- C1
- Barrages
- Benfica-Monaco (3-3)
Monaco : un peu de love, beaucoup de tendresse
Monaco a fait du Monaco, ce mardi soir à Lisbonne. Souvent séduisante, l’ASM a encore été plombée par ses erreurs individuelles et sa fragilité défensive. Un mélange de tendresse et de naïveté rédhibitoires à ce niveau de compétition, au point qu’on ne sait pas trop s’il faut les aimer ou les maudire.

Des sentiments contraires peuvent se bousculer, devant un écran et un match de foot, un mardi soir de Ligue des champions. De l’amour, de la frustration, de l’admiration, de l’agacement, du bonheur, de la colère, de l’espoir et finalement du désespoir, voilà en quelques mots le tourbillon provoqué par les Monégasques à Lisbonne, où ils n’ont pas réussi à vaincre Benfica (3-3) et la malédiction de la Luz pour se frayer un chemin en huitièmes de finale de la compétition reine. L’AS Monaco a résumé sa saison, ses qualités et ses défauts, en une rencontre aussi spectaculaire que plombante. Au fond, on a envie d’aimer cette équipe jeune, joueuse, naïve et donc imparfaite, comme elle nous pousse à la détester, à certains moments, à force de répéter les mêmes erreurs, les mêmes fautes et d’accumuler les déceptions.
Les paradoxes de Monaco
Cette ASM a du charme, elle incarne en quelque sorte la cruauté que peut provoquer le foot. Ses trois buts marqués à Lisbonne, dans un stade surchauffé, valent le coup d’œil, même si Anatoliy Trubin a bien aidé l’entrant George Ilenikhena pour le troisième. Takumi Minamino et Eliesse Ben Seghir avaient montré la voie, Maghnes Akliouche a lui déposé son CV sur la scène européenne et auprès de Didier Deschamps à un mois de la prochaine liste des Bleus. Le milieu offensif de 22 ans a rayonné, comme souvent cette saison, confirmant son talent et obligeant ceux qui aiment le ballon à l’aimer. On aurait eu envie de le revoir en Ligue des champions le mois prochain, comme on aurait bien revu Lamine Camara, 21 piges, qui a fait oublier les absences de Denis Zakaria et Al-Musrati à lui tout seul.
BEN SEGHIR DONNE LES COMMANDES À MONACO ☄️ À souligner une super feinte d'Embolo après un très bon travail de l'excellent Maghnes Akliouche 💫#SLBASM | #UCL pic.twitter.com/tHHUl5jHX1
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) February 18, 2025
Monaco reste Monaco, et ce n’est même pas l’histoire d’une saison, mais celle des dernières années. Il y a toujours un moment où l’équipe du Rocher laisse penser qu’elle peut soulever des montagnes, avant qu’elle ne finisse par s’écraser sur le béton. Le mois de février n’est pas encore terminé, mais le rêve de concurrencer le PSG en championnat s’est déjà évaporé, la Coupe de France n’est plus d’actualité après une élimination contre Reims, et l’aventure européenne a été écourtée. L’ASM a pourtant livré une prestation collective séduisante, ce mardi, mais les erreurs individuelles et la tendresse monégasque ont perdu la bande d’Adi Hütter. Il n’y avait pas un défenseur pour rattraper l’autre, encore une fois : le taulier Wilfried Singo s’est craqué face au pressing de Barreiro sur le premier but ; Thilo Kehrer a poussé l’arbitre à sanctionner (peut-être sévèrement) d’un penalty son contact avec le pied d’Aursnes ; et Christian Mawissa a rappelé son âge (19 ans) et son besoin de poursuivre son apprentissage pour être au top à ce niveau.
Attention, fragiles
C’est trop récurrent cette saison pour être un hasard : la fragilité et l’inconstance de cette AS Monaco est rédhibitoire pour voir plus haut. L’arbitrage parfois contestable sur les deux confrontations (et surtout lors du match en phase de ligue contre ce même Benfica) ne doit pas masquer ces lacunes et ces limites défensives. En trois rencontres face aux Lisboètes, les gars de la Principauté ont fini avec 7 buts dans la musette, quand le PSG leur a passé 9 pions en 3 matchs ces dernières semaines. On parle de la huitième défense de Ligue 1, avec 29 buts encaissés, qui se situe entre Nice (27) et Angers (31). À partir de là, rien d’étonnant à constater les dégâts dès que le niveau s’élève : 3-0 à Arsenal, 3-0 contre l’Inter et un succès inaugural contre le Barça qui aurait peut-être tourné différemment sans une expulsion précoce côté catalan.
On a un peu de frustration. Maintenant, on va continuer le travail en championnat. C’est ça, c’est le foot.
Le match était en tout cas terminé depuis quelques minutes à Lisbonne quand Kehrer s’est présenté au micro de Canal + : « On est déçus, bien sûr. On a tout donné, et à la fin, ce n’était pas assez, il manquait un but. Malheureusement, on sort ce soir, mais avec la tête haute. Trop d’erreurs défensivement ? Je ne pense pas, mais dans les moments décisifs, on a manqué de défendre notre but à fond. Il y a des erreurs, mais de l’autre côté aussi. » Une forme de fatalisme assez étonnant, prolongé par Caio Henrique auprès du diffuseur : « Je pense qu’on a fait un bon match, on a créé beaucoup d’occasions. On a un peu de frustration. Maintenant, on va continuer le travail en championnat. C’est ça, c’est le foot. […] C’est un peu frustrant pour nous, c’est la vie, on va continuer. » De la tendresse sur le terrain et dans les discours : en gros, ce n’est pas trop important, c’est l’histoire du foot. C’est surtout celle de Monaco, frustré aux tirs au but par le Bayer Leverkusen en 2023, en prolongation par le PSV en 2022 ou le Shakhtar en 2021, ou encore par Braga en huitièmes de finale de C3. Ce n’est pas encore cette année que le printemps sera chantant, en Principauté.
Adi Hütter : « Ce que j’ai vu ce soir me rend très fier »Par Clément Gavard