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Monaco, énigme en terre du milieu
Dépouillée de ses cadres dans l'entrejeu lors du dernier mercato estival, l'ASM rame pour trouver un semblant de stabilité au milieu de terrain, où une hiérarchie claire peine à se dessiner. Forcément inquiétant à l'heure de retrouver le Dortmund de Lucien Favre, qui roule sur la Bundesliga en ce début de saison.
Face à Saint-Étienne vendredi dernier, il avait décidé de trancher dans le lard. Excédé par la défaite de ses hommes face à Angers en début de semaine, Leonardo Jardim n’avait même pas convoqué Youri Tielemans pour le déplacement face aux Verts. En cause, le prétendu manque d’investissement du Belge, beaucoup trop irrégulier à son goût. « La motivation ne doit pas venir de l’adversaire… On doit toujours être professionnel. Il faut respecter le club… On doit faire mieux dans le jeu. C’est une question de motivation. Moi, je suis autant motivé pour jouer contre Paris ou Marseille que contre Angers ou Reims. » Une déclaration forte en gueule, mais sans effet probant : sans l’ancien d’Anderlecht, l’ASM a tout de même perdu dans le Forez. Et si les hommes du milieu monégasque ont beau changer encore et encore, le résultat, lui, reste désespérément identique.
Passion Turnover
Signe de l’agitation qui anime l’entrejeu asémiste depuis le début de la saison, le turnover intense effectué par Jardim, alors que l’ASM n’a encore disputé que huit petits matchs en Ligue 1 et un seul en C1. Le Portugais a pourtant déjà titularisé presque tous les hommes de son effectif au milieu de terrain : derrière Tielemans et ses sept titularisations – mais dont la récente mise à l’écart prouve qu’il n’est pas un indéboulonnable du onze type – Aholou, Adama Traoré, Kevin N’Doram, Chadli, Pelé, Sofiane Diop et Youssef Aït Bennasser alignent entre une et six apparitions dans le onze de départ depuis le début de la saison.
Un contraste saisissant avec l’exercice précédent, où le trio Fabinho-Moutinho-Tielemans avait trusté le milieu de terrain, les trois joueurs disputant respectivement 46, 44 et 35 matchs toutes compétitions confondues. Le succès fut parfois mitigé, à l’image du parcours catastrophique de l’ASM en C1, mais leur association régulière avait tout de même permis aux Asémistes de gratter un ticket gagnant pour la Ligue des champions. Rien de tout cela cette année : après avoir charpenté ensemble le milieu rouge et blanc ces dernières saisons, les deux vieux briscards, Fabinho et Moutinho, sont partis goûter aux charmes de la Premier League cet été.
Trop jeunes, trop tendres
Résultat : l’ASM ne peut plus que piocher dans sa boîte à jeunes talents pour combler les trous. Une tâche manifestement encore trop lourde pour Tielemans qui, à 21 piges, est peut-être encore un peu tendre pour assumer le leadership technique de l’équipe. Le fardeau semble d’autant plus lourd à porter pour le Belge que ses compères au milieu font eux aussi partie de la classe biberon : à l’exception de Pelé et Chadli, aucun des autres joueurs titularisés par Jardim dans l’entrejeu ne dépasse les 24 printemps. Y compris Alexander Golovin, 22 ans au compteur, tout juste de retour de blessure et à qui il va sans doute falloir un peu de temps pour mettre la patte sur le jeu monégasque. Jardim, lui, n’a cessé de tâtonner tactiquement pour tenter de redonner un semblant de cohésion à une formation en cruel manque de tauliers comme de certitudes.
Cette saison, le Portugais a entre autres misé sur son fameux 4-4-2 à plat face à Lille lors de la seconde journée de Ligue 1, alors que Stevan Jovetić était encore au point physiquement pour appuyer Radamel Falcao en pointe, un 4-2-3-1 reconduit dernièrement face à Angers et même un 3-5-2 plutôt expérimental face à Saint-Étienne. Trois systèmes différents, pour un nul et deux défaites. Face à Dortmund ce mercredi, il devrait probablement miser beaucoup sur Golovin, le recrutement phare du club du Rocher cet été, qui devrait être aligné en meneur de jeu, en soutien de Radamel Falcao. En espérant que son wonderkid russe soit déjà à la hauteur des espoirs qu’il a pu susciter. Histoire de peut-être rallumer un peu de lumière et d’enthousiasme au sein d’une terre du milieu monégasque qui en manque pour l’instant cruellement.
Par Adrien Candau