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Monaco : à qui la tête en Principauté ?
Annoncée en vente depuis quelques jours, l'AS Monaco pourrait bientôt quitter les mains du milliardaire russe Dmitry Rybolovlev, après 13 ans d'une relation faite de hauts et de bas. Si rien ne devrait être précipité, cela permettra peut-être au club de prendre un nouveau départ, alors que le projet sportif paraît parfois flou.
Le week-end dernier, Les Échos faisaient état d’une potentielle vente des parts dans l’AS Monaco de Dmitry Rybolovlev (66,67 %). Une information confirmée, mais nuancée par un commentaire du porte-parole du family office de l’homme d’affaires, qui gère son patrimoine : « À la suite de la réception d’un intérêt non sollicité, l’actionnaire majoritaire de l’AS Monaco (le « Club ») a décidé d’initier une procédure afin d’explorer des alternatives stratégiques pour sa participation dans le Club. » Rien qui n’indique une vente hâtive du club, ni une volonté de son propriétaire russe de s’en débarrasser rapidement. Dans l’entourage du milliardaire, on assure d’ailleurs qu’il n’y a pas urgence ni d’intention nette de vente, mais plutôt une volonté d’étudier le marché après avoir reçu des offres concernant un rachat potentiel du club. Quant aux acheteurs intéressés, si rien n’a pour l’instant été communiqué, Les Échos évoquaient un intérêt américain, confirmé à demi-mot par un proche de Rybolovlev.
Le groupe Raine a été mandaté pour agir comme « conseiller financier exclusif » dans cette affaire, alors que le communiqué stipule qu’« aucune garantie n’est donnée quant à la conclusion d’une transaction impliquant le Club à l’issue de cet examen stratégique » et conclut en assurant ne pas vouloir « faire d’autres commentaires sur ce sujet ». Quoi qu’il en soit, le cercle proche de l’actuel propriétaire rassure sur un détachement potentiel, confirmant que le Russe continue de suivre assidûment les matchs de son équipe et de participer aux réunions de direction d’un club qu’il n’a pas abandonné. Le décès d’une des légendes locales, Jean Petit, a pris le dessus sur tout le reste ces dernières heures au sein de l’ASM et les premières informations autour d’une potentielle vente n’ont pas perturbé le groupe professionnel, qui était en repos lundi. Le directeur général monégasque, Thiago Scuro, a tenu à rassurer, en rappelant que cela « ne change ni [leur] quotidien, ni [leurs] objectifs stratégiques ». Ce n’est peut-être que le début d’un feuilleton qui pourrait durer de longs mois.
Un projet inconstant depuis le titre de 2017
Remontée en première division à l’issue de la saison 2012-2013 après un titre de champion de Ligue 2, l’AS Monaco entame cette année sa onzième campagne consécutive dans l’élite. Sur les dix dernières saisons de Ligue 1, le club monégasque se classe en moyenne à la 4,9e position (pour être très précis). Un classement moyen partagé avec l’OM (4,9), mais en deçà des résultats de l’OL (4,5). L’ASM se classe toutefois devant des clubs comme Lille (6,7) ou Rennes (6,9), et évidemment loin derrière le PSG (1,2). Avec ses sept podiums accrochés, Monaco figure donc dans le haut du panier depuis une décennie en France. Sans pour autant laisser une trace indélébile.
Le titre décroché en 2017 a évidemment marqué les esprits, mais les finales perdues (Coupe de la Ligue 2017 et 2018, Coupe de France 2021), toutes face à Paris, font certainement peser la balance du mauvais côté de l’héritage. Pourtant, le club princier a empilé les joueurs frissons. James Rodriguez, Radamel Falcao, Kylian Mbappé, Aleksandr Golovin ou Aurélien Tchouaméni plus récemment restent tous dans l’imaginaire collectif. Entre barrages perdus et championnats en dents de scie, l’absence de la Ligue des champions depuis 2019 a certainement fait oublier – toutes proportions gardées – la demi-finale de 2017 lors d’une édition où Monaco a tout de même sorti le Manchester City de Pep Guardiola.
Des hommes de passage
Depuis 2015, Monaco a aussi dû revoir ses ambitions financières à la baisse, se retrouvant bloqué par des revenus de billetterie et marketing trop faibles pour compenser son train de vie dépensier. De Claudio Ranieri, débarqué en 2014, à Adi Hütter, arrivé cet été, huit coachs (dont Leonardo Jardim deux fois) ont opéré sur le banc monégasque. Plus haut, depuis le départ de Vadim Vasilyev en février 2019, difficile de trouver un chef de file en Principauté pour incarner l’institution. Paul Mitchell, remplacé cet été par le duo Thiago Scuro (directeur du football)-Carlos Aviña (directeur sportif) n’a pas laissé une trace mémorable, alors que ses successeurs vivent tapis dans l’ombre.
Actuellement quatrième de Ligue 1, Monaco avance en silence, malgré des résultats en berne depuis quelques matchs et après un début de saison tonitruant. Le projet sportif semble osciller entre haut de tableau et les bonnes opportunités de marché, à l’image des recrues des dernières années. L’arrivée d’un nouveau propriétaire pourrait mettre un coup à l’identité monégasque, faisant du club un jouet passant de milliardaire à milliardaire, comme elle pourrait mettre un coup de pied dans la fourmilière et lancer une nouvelle ère à laquelle il faudra donner une chance. Scuro, lui, est un homme du présent et rappelle l’« objectif de podium en championnat pour que le club retrouve la Ligue des champions » ou encore le souhait « d’aller le plus loin possible en Coupe de France ». Le terrain reste plus important que les coulisses, en tout cas pour l’instant.
On connaît la date du Trophée des championsJulien Faure