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Monaco 2017 vs ASM 2000
Attaquants charismatiques, milieux complets, ailiers rapides, équipe sexy, organisation en 4-4-2, verticalité... L’équipe princière championne de France cette saison présente de fortes similitudes avec celle qui avait été sacrée il y a dix-sept ans. Mais certaines différences majeures sont à relever.
D’un côté, un onze Fabien Barthez – Willy Sagnol, Philippe Christanval, Rafael Márquez, John Arne Riise – Ludovic Giuly, Sabri Lamouchi, Costinha, Marcelo Gallardo – David Trezeguet, Marco Simone. De l’autre, une équipe Danijel Subašić – Djibril Sidibé, Kamil Glik, Jemerson, Benjamin Mendy – Bernardo Silva, Fabinho, Tiémoué Bakayoko, Thomas Lemar – Kylian Mbappé, Radamel Falcao. Deux teams monégasques qui ont roulé sur le championnat de France avec la meilleure attaque de l’Hexagone. Deux teams qui ont enchanté le pays, chacune à son époque. La première en 2000. La seconde dix-sept ans plus tard.
Une force identique ?
Voilà pour les points communs principaux. Mais ces derniers ne s’arrêtent pas là. Sans essayer de savoir quelle est la plus forte (cela n’aurait d’ailleurs pas vraiment de sens en sachant que le football a eu le temps d’évoluer en près de deux décennies), l’ASM 2000 et l’ASM 2017 présentent pas mal de similitudes. Dans l’aspect tactique, déjà. « Le Monaco d’aujourd’hui ressemble au Monaco de 2000 dans les phases de transition défensive/offensive, décrit Bruno Irles, champion avec le club princier en 2000. Comme aujourd’hui, on était très forts pour se projeter rapidement vers l’avant. Bon, ce Monaco est meilleur que nous à l’époque parce qu’ils vont plus vite, on ne va pas se le cacher. Silva, Lemar ou Mbappé sont très bons pour contre-attaquer. » Paradoxalement, c’est dans ce parallèle qu’on peut trouver une différence fondamentale. « Il y avait plus de qualité technique dans l’axe chez nous, notamment à la relance, reprend Irles, qui a entraîné les jeunes de la Principauté (dont certains font actuellement partie de la première) entre 2005 et 2014. Aujourd’hui, Monaco ne construit pas de derrière comme Paris peut le faire. S’il y a un soupçon de pressing, ça balance. L’ASM préfère défendre, puis aller vite vers l’avant. »
Márquez n’est pas Glik
Un constat qui s’explique par le foot actuel, faisant la part belle à l’intensité et à la verticalité. Au détriment, parfois, de la possession. « On a relativement remplacé la technique par la vitesse. Car Glik et Jemerson n’ont pas la qualité de relance que présentaient Márquez et Christanval. Même le jeu au pied de Barthez était impressionnant. La première relance en 2000 était plus « parisienne », précise encore l’ancien entraîneur des U17 du club princier. On avait donc un peu plus la possession. De même, les latéraux jouent plus haut, et Lemar ou Silva sont beaucoup plus rapides que Gallardo. » Pourtant, les schémas tactiques sont les mêmes sur le papier. Un 4-4-2 dans lequel le duo Fabinho-Bakayoko vaudrait la doublette Costinha-Lamouchi devant la défense, où les flèches Lemar-Silva correspondraient aux galants Giuly-Gallardo sur les ailes, et qui verrait le binôme Mbappé-Falcao se calquer sur les romantiques Simone-Trezeguet devant. Deux paires d’attaquants fabriquant d’ailleurs une ASM sexy qui plaît à tout le monde, même si Irles estime que l’opération séduction doit d’abord son succès au nom de Monaco, « un club qui n’est pas clivant » .
Jardim et Puel, les jeunes au pouvoir
Quid de l’esprit de groupe, qui dans les deux cas a permis au Rocher de former une petite famille plus qu’une simple équipe ? « Mouais… Quand on gagne, un groupe s’entend généralement bien, donc ce n’est pas le point que je mettrais en avant, répond Irles, pas convaincu. En revanche, il ne faut pas oublier qu’on a eu affaire à des effectifs qui défendaient ensemble. Comme nous en 2000, tout le monde s’est senti concerné cette saison. » C’est là où Claude Puel, coach monégasque il y a dix-sept ans, et Leonardo Jardim peuvent être satisfaits. Chacun à leur manière, les deux techniciens ont su proposer un jeu flamboyant sans omettre les obligations défensives. Le tout en formant un bon mix entre des jeunes joueurs et d’autres éléments expérimentés. Ce qui reste la spécialité de Puel. Irles : « Oui, Claude a ça en lui. Il a toujours aimé lancer de jeunes pousses. Pour Jardim, c’est moins flagrant. Est-ce qu’il ne fait pas tout simplement jouer les meilleurs ? Il est obligé d’aligner Lemar, Bakayoko et Mbappé aujourd’hui. Mais il a su lancer lui aussi ces jeunes, qui est une qualité de Claude. » À l’époque, Puel était resté après le titre, mais avait perdu Trezeguet, Lamouchi et Barthez. Comme si le Monaco actuel repartait avec Jardim et vendait Mbappé, Bakayoko et Subašić. Alors, on signe ?
Par Florian Cadu
Tous propos recueillis par FC.