ACTU MERCATO
Monaco, c’est pas du jeu
Même en alignant ses clinquantes recrues hivernales, l'AS Monaco a sombré au Louis-II (1-5) face à des Strasbourgeois pleins de maîtrise. Ouf, la morale est sauve. Mais pour combien de temps encore ?
Samedi, Monaco s’est à nouveau fait humilier sur son propre dancefloor. Après Guingamp, Montpellier, Paris, Rennes, Angers et Marseille, ce fut au tour des Strasbourgeois de vider le bar de la principauté. Et avec la manière : 5-1. Pourtant, Thierry Henry avait convié ses VIP’s recrutés en janvier, censés aider l’ASM à sortir du bourbier dans lequel elle patauge depuis le début de la saison. Mais rien n’y a fait.
Pire, c’est l’un d’eux, Naldo, qui a éteint la lumière dès la septième minute en se faisant expulser de la soirée. Non sans provoquer un rictus de satisfaction chez les plus anciens suiveurs du championnat de France de football. Ceux qui ont connu le football d’avant 1997, un football sans mercato hivernal, et qui sont d’accord pour dire que ce que fait l’AS Monaco en ce mois de janvier, « c’est pas du jeu » .
Ce CE2 de Fàbregas
Tenter de sauver ce qui peut encore l’être en posant onze millions d’euros sur Fodé Ballo-Touré, en attirant Cesc Fàbregas et Naldo, et en se faisant prêter William Vainqueur – en attendant plus ? – lorsque la concurrence pour le maintien est constituée de Guingamp, Dijon, Amiens, Caen et Angers, « c’est pas du jeu » , comme on l’entend dans les cours de récré lorsqu’une équipe de CE1 aligne un élément venu tout droit du CE2.
La faute à ce satané marché d’hiver, qui réduit considérablement les chances d’un gros poisson de se retrouver pris dans la nasse de la Ligue 2 en fin de saison. Car s’il est souvent qualifié de « marché d’ajustement » , aucun règlement n’empêche une formation en crise de bâtir une nouvelle équipe, tant qu’elle en a les moyens. Et c’est bien cela le problème.
Réglementons ce marché d’hiver !
Le temps où chaque équipe terminait sa saison avec son effectif de départ est désormais révolu, et seuls les plus romantiques croient à son retour. Mais l’instauration d’une règle limitant les transferts hivernaux, dans le simple but d’assister à des compétitions cohérentes, n’aurait rien d’incongru. Par exemple, il ne confinerait pas à la folie d’imaginer un nombre de transactions plafonné à deux ou trois par club (dans le sens des départs comme des arrivées). Ou d’obliger les clubs à ne recruter que dans leur championnat, ou dans des championnats moins bien classés à l’indice UEFA, ou encore dans des divisions inférieures.
Les solutions pour faire de ce mercato d’hiver un véritable « marché d’ajustement » existent, pour peu que la FIFA, armée d’une belle bande de légistes, se penche sur le sujet. Même si cela irait contre le principe de la « glorieuse incertitude du sport, qu’elle tente de réduire au maximum. En attendant, aucune loi n’interdit à un RC Strasbourg sans recrue hivernale d’imprimer sa manita sur le visage tout rouge d’une ASM renforcée, histoire de l’embourber un peu plus. Pour le plus grand plaisir des anciens.
Mathias Edwards