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Mon père spirituel
Nampalys Mendy et Claudio Ranieri, c’est une histoire d’amour qui remonte à la Ligue 2 et l’AS Monaco. Le « Mister » avait fait de « Papy » son titulaire lors d’une folle saison en deuxième division ponctuée par un titre de champion et une montée. Dans la foulée, le milieu de terrain avait préféré rejoindre Nice, au grand désarroi de l’Italien. Cet été, le milieu a retrouvé son entraîneur à Leicester. C’était écrit.
« Dès que je l’ai découvert en vidéo, je me suis dit : c’est notre Makelele » . La comparaison date de mai 2013. Son auteur s’appelle Claudio Ranieri, vieux filou des bancs européens et proche d’un sacre avec l’AS Monaco alors en Ligue 2. L’Italien va être sacré champion de France de deuxième division et s’extasie sur un petit bonhomme de 20 ans d’un mètre soixante-huit répondant à l’identité de Nampalys « Papy » Mendy. Trois ans plus tard, « Papy » vient de retrouver Ranieri en Angleterre, à Leicester le récent champion d’Angleterre. « Si j’ai rejoint Leicester, c’est en grande partie pour lui, confiait d’ailleurs le joueur dans les colonnes L’Équipe lors de sa signature. Il me connaît et il sait comment me faire progresser. Il avait déjà parfaitement su le faire à Monaco. » Cet échange de câlins cache pourtant une part sombre, comme dans toutes relations amoureuses. Pendant trois ans, soit l’interlude niçois du milieu de terrain, le couple a battu de l’aile. La faute à cette rupture, en mai 2013, jamais vraiment digérée par l’entraîneur italien. Rembobinons un peu le cours de la vie. Printemps 2013, l’AS Monaco vient de valider son ticket pour la Ligue 1 et s’apprête à braquer Falcao, James, João Moutinho et Toulalan. C’est un secret de polichinelle sur le Rocher. Mais il faut également composer avec les éléments en place et notamment les jeunes du cru. Formé au club, « Papy » Mendy est en fin de contrat et s’interroge sur les contours de sa carrière.
« Il va passer à côté de quelque chose d’énorme. Il ne sait pas, il est trop jeune »
Ranieri le sait depuis un moment et s’en était ouvert dans les colonnes de Nice-Matin quelques semaines plus tôt : « Quand je lui ai demandé (s’il partait), il ne m’a pas dit qu’il allait partir mais qu’il réfléchissait. Je lui ai dit : « Je vais te parler comme un père à son fils. Pourquoi veux-tu t’en aller ? Monaco arrivera au très haut niveau. Je ne sais pas dans combien de temps mais le club y arrivera. Alors pourquoi partir ? Si tu joues, c’est que tu es bon, que je t’estime. Tu as un entraîneur qui t’apprécie et tu as l’opportunité d’aller jusqu’en Ligue des champions avec moi. Est-ce que tu as peur de ne pas jouer tous les matchs ? Tu pourras faire 3 ou 4 ans dans un autre club mais ici, tu peux prendre le train vers le très haut niveau. C’est à toi de décider » » . Nampalys Mendy a décidé. C’est Nice. Un crève-cœur pour son coach qui ne gâche pas sa déception en fin de championnat : « Il va passer à côté de quelque chose d’énorme. Il ne sait pas, il est trop jeune » . Entre les deux hommes, un respect teinté de déception.
Mendy estimait qu’il ne rentrait plus dans les plans du nouveau projet monégasque. Ranieri se sent un peu trahi par un garçon à qui il vient d’offrir une saison pleine dans le XI de départ de l’ASM. Dès sa prise de fonction, l’Italien est tombé sous le charme du petit milieu. Ainsi, en octobre 2012 il assume son amour : « Je l’aime parce qu’il attaque, il est très agressif à la récupération et il touche beaucoup de ballons » . Pourtant flotte déjà dans l’air l’inéluctable, le futur départ : « L’important pour lui est de rester calme, et de rester ici, avec un coach qui l’apprécie. J’ai vu trop de joueurs partir et disparaître » . Malgré la séparation, Ranieri va garder un œil sur son ancien poulain. L’été dernier, fraîchement nommé à la tête de Leicester, l’Italien coche un nom tout en haut de sa short list mercato. C’est Mendy. Nice et Puel n’ouvriront jamais la porte. Mendy, lui, a hésité. Longuement. Les Foxes se sont finalement tournés vers N’Golo Kanté. Un an plus tard, un titre de champion d’Angleterre au CV, Ranieri a retenté sa chance. Cette fois, la porte s’est ouverte. Les deux hommes vont de nouveau bosser ensemble.
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