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Monaco dansera avec la Vieille Dame
Les Monégasques dégusteront leur demi-finale de Ligue des champions à la sauce italienne. Le verdict des boules a parlé, l'ASM va croiser le fer avec la Juventus.
L’adversaire
La Juventus. La Juve, pour les intimes. La Vieille Dame, pour ceux qui aiment les surnoms et les métaphores. Les amoureux du guide du Routard, eux, diront simplement Turin. Peu importe comment on l’appelle, le futur adversaire de Monaco fait flipper. Car cette saison, la Juventus n’est plus cet éternel outsider de la Ligue des champions qu’on adorerait voir gagner, mais dont on savait qu’elle allait se faire tamponner par un gros bonnet. Elle est tout simplement devenue un vainqueur en puissance, qui vient de renvoyer le Barça dans l’avion sans soucis, et qui paraît impossible à manœuvrer. C’est simple, cette saison, la Juve n’a pas perdu un seul match en C1. Pire, ses défenseurs tarés et son gardien infatigable n’ont mangé que deux buts, et aucun depuis le début des phases finales. Un défi un peu plus compliqué que la défense en mousse du Borussia pour Monaco. Une dernière mauvaise nouvelle pour la route ? La Juve a 99% de chances de remporter le titre en Serie A et pourra économiser de l’énergie sur le plan national, alors que Monaco sent toujours le souffle chaud du PSG sur sa nuque.
Les historiques de confrontation
Il y a deux ans, Monaco et la Juve s’affrontaient déjà en Ligue des champions, mais en quart de finale. Victoire de la Juve 1-0 à domicile à l’aller, bétonnage et 0-0 au retour, et merci bonsoir, l’ASM disait au revoir à la compétition. Avant ça, il fallait remonter à 1998, année bénie pour le foot français, mais un peu moins pour Monaco qui avait mangé un joli bouillon en demi-finale de C1. Le 4-1 encaissé dès l’aller pour Monaco à cause d’un triplé de Del Piero avait scellé l’affaire, même si la victoire 3-2 de Monaco au retour avait permis de sauver l’honneur. Puis Thierry Henry avait marqué, et il paraît que Kyky est le nouveau Titi, alors voilà de quoi espérer. Mais souvenons-nous qu’en 2015, Buffon et sa horde avaient sacrément galéré à sortir Monaco. La Juve avait même été sauvée par un péno contestable de Vidal. Tout en gardant en tête cette statistique qui fait peur : la Vieille Dame a affronté treize fois des clubs français dans des matchs à qualification directe en Coupe d’Europe, et s’est qualifiée… treize fois. Mais bon, Monaco, c’est pas vraiment la France, c’est l’ONU qui le dit.
Les retrouvailles entre Kamil Glik et les tibias des joueurs de la Juve
L’histoire commence il y a presque cinq ans, en décembre 2012, lors d’un derby entre le Torino et la Juventus. Le Polonais est alors un jeune et fier défenseur des Granata, et défonce Giaccherini d’un tacle par derrière hallucinant dès la 35e minute. Le carton rouge est immédiat, et le rendez-vous pris pour le derby de la phase retour. Nous sommes le 28 avril 2013, dans l’antre du Torino, et Glik récidive, ce coup-ci en deux fois. À la 78e, il prend un premier jaune pour un coup de coude à Quagliarella. Dix minutes plus tard, il prend le deuxième pour une nouvelle faute sur Quagliarella. Emanuele Guaccherini et Fabio Quagliarella ne sont plus là, tant mieux pour eux. Mais soyons sûrs que Glik va se trouver de nouvelles victimes. Une embrouille avec Chiellini donnerait sans doute l’un des spectacles les plus divertissants de la saison.
Pourquoi c’est un bon tirage
Parce qu’il n’y en avait pas de mauvais ou de bon. Qui a envie d’aller jouer contre ces chanceux du Real qui prennent deux buts par match, mais qui trouvent toujours le moyen d’en marquer trois ou quatre sans que l’on comprenne trop comment ? Qui a envie de se coltiner Vicente-Calderón, ses supporters fous et son équipe injouable ? Alors la Juve, dans le fond, c’est ni mieux ni pire. C’est comme ça, un point c’est tout. Calculer et raisonner en matière d’adversaire plus ou moins manœuvrable, c’est commencer à se poser des questions. Et ne pas s’en poser, c’est justement ce que Monaco fait de mieux, en profitant de cette fraîcheur et de cette insouciance qui en font une équipe à part.
Le joueur à craindre : Giorgio Chiellini
En imaginant Mbappé et consorts affronter des Piqué, des Ramos, des Silva, on tremble un peu, mais sans plus, car on sait que la force de frappe offensive monégasque est capable d’en venir à bout. Mais la défense de la Juve, c’est clairement une autre paire de manches. Même quand elle n’est pas au complet, la BBC turinoise reste une tenaille qui broie tous ceux qui osent s’approcher d’elle, et Chiellini a l’air d’avoir très faim en cette fin de saison, comme peuvent l’affirmer les Barcelonais. Capable de défendre avec n’importe quelle partie de son corps, comme ces tueurs qui pourraient vous tuer avec n’importe quel objet présent dans une pièce, Chiellini ne baissera pas ses yeux noirs en voyant Falcao ou Bernardo Silva arriver face à lui. Et si, par miracle, l’un d’eux arrive à le franchir, il faudra se taper son pote Bonucci derrière. Avant d’aller claquer la bise à ce bon vieux Buffon. Un joli parcours du combattant.
L’analyse de Stéphane G. : « Monaco, c’est pas Crotone »
Assis dans sa cabine de commentateur, il peut enfin souffler un grand coup. Détendu comme jamais, il se permet même de déboutonner un peu plus sa chemise, laissant apparaître une toison grise, et envoie une grande tape dans le dos de son ami, Paul L.G. Oh que Monaco a souffert ! Un moment, Stéphane G. a même cru les voir éliminés. Mais heureusement, ce match-retour finit par sourire aux hommes de Jardim. Une semaine après avoir gagné 2-0 à l’aller à Louis-II, l’ASM a bouffé deux buts en première mi-temps au Juventus Stadium. Quelle poisse ! Mais heureusement pour le petit cœur de Stéphane G., son Kylian Mbappé chéri a remis les choses en ordre en trouant Buffon sur une contre-attaque express à dix minutes de la fin. Soulagé, le commentateur peut l’affirmer : « Et oui ! Monaco, c’est pas Crotone ! » Et pourquoi pas fêter ça avec quelques chouquettes ? Le buffet de la tribune de presse du stade de la Juve est vraiment sympa et risque d’être dévalisé dès le coup de sifflet final. Qui remarquera s’il s’absente un instant ? Le consultant meublera en attendant son retour. Cinq minutes plus tard, la bouche encore pleine, Stéphane G. revient en cabine. Il ne voit plus rien. Les vitres sont embuées. Par quoi ? Par les larmes de son compère, qui ne peut plus parler après avoir hurlé « Nooooooooooooon » sur un but de Cuadrado. Le temps que Stéphane G. aille se remplir le gosier, Turin en a planté deux. Et sur le terrain, Laurent P. est déjà en train d’attendre que la match se termine pour aller demander à Falcao : « So, mister Tigre, are you déçu ? »
Par Alexandre Doskov