- International
- Match amical
- Arménie/France (0-3)
Moins Bleus que tes yeux
Pas toujours créatifs offensivement et plutôt fébrile défensivement, les joueurs de l'équipe de France sont venus à bout de l'Arménie au terme d'un rencontre sans réel rythme et donc, sans véritables enseignements.
L. Rémy (6′), A. Gignac (55′), A. Griezmann (82′) pour France.
Vu que le poids et l’ennui lui courbent le dos, Didier Deschamps est assis. De son banc de touche, il peut contempler le chantier qu’il lui reste jusqu’à l’Euro 2016. Si la misère est moins pénible sous les 16 degrés d’Erevan, le sélectionneur de l’équipe de France sait bien que son escouade peut mieux faire. Usée par les accélérations de l’hyper-milieudeterrain Sarkisov, l’arrière-garde tricolore inquiète, tandis qu’avec ses maigres idées, l’attaque peine à se projeter en haut de l’affiche. S’ils se sont finalement imposés 3 à 0 au terme d’une rencontre aussi triste que Venise, les Bleus quittent l’Arménie en laissant là cette rencontre, sans aucun remords.
Défense fragile, attaque frigide
Hier encore, André-Pierre Gignac avait 20 ans et quelques kilos en plus. Hier, c’était il y a très exactement cinq ans, jour de son dernier but pour l’équipe de France. S’il a eu ses emmerdes depuis, l’attaquant marseillais, titularisé par Didier Deschamps, ne se laisse pas aller. Très actif sur le front de l’attaque, APG profite du relâchement de l’étreinte arménienne et d’une merveille d’ouverture de Jérémy Mathieu pour filer au but. Si le contrôle est bon, la frappe écrasée rappelle que Dédé a récemment été à l’ombre du show business et du Vélodrome. Mais quand on est en pleine bourre, ce genre de loupé se transforme en passe décisive pour un Loïc Rémy opportuniste qui ouvre le score malgré une bonne entame du onze arménien. Costauds dans l’intensité et emmenés par une bonne doublette Sarkisov Pizzelli, les locaux font mal à la défense française, excepté Varane, toujours aussi formidable. L’arrière-garde des Bleus, en galère à la relance et sur les côtés, se fait d’ailleurs très peur sur une accélération de Marcos Pizzelli, mais voit son tir détourné par Mandanda. Émoussé physiquement, le onze arménien baisse le pied et Gignac en profite pour donner un excellent ballon en profondeur à Loïc Rémy. L’ancien Phocéen glisse sur son contrôle, mais parvient à enrouler un ballon qui s’en va heurter le poteau de Berezovsky. Ni ça, ni les bons corners de Payet, intéressant ce soir, ne permettent à des Bleus moyens de faire le break.
Gignac, cinq ans plus tard
Qui dit match amical dit pluie de changements. La physionomie du match, elle, reste la même. Entre tristesse, tacle et décrassage. Le début de second acte est arménien, mais la frappe de Mkrtchyan ne rencontre pas plus de succès que le missile de Gignac quelques minutes plus tôt. Bien décidé à rompre le mauvais sort après cinq ans d’abstinence, le meilleur buteur de Ligue 1 profite d’un rush extraordinaire de Paul Pogba dans la surface, façon U19 contre les U13, pour s’emparer du ballon et botter tranquillement un pénalty à forte valeur sentimentale. Côté français, Cabella entre en jeu tandis qu’en face, on se la joue stratégique en faisant entrer Kasparov dans les buts. Échec et mat pour le quatrième arbitre dont le panneau cassé oblige Didier Deschamps à crier pour annoncer les entrées de Mathieu Valbuena et d’Antoine Griezmann. Ce dernier, parfaitement lancé par André-Pierre Gignac, file seul aux buts à dix minutes de la fin de la rencontre. D’un crochet assassin, le Madrilène efface Kasparov et pousse tranquillement la balle dans le but pour le 3-0. L’affaire est dans le sac. Mais si les supporters arméniens étaient venus voir les magiciens, ils peuvent être déçus. Les musiciens, eux, ont fait le minimum : 1h45 de concert et un rappel dont on se passera sans aucun doute.
Par Swann Borsellino