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Monaco 2005, Monaco 2015 : même combat ?
Il y a dix ans, l'AS Monaco se présentait face au Betis Séville pour tenter d'arracher sa place en Ligue des champions une troisième saison de rang. Ce mardi, l'ASM de Leonardo Jardim tentera contre le FC Valence de faire mieux que celle de Didier Deschamps. En 10 ans, qu'est-ce qui a changé en Principauté ?
Les capacités financières
Lorsque l’AS Monaco prend un contre égalisateur du Bétis en toute fin de match le 24 août 2005, Didier Deschamps sait déjà à quoi s’en tenir, notamment à « des conséquences sportives et économiques » . Car cette équipe de Monaco a beau être supportée par le prince Albert, ses capacités financières ne sont pas extensibles, et la perte de la manne financière de la Ligue des champions devient un problème. Alors que le club a perdu plusieurs joueurs à l’intersaison, l’élimination face à Séville (0-1, 2-2) pousse la direction monégasque à avorter ses achats, car selon Gérard Brianti, le vice-président en charge des transferts, « recruter se justifie moins » sans la C1. Dix ans plus tard, l’AS Monaco n’a pas forcément à craindre une élimination contre le FC Valence : son recrutement est déjà quasiment bouclé dans le sens des arrivées, seuls Layvin Kurzawa et Aymen Abdennour peuvent se faire la malle en cas d’offre impossible à refuser, pas par nécessité économique. À part une perte de marge de manœuvre en raison du fair-play financier, l’ASM ne devrait pas être perturbée outre mesure : ses jeunes éléments peuvent prendre autant de valeur, voire plus en cas de gros parcours en Ligue Europa.
Fin de cycle contre nouvelle dynamique
Lorsque l’AS Monaco se fait bouter hors de la Ligue des champions par le Real Bétis, le club princier vient de connaître quelques-unes de ses plus belles heures de gloire. Avec la finale de Ligue des champions 2004 tout d’abord, un parcours qui a vu la bande à Didier Deschamps atomiser le Deportivo La Corogne – alors un poids lourd européen – 8-3 en poules, puis sortir le Real Madrid et Chelsea sur la route d’une finale perdue sans appel contre le Porto de José Mourinho (0-3). La saison suivante, l’ASM goûte de nouveau à la seconde phase de la C1, mais se fait sortir dès les 8es par le PSV Eindhoven. La magie a quitté le navire, le dernier relent ayant permis d’humilier une nouvelle fois La Corogne au Riazor (0-5). Mais la sortie de route en barrage contre le Betis Séville en août 2005 est comme un chant du cygne : une belle prestation, pleine d’intensité et de bonnes intentions, mais sans réalisme. Dans la foulée, le club patauge en Ligue 1 et Didier Deschamps, qui entame alors sa cinquième saison sur place, quitte le club à l’automne, alors que le président Michel Pastor assurait fin août qu’il « n’était sûrement pas menacé » . Son remplaçant, Francesco Guidolin, ne fait pas mieux qu’une dixième place en Ligue 1 et un seizième de C3 contre le FC Bâle, ouvrant par là même une période de vache maigre : le club ne remontera plus au-dessus de la 8e place avant 2013-2014 et ne disputera plus la moindre Coupe d’Europe avant 2014-2015. Dix ans plus tard, une telle mésaventure semble peu probable – sauf malencontreux accident sur un parking de supermarché désert à 3h du matin pour Dmitri Rybolovlev -, car l’AS Monaco apparaît en début de cycle. Là où le Monaco de Deschamps avait atteint son sommet – la finale de Ligue des champions – celui de Leonardo Jardim n’entame que sa seconde campagne européenne avec une équipe essentiellement constituée de joueurs en devenir.
Les effectifs
À l’aube de la saison 2005-2006, l’AS Monaco a perdu la plupart de ses héros de l’épopée 2004 : Ludovic Giuly est parti à Barcelone, Édouard Cissé et Jérôme Rothen au PSG, Fernando Morientes à Liverpool. Même Dado Pršo et Julien Rodríguez (Rangers) se sont fait la malle. Venus pour compenser ces départs, Javier Saviola (Séville) et Mohamed Kallon (Al-Ittihad) sont déjà repartis à l’intersaison, la queue entre les jambes comme Shabani Nonda. Héros de la demi-finale contre Chelsea en 2004, l’ancien buteur du Stade rennais sort d’une saison blanche et se barre en fin de contrat à l’AS Roma. Autant dire qu’à Monaco à l’été 2005, cela sent le moisi et les tentatives de recyclage foireuses avec les arrivées de Gerard (Barcelone), Olivier Kapo (Juventus) ou encore Camel Meriem (Bordeaux). Ce dernier ratera d’ailleurs un penalty crucial contre le Bétis au retour. Après l’échec européen, l’ASM perdra d’ailleurs ses derniers bijoux de famille : Patrice Évra (Manchester United) et Emmanuel Adebayor (Arsenal) se barreront à l’hiver, quand Sébastien Squillaci aura la décence d’atteindre juin pour répondre aux avances de l’Olympique lyonnais.
Dix ans plus tard ? Contrôlée par le fair-play financier, l’ASM a certes continué sa nouvelle politique de ventes au prix fort de ses meilleurs hommes, mais a réinvesti de manière prometteuse en retour. Geoffrey Kondogbia a ainsi été vendu plus de 40 millions à l’Inter Milan, Yannick Ferreira Carrasco près de 20 à l’Atlético Madrid, quand Radamel Falcao a été casé à Chelsea. Rayon arrivées, Monaco a misé sur les prometteurs Adama Traoré (Lille), Thomas Lemar (Caen), Gabriel Boschilla (São Paulo), Ivan Cavaleiro (Benfica), tout en tentant des paris audacieux avec Stephan El Shaarawy (Milan AC), Farès Balhouli (Lyon) ou Guido Carrillo (Estudiantes). Le tout en ayant conservé quelques belles valeurs marchandes comme Anthony Martial, João Moutinho, Bernardo Silva, Aymen Abdennour ou Layvin Kurzawa. À moins que la direction monégasque ne décide de lancer les soldes à partir de mercredi ? Vadim Vasilyev a jusqu’à présent assuré le contraire.
Par Nicolas Jucha