- Ligue 1
- J33
- Monaco-Nantes (2-1)
Monaco cogne Nantes en trois minutes
Rony Lopes est le meilleur buteur de Ligue 1 en 2018, et Claudio Ranieri ne sait plus tenir un résultat. Comment ça, la Ligue 1 manque de surprises ?
AS Monaco 2-1 FC Nantes
Buts : Falcao (41e) et Lopes (43e) pour l’ASM // Thomasson (31e) pour Nantes
On peut faire beaucoup de choses, en trois minutes. On peut passer acheter des fleurs pour sa femme en rentrant du boulot, ou s’en griller une les cheveux au vent pendant sa pause de midi. On peut chausser ses baskets et aller acheter le pain, ou même faire l’amour, tiens. À condition de ne pas traîner. Non, ce que l’on oublie trop souvent, c’est qu’en 180 secondes, Leonardo Jardim peut aussi gagner un match de football. Monaco n’aura pas montré grand-chose face à Nantes, si ce n’est le talent grandissant de Rony Lopes, et s’impose à domicile à l’issue d’une affiche qui enfonce encore un peu plus Nantes dans son simulacre de crise, empâté dans un fonds de jeu trop aléatoire offensivement. Il est temps que le printemps revienne.
Deux roses dans un bouquet, ça fait toujours son petit effet
Levé de son banc dès les premières minutes et probablement excité de revenir dans un calme jardin qu’il avait extirpé de la Ligue 2, Ranieri le jardinier a aligné au coup d’envoi toutes ses belles fleurs pour le retour des beaux jours. De jolis plants peut-être, mais « fatigués » , comme le confiait Waldemar Kita en coulisses, et qui ne sont que quatorzièmes de Ligue 1 en 2018. Alors logiquement, les Jaunes présentent tout d’abord une belle face de marguerite : le pétale est tombant, la plante est clairement surpassée en élégance par le rouge coquelicot qui se démène en face, et le pollen au centre pique même les yeux de ceux qui n’y sont d’habitude pas allergiques. Pour autant, on apprécie le coup d’engrais : Ranieri appelle au pressing, hèle ses bêtes pour les faire monter d’un cran comme des moutons dans leurs alpages, et progressivement, Nantes reprend le dessus. Un dessus qui révèle d’ailleurs que Monaco s’est habillé sans dessous, le jeu rendu poussif par le tubercule Abdoulaye Touré, auteur de la première frappe cadrée du match (20e), et bien placé pour voir Thomasson ouvrir le score d’une superbe frappe lobée (1-0, 31e).
Heureusement, il y a Ronnie. Ou Rony, plutôt. N’ayant que faire des plantations, celui qui n’est pas encore le meilleur buteur de Ligue 1 en 2018 est à la déviation d’un centre repoussé dans les pieds de Falcao, heureux convoyeur d’un bouquet terminé sur le buffet de Tătăruşanu (1-1, 41e). Et puis quelques secondes plus tard, dans une composition florale qui n’aurait rien à envier à une épreuve de Qui sera le meilleur fleuriste, c’est l’inverse : le Tigre glisse quelques tiges banales dans un vase, et Lopes se charge d’y ajouter la couleur d’une frappe limpide du gauche. Son septième but sur les sept derniers matchs (2-1, 43e). Nicolas Pallois peut bien gueuler sur qui de droit, Nantes repart aux vestiaires chargé de deux buts dans son filet à papillons, et Léo Dubois se demande encore comment.
Khrin et châtiments
Tout agriculteur l’aura un jour glissé en conversation de soirée : « Ce qui compte dans un champ, c’est de maîtriser les infiltrations m’sieur ! » Manque de pot pour des Canaris élevés en batterie, le message ne semble pas avoir percuté leur cortex, le dos courbé sous les quatorze centres catapultés par Monaco en première période. Du bon sens, que du bon sens : les deux premiers buts sont venus de la gauche, côté Jorge, et le troisième aurait pu faire de même si Pallois n’avait pas ôté la gonfle des pieds fleuris de Falcao (48e). Sinon, Glik est une enflure. Le garçon s’en sort avec un jaune sur une intervention odieuse conclue les crampons dans les bourses de Khrin, dont on doute encore de la capacité d’enfanter, épisode symptomatique d’une domination monégasque toute relative, faite de possession de balle stérile – on y revient – et d’un tranchant passablement élimé.
C’est comme si l’artisan fleuriste en avait finalement assez d’associer des tulipes et des myosotis, troquant ses boutures de qualité contre du chiendent et des pâquerettes : la bande à Jardim se satisfait visiblement de son but d’avance, ou n’est tout du moins pas plus capable d’en inscrire un autre. Dans ces cas-là, on cimente. Raggi remplace Radamel, histoire de bien faire passer le message, même dans la confusion générale des adjoints de Jardim, incapables de suivre ses mouvements tactiques. Sala fait vibrer Subašić une dernière fois, c’est dans la poche. C’est aussi ça, Monaco cette saison : du pragmatisme, et comme souvent, l’éclat d’un type dont on avait oublié l’existence la saison d’avant. Décidément, ce Portugais-là serait capable de vous vendre un brin de muguet en plein mois de décembre.
AS Monaco (4-2-3-1) : Subašić – Sidibé, Glik, Jemerson, Jorge – Fabinho, Tielemans – Rony Lopes (Diakhaby, 90e+1), Tielemans, Baldé (Lemar, 66e) – Falcao (Raggi, 85e). Entraîneur : Leonardo Jardim.FC Nantes (4-3-3) : Tătăruşanu – Dubois, Diego Carlos, Pallois (El-Ghanassy, 65e), Djidji – Rongier, Krhin, Touré (Nakoulma, 71e) – Thomasson (Bammou, 80e), Sala, Lima. Entraîneur : Claudio Ranieri.
Résultats et classement de Ligue 1Par Théo Denmat