niveau s’élève. Il est vrai, aussi, que Jorge Marco de Oliveira Moraes, de son nom complet, est plus fragile sur le plan défensif. Mais peut-être devrait-on le considérer comme un latéral au profil différent de Mendy, et dont les performances laissent présager un potentiel qui ne demande qu’à se développer ? Tite, qui lui a offert une première sélection en janvier 2017 et qui l’a rappelé en septembre dernier pour pallier l’absence de Filipe Luís, ne dira pas le contraire.
Touré, bientôt puissant
Le petit Touré, maintenant. Lui aussi voit son bilan contrasté par d’affreuses partitions en C1. Reste que les bonnes choses qu’il a pu démontrer par intermittence la saison passée n’étaient pas simplement dues au hasard. Après des sorties au rendement plus que convenable à Lille (une passe décisive) puis à Lyon, le garçon de 21 piges s’est définitivement remis en selle contre Guingamp avec trois assists. Une première pour un défenseur de L1 depuis 2006-2007. Le bonhomme l’assure : sa crise de confiance est terminée.
« Je me suis remis en question et j’ai bossé, a-t-il réagi face à la presse après la victoire sur l’En Avant.Lors de mes derniers matchs, j’étais moins concentré. Ce n’était pas le Almamy que tout le monde connaît. Je sais que c’est le genre de match que je dois utiliser pour me montrer.(…)Ce soir, j’avais vraiment faim. Ça faisait trois matchs que je n’avais pas joué. Il fallait que je montre au coach que j’étais là et qu’il pouvait compter sur moi. » Plus aux avant-postes que derrière, certes. Mais avec l’avenir devant lui. Comme un certain Jorge. Après tout, Mendy aussi était fortement critiqué à 21 printemps.
Par Florian Cadu